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Histoire de l’eau potable à Venise – 2° partie

Publié le 04 juillet 2013 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Lorsque nous avons publié notre article sur l

Claudio

Avant c’était en général de l’eau de pluie qui alimentait les pozzi de la cité…. Ce serait sympa de développer cet article…. combien de temps les travaux ont duré? Par où passent les canalisations qui alimentent la ville? Par quelles sources et quelles nappes phréatique sommes nous approvisionnés?… J’avoue ne pas trop le savoir…. Toi, le champion des synthèse, pond-nous un bel article là-dessus….
Bien à toi

Hier, nous avons vu comment les vénitiens ont, pendant des siècles, capturée et conservée l’eau de pluie pour leur usage domestique. Jusqu’à ce qu’une compagnie française apporte à Venise ce qui fut une véritable révolution technologique.

Un décret impérial de Napoléon III crée, le 14 décembre 1853, la Compagnie Générale des Eaux, à Lyon. En 1880, cette compagnie crée sa première filiale à l’étranger, la Compagnia Generale delle Acque (CGA) suite à la signature d’un contrat, l’année précédente, avec la ville de Venise pour son approvisionnement en eau potable courante.

23 Juin 1884, l'eau potable arrive à Venise !

La concession de Venise est inaugurée le 20 juin 1884 avec tout le faste de la Sérénissime, pour l’occasion, une fontaine à même été installée sur la piazza.

Inauguration de la concession place saint-Marc le 20 juin 1884

Les premiers travaux se sont en réalité achevés en 1886, et ont donc duré moins de six ans… avant de se poursuivre encore longtemps.

Mais il faut compter que, bien avant la création de la CGE en France, les vénitiens avaient réalisé des études préalables, et ce dès 1841.

Pour la fin du XIXème siècle, c’est un chantier colossal qui a permis aux vénitiens d’avoir l’eau, chez eux, d’un simple geste, au bout d’un robinet. Le coût total de ce grand chantier fut de 4,600,000 de Lires.

Pour amener l’eau à Venise  la nouvelle compagnie à créé un nouvel aqueduc qui puise dans les eaux calmes de la rivière Brenta. La Brenta était, à l’époque, réputée pour l’excellente qualité de ses eaux, diagnostic clairement établi par les plus grands chimistes et les médecins de l’Université de Padoue et de l’Académie de médecine de Paris.

Pour la conception et la réalisation de cet ouvrage d’art, on a fait appel aux compétences des meilleurs techniciens et travailleurs italiens et français.

Planimétrie générale de l'Acqueduc de 1884

Ci-dessus, sur le plan général de l’aqueduc on peut voir :
La prise d’eau sur la Brenta à Stra, d’où l’eau était transportée par une conduite dans le sous-sol, sous le canal navigable de la Brenta, puis par le vieux canal ouvert Seriola Veneta qui amenait l’eau au centre de filtrage et à l’usine de mise en pression, avant le passage, dans une conduite, en dessous de la lagune.
L’eau arrivait à Venise près de Sant’Andrea, Stazione Marittima, où elle était stockée dans un gros réservoir (20.000 M²) et mise sous pression pour sa  distribution dans tout Venise.

L’aqueduc de Venise se composait alors ainsi :

a) La prise d’eau sur la Brenta et le raccordement au canal Seriola Veneta du XVIème siècle.

Ecluse de prise sur la Brenta

La dérivation de l’eau pour l’aqueduc a été créée à Stra, en amont d’une digue, qui a fourni des niveaux suffisants de hauteur d’eau, même en cas de sécheresse.
Sa bouche de capture, en maçonnerie était sur le talus gauche de la Brenta.

Canal de dérivation sur la Brenta

Le canal a été muré et recouvert avec un siphon puis passait en souterrain près du canal de la Brenta. Une dérivation se reconnectait à l’aval du barrage, avec évacuation des eaux, utilisée pour le nettoyage régulier du canal.

Détail du siphon

Ce canal en maçonnerie mesurait 520 mètres entre les deux vannes (une de capture et une de décharge).
Puis, l’eau arrivait dans un canal ouvert d’une longueur de 7 kilomètres jusqu’à Dolo où il rejoignait directement l’ancien canal Seriola Veneta du XVIème siècle, pour continuer en direction de Venise.

b) Les bassins filtrants à la fin du canal Seriola Veneto à Moranzani, et la machinerie pour envoyer l’eau sous la lagune.

Les bassins filtrants à la fin du canal Seriola Veneto à Moranzani

L’eau de la Brenta a été jugé d’excellente qualité, mais souvent troublée par des particules de limon et d’argile en suspension, une partie de ces sédiments se sont déposés en chemin le long du canal Seriola, mais pour un maximum de limpidité les concepteurs avaient prévu une station de filtrage artificiel de l’eau.

Ceci avant que avant que les eaux partent poursuivre leur voyage dans la lagune, avant d’entrer dans le grand réservoir de Venise et dans les maisons des Vénitiens.

Le système de filtrage composé de quatre bassins mis en communication entre eux deux par deux, se compose d’une couche de 80 cm de sable pur (provenant des dunes du Lido, à Quattro Fontane), de 60 cm de gravier et de 40 cm de galets de rivière pour faciliter l’écoulement.

Le collecteur de l’eau filtrée rejoignait un bâtiment voisin, dans lequel étaient installées les machines pour donner à l’eau la pression nécessaire pour qu’elle arrive au grand réservoir de Venise, en passant dans le pipeline sous la lagune.

Salle des machines de Moranzani

La pression de l’eau a été obtenue en utilisant une turbine système Girard.

Salle des machines de Moranzani

c) Le pipeline sous la lagune

Le pipeline sous la lagune

C’est un pipeline de fonte d’un diamètre de 80 centimètres et d’une longueur de 6.400 mètres qui à été construit pour traverser les marais côtiers et la lagune Venise.

Le pipeline sous la lagune

Le tuyau a été enterré et ancré par des poutres de mélèze, fixé sur des poteaux en mélèze également, ce bois ayant été choisi pour sa remarquable résistance à l’eau.

Le pipeline sous la lagune

Les morceaux de tubes, d’une longueur de 4 mètres, protégés par une couche de bitume végétal, ont été reliées entre eux avec de la corde de chanvre et de plomb fondu. Généralement on a travaillé à sec, dans des pièges d’où l’eau avait été enlevée. Mais dans certains endroits, il a été impossible de réaliser ce type d’installation et on a du faire travailler des plongeurs.

23 regards, répartis tout le long de la conduite sous la lagune, ont été construits. Comme ils affleuraient le niveau de l’eau, ils étaient protégés par des palisses, pour éviter les chocs avec les barques. Ces regards permettaient de mettre à sec l’un ou l’autre des portion pour les besoins de l’entretiens de l’aqueduc.

Regards

Pour la traversée de la place en face de la Stazione Marittima le tube passe à l’intérieur d"une galerie spéciale en maçonnerie.

Traversée de la place en face de la Stazione Marittima

d) Le bassin de stockage et la machinerie pour mettre l’eau en pression pour sa distribution dans tout Venise.

Après ce premier gros chantier, les travaux d’adduction d’eau dans Venise et sa lagune ont continué… en 1890 toute la ville de Venise était raccordée à l’aqueduc.

Le 11 juin 1900 l’aqueduc était enfin raccordé au Lido.

Ils se prolongèrent ainsi jusqu’en 1921. De nos jours, si les installations ont été plus ou moins modernisées, le schémas général reste identique. Quand à la Compagnia Generale delle Acque, depuis 2005, elle est devenue Veolia Acqua.

Pour tout savoir sur l’aqueduc de Venise :

L’Acquedotto di Venezia : studi, progetti, lavori dal 1841-1923
Auteur : Sergio BarizzaÉditeur : Marsilio, 1984 – Venezia.
L'ACQUEDOTTO DI VENEZIA Studi progetti lavori dal 1841 al 1923 MARSILIO 1984

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