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« Les innovateurs doivent garder à l'esprit que l'idée originelle n'est pas l'idée rendue »

Publié le 04 juillet 2013 par Pnordey @latelier

Les entrepreneurs ne doivent pas avoir peur d'innover ni de se lancer. Mais pour une plus grande réussite, c'est aux grands groupes de faire le premier pas et surtout aux mentalités de changer...

A l'occasion du France Digital Day 2013, rencontre avec Gaël Duval, président de jechange.fr, comparateur de services en ligne.

L'Atelier : Pensez-vous qu'il existe un moment propice pour les jeunes entrepreneurs de se lancer et de concrétiser une idée ?

Gaël Duval : Je ne pense pas qu'il existe réellement de bon moment. Bien sûr, avant de se lancer, il faut se demander s'il y a de la place. Car si le marché est encombré, apporter un projet avec de la valeur ajoutée semblera beaucoup plus difficile. Il faut donc toujours garder en tête que l'on est jamais vraiment tout seul à travailler sur une bonne idée. Il s'agit alors d'intégrer cette notion de « time to market » et puis par dessus tout, il ne faut surtout pas hésiter.

Pensez-vous que les startups ont plus de chance de réussir grâce aux grands groupes ou est-ce mieux de réussir seul ?

Les grands groupes ont en effet les cartes en main pour favoriser de manière durable le développement des PME. On peut prendre pour exemple l'Allemagne où les PME sont douze fois plus grosses qu'en France. La raison derrière cela ? Les grands groupes allemands ont bien intégré le fait que c'est à eux d'aller vers des entreprises plus petites et non l'inverse. Ainsi, ils peuvent utiliser les compétences de ces dernières et celles-ci peuvent profiter de l'expérience et du nom des grands groupes.

Lors de la conférence vous avez dit « Les professionnels de l'innovation sont morts ». Qu'entendez-vous par cela ?

On est passé d'un monde vertical et figé à un modèle horizontal. Aujourd'hui, l'interaction entre l'usage et l'idée est tellement forte, et l'accès au savoir étant disponible à tous, il n'y a plus de frontière. Prenons l'exemple du créateur de Youtube. En rentrant de vacances et en se rendant compte qu'il n'existait pas de système de partage de vidéo pour les montrer à ses amis, celui-ci a eu l'idée de créer ce site. L'innovation appartient donc à tout le monde et aujourd'hui même quelqu'un dans son garage a accès au savoir et peut avoir une idée géniale. On ne peut donc plus parler de « professionnels » de l'innovation.

Vous avez également parlé de l'acceptation de l'échec et de ne pas en avoir peur. Pouvez-vous revenir sur ce point ?

La pire des situations, à mon avis, c'est d'avoir une idée comme certitude et de refuser de la voir évoluer. Les innovateurs qui envisagent de se lancer doivent garder en tête le fait que l'idée trouvée à l'origine n'est jamais en fin de compte l'idée rendue. Au départ, on a une idée, puis celle-ci devient une technologie qui devient ensuite un produit et peut-être enfin un marché. Mais entre temps, beaucoup de choses peuvent se passer. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas avoir peur de l'échec car de l'idée à la rupture, il y a souvent l'échec.

Pensez-vous qu'il est plus difficile en France qu'ailleurs de se lancer quand on est une startup ?

Tout dépend du point de vue qu'on adopte. La situation est plus agréable en France que dans trois quart des autres pays du monde. Mais si on se place par rapport à certains autres pays occidentaux, la France semble à part. Il y a en effet deux points principaux que les Français doivent améliorer : la confiance en soi, et le rapport à l'argent. En France, il existe une certaine phobie de l'échec qui semble handicapante et qui empêche un grand nombre d'innovateurs de se lancer. Mais cela remonte au système scolaire français qui pénalise, à l'inverse de celui aux États-Unis qui ne condamne pas l'échec. Ceci associé à une fiscalité instable fait que la France est en deçà de ses capacités. Il faudrait donc créer un environnement moral propice à l'innovation sinon ça ne marchera pas.


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