Minority Report

De : Steven Spielberg.
Avec : Tom Cruise, Colin Farrell, Samantha Morton, Max von Sydow, Kathryn Morris, Peter Stormare, Steve Harris, Patrick Kilpatrick, Daniel London, Mike Binder, Lois Smith, Jessica Harper...
Genre : Thriller - Fantastique.
Origine : États-Unis.
Durée : 2 heures 25.
Date de sortie : 2 octobre 2002.
Synopsis : A Washington, en 2054, la société du futur a éradiqué le meurtre en se dotant du système de prévention / détection / répression le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au cœur du Ministère de la Justice, trois extra-lucides captent les signes précurseurs des violences homicides et en adressent les images à leur contrôleur, John Anderton, le chef de la "Précrime" devenu justicier après la disparition tragique de son fils. Celui-ci n'a alors plus qu'à lancer son escouade aux trousses du "coupable"...
Mais un jour se produit l'impensable : l'ordinateur lui renvoie sa propre image. D'ici 36 heures, Anderton aura assassiné un parfait étranger. Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Son seul espoir pour déjouer le complot : dénicher sa future victime ; sa seule arme : les visions parcellaires, énigmatiques, de la plus fragile des Pré-Cogs : Agatha.
Bande annonce française
"- Cette boule pourquoi vous l'avez rattrapée ?
- Parce qu'elle allait tomber.
- Vous en êtes sûr ?
- Oui.
- Pourtant elle n'est pas tombée.
- Puisque je l'ai rattrapée...
- Alors en la rattrapant vous avez empêché que cela arrive... Pourtant vous en étiez sûr."


Steven Spielberg + Tom Cruise + thriller fantastique = Impossibilité pour moi de ne pas voir "Minority Report". C'est à peu de choses près ce que je me disais avant de découvrir à l'époque ce film en salles. Depuis, la claque à été si énorme pour moi que ce long métrage compte parmi mes films préférés et que je ne me lasse jamais de le revoir tant je le trouve excellent. Au moment d'écrire ses lignes, c'est donc sans aucune objectivité que je m'y attèle.
Faut dire aussi que ce film est pour moi une véritable tuerie cinématographique à commencer par son scénario écrit par Jon Cohen d'après l’œuvre de Philip K. Dick. Sans aucun recul, c'est avant tout un thriller que je trouve palpitant. J'ai beau l'avoir vu plusieurs fois, je suis toujours autant pris dans cette intrigue. Bien sûr une fois que l'on en connait l'issue il n'y à plus de surprises et différents éléments nous montre à quel point cette fin est assez logique au final (ou du moins le rebondissement final car la fin est sujette à plusieurs théories : Rêve ou réalité ?) mais je me rappelle très bien m'être quand même fait dupé la première fois et ne pas l'avoir deviné (même si comme le personnage de John Anderton, je me suis demandé comment ça se faisait que j'étais passé à côté de ça).
Faut dire aussi que cette intrigue ne nous laisse pas souffler. Non pas qu'il n'y ait que des scènes d’action (ses dernières sont assez efficaces d'ailleurs) mais le rythme reste soutenu et il se passe toujours quelque chose à l'écran. Pris au jeu, tout comme John Anderton j'ai alors voulu mener l'enquête, tacher de savoir qu'est ce qui à pu se passer, qu'est ce qui va se passer tout en analysant les maigres indices à notre disposition. Pourtant encore une fois, la révélation finale est une évidence, on ne nous la cache presque pas tant tous les indices convergent dans cette direction mais en semant différentes graines et en proposant une réflexion assez intéressante sur un tel futur, le film réussi à nous écarter de cette révélation jusqu'à la fin en nous faisant prendre d'autres chemin.
Car si le thriller fantastique est très agréable à suivre, c'est aussi la réflexion sur notre société que j'ai aimé suivre. Pour son premier film après les attaques du 11 septembre 2001 à New-York, Steven Spielberg nous offre une thèse convaincante sur le libre arbitre et sur ce qu'il est bon ou non de faire au nom de la justice. Peut on priver de liberté quelqu'un qui n'a commis aucun meurtre mais qui l'a juste pensé ? Quelle place donner au libre arbitre et au choix de changer son avenir ? Une société autoritaire est elle un si bon exemple que ça ? Peut on exploiter un être humain uniquement dans le but d'en sauver d'autres ? Quelle pouvoir peut on vraiment donner aux autorités ? Comment réagir après la perte d'un enfant ? Jusqu'où peut aller notre identification ? etc etc C'est autant de questions (et encore, il y en à d'autres) que le long métrage soulève. Il apporte bien sûr ses propres réponses avec une fin peut être trop classique (et encore ça dépends de la théorie rêve ou réalité que l'on veut voir) mais il laisse le débat ouvert afin qu'on se fasse aussi nous même notre propre opinion. Je n'ai pas lu la nouvelle d'origine donc je ne sais pas si le film est fidèle ou non, ni même ce qu'il à pu rajouter et/ou enlever mais cette histoire est passionnante avec un fond profond bien emballé par une enquête très bonne.
C'est ainsi que ce scénario combine à merveille une enquête policière passionnante (je trouve ça fun de mener l'enquête à l'envers en sachant qui sera la victime et le coupable mais de chercher à savoir pourquoi ce crime va arriver) avec une réflexion plus large sur notre société. L'alchimie de ses deux éléments dans ce film post-11 septembre fonctionne très bien. Très posé, l'intrigue prends son temps sans pour autant devenir ennuyeuse ou pompeuse. De plus, après "A.I. : Intelligence Artificielle" certaines questions sur la nature humaine m'ont bien plu. Ce dernier étant une combinaison de Steven Spielberg et Stanley Kubrick décédé entre temps, j'ai bien aimé aussi les quelques clins d’œils fait à Kubrick dans Minority Report" (Le personnage de Burgess du même nom que l'auteur du roman "Orange mécanique", l'opération des yeux avec l'écarteur très proche de "Orange mécanique également", le gros plan de l’œil d'Agatha qui rappelle le montage similaire dans 2001 : l'odyssée de l'espace après les explosions de lumières...).
Pour la distribution, c'est le pied pour moi de retrouver l'un de mes acteurs préférés avec l'un de mes réalisateurs préférés. Et pour cette première association, Tom Cruise est tout simplement excellent en John Anderton. Je ne pouvais rêver mieux pour cette collaboration et Tom Cruise s'en sors vraiment haut la main. Une nouvelle fois très charismatique, si son personnage à un petit côté hautain au début, c'est pour ensuite mieux le faire redescendre sur Terre. Dans ce registre, le comédien est en tout cas excellent. On à vite de la sympathie pour lui malgré ses failles et c'est ainsi qu'on est touché par ce qui lui arrive. Son personnage évolue à merveille et l'acteur semble particulièrement à l'aise dans ce registre qui lui va comme un gant. Toujours aussi efficace dans les scènes d'action, je l'ai trouvé aussi très crédible dans les scènes plus posé. Centré sur son personnage, Tom Cruise joue très bien et sa présence apporte beaucoup au film je trouve tout comme au reste du casting qu'il met bien en valeur même si il reste secondaire.
Derrière par exemple, on retrouve un Colin Farrell que j'ai trouvé lui aussi très bon dans la peau de Danny Witwer. Pourtant, son personnage aussi possède un petit côté antipathique qui fait qu'on pourrait le détester mais l'acteur joue bien le jeu, sais rester en retrait quand cela est nécessaire et sans trop en faire, il fait un parfait chasseur. La force de son personnage, c'est que même si on à envie de le voir échouer, on sens l'intégrité de son personnage. Peut être un peu ambitieux, Colin Farrell donne de la conviction dans les propos de son personnage ce qui fait qu'on sens qu'il croit en la justice. Ses questionnements sur une éventuelle faille du système est également très pertinent.
J'ai bien aimé aussi Samantha Morton dans le rôle d'Agatha. Pourtant, elle tarde à vraiment "agir" dans ce scénario mais j'ai trouvé l'actrice convaincante dans son silence. Après, les scènes où elle doit parler, je les comprends du point de vue scénaristique mais c'est peut être pas celle que je préfère car justement, je trouve que son retour à la "parole" est un peu brutal. L'actrice est en tout cas impeccable et fait preuve d'une bonne présence à l'écran elle aussi lorsqu'elle doit être mise sur le devant de la scène. J'ai aimé le côté énigmatique de son personnage qui fait qu'on ne sais jamais trop à quoi s'attendre de sa part.
Max von Sydow en Lamar Burgess est lui aussi excellent. Tout aussi charismatique, il en impose avec son personnage. On sens bien le côté patriarche que son personnage peut avoir avec celui de Tom Cruise tout comme je l'ai trouvé naturel dans le rôle d'un leader d'opinion qui veut tout faire pour sauver le système qu'il à mis au point. On ne le voit pas beaucoup au final je trouve dans ce film mais c'est pas plus mal car ses scènes restent pertinente et l'acteur incarne vraiment bien son personnage à l'écran avec beaucoup de conviction. Dans le même style, j'ai beaucoup aimé aussi l'interprétation de Lois Smith dans le rôle du Docteur Iris Hineman. Son personnage étant co-fondateur de ce système, elle apporte un poids intéressant dans la balance avec une autre vision que j'aurais d'ailleurs bien aimé voir un peu plus tant l'actrice m'a convaincu dans la peau de son personnage à la fois sérieux et décalé qui fait qu'on ne sais jamais vraiment si il faut prendre son avis pour argent comptant.
Après ce quatuor, le reste du casting est quand même très bon même si il est encore plus secondaire. Par exemple, c'est un plaisir pour moi de retrouver Kathryn Morris en Lara Anderton. Elle arrive tardivement dans le récit mais je trouve que l'actrice dégage une fraîcheur très agréable et même si ses dernières scènes sont un peu maladroite à mes yeux, elle s'en sors très bien malgré tout. J'ai beaucoup aimé aussi le passage avec Peter Stormare dans le rôle du chirurgien. J'ai trouvé sa scène très drôle sans pour autant être déconnecté de l'intrigue. Jessica Harper en Anne Lively est quant à elle assez angoissante dans son rôle muet très important que l'on ne voit que par à coup. L'ensemble de l'unité Pré-crime que dirige John Anderton est bien interprété aussi je trouve par le casting et en caméo de luxe, c'est sympathique je trouve de voir Cameron Crowe en passager de bus et Cameron Diaz en passager de métro.
La mise en scène de Steven Spielberg est sinon éblouissante. Là encore je ne suis pas objectif car je voue un culte à ce cinéaste qui à fait naître ma passion pour le cinéma mais je trouve vraiment qu'il maitrise son sujet. En nous plongeant dans un futur proche de nous, sa mise en scène nous permet de nous faire accepter un futur pas forcément toujours glorieux mais dont on peut toujours très bien s'identifier. L'évolution y est très fine, très subtile, ce qui fait qu'on à bien tout nos repères. Avec sa caméra, le réalisateur nous offre de très bons angles de vues.
Sa mise en scène est parfaitement au service de cette intrigue, elle aide à brouiller les pistes tout en étant extrêmement limpide paradoxalement. Si la révélation finale peut paraître un peu légère au regard de la complexité de cette histoire, elle reste quand même elle aussi très efficace. Faut dire aussi que le montage est très réussi. Alternant entre scènes d'actions et scènes plus posés, on ne voit pas le temps passé. C'est très dynamique et chaque scène à son importance même celle qui peuvent nous paraître un peu plus anecdotique en appuyant sur le trauma que subit John Anderton à cause de son passé.
Les effets spéciaux sont eux aussi assez bon. On ressens bien sûr quelques incrustations comme lors de la scène sur l'autoroute entièrement réalisé en images de synthèse mais dans l'ensemble, c'est vraiment très agréable et très beau à voir je trouve. La photographie avec cette couleur bleuté jouant pas mal avec les blancs aussi est magnifique. Elle apporte un petit côté froid au film qui colle bien à son sujet tout en nous plongeant dans un excellent film noir. Le grain granuleux de l'image est pas mal du tout aussi pour un ensemble très esthétique. De plus, les quelques trouvailles futuristes comme ses araignées espions où les fameux écrans 3D qui ont de la gueule (une alternative au procédé actuel que je n'aime pas ? ) sont parfaitement inséré dans le film. Jamais tape à l’œil, toujours mis de façon très naturelle, le futur proposé m'ait apparu bien plus crédible que d'autres films du même genre.
Les différents décors sont eux aussi très bon et bien exploité à l'image de ce très bon plan séquence aérien lors de la scènes des araignées espions justement où encore la course poursuite avec John Anderton lorsque celui ci ne veut pas se laisser arrêter. On se sens bien plongé au cœur de cette ville froide, limite aseptisé où c'est quand on se retrouve chez l'habitant qu'on retrouve un peu de vie. Les costumes m'ont eux aussi paru bien choisi notamment ceux de Tom Cruise qui pète la classe je trouve ou encore ceux de l'unité de Pré-crime lorsqu'il rentre en action. Quant à la bande originale composée par John Williams, je l'ai beaucoup apprécié aussi. Il n'y à pas de grands thèmes phares qui se dégage mais la musique froide au sonorité métallique correspondent très bien avec ce film. Sans jamais trop se faire ressentir, j'ai trouvé qu'elle faisait un parfait accompagnement à ce récit.
Pour résumer, même après plusieurs visionnages et malgré du coup que j'en connais l'issue finale, j'adore toujours autant "Minority Report" qui me provoque à chaque fois la même claque cinématographique. Tout est réuni pour que je prenne mon pied et Steven Spielberg en s'est pas raté. Avec sa brillante mise en scène et porté par un Tom Cruise au sommet de sa forme, ce scénario possède plusieurs niveau de lecture que j'ai adoré. Rêve ou réalité, peu importe au final comment je perçois le film, j'en retiens juste un plaisir immense à chaque fois devant ce film très divertissant qui n'oublie pas de nous faire réfléchir. L'un de mes films préférés tout simplement que je ne me lasse pas de revoir et que je recommande donc chaleureusement.