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Interview de Sébastien Simoni, CEO de Webzine Maker

Publié le 05 juin 2007 par Vanina Delobelle
Sébastien Simoni, CEO de Webzine Maker, plateforme de blogs mais aussi parent de XFruits nous livre ici l'histoire de sa société ainsi que l'approche marketing qu'ils ont adoptée. Un joli article plein de sincérité qui apportera beaucoup de réponses à tous les porteurs de projets et peut-être même plus (rendez-vous à la fin!).

Je vous l'avais déjà dit aussi, Sébastien c'est mon mentor pour le blogging, pour ceux qui rechercheraient le lien:)


Pourrais-tu nous expliquer quel est ton parcours et comment tu en es venu à créer WebzineMaker ?
Mon parcours est assez atypique, je me suis intéressé très tôt à l'internet. J'ai eu mon premier abonnement internet en 1994. A l'époque je finissais une école de Bâtiment à Paris et j'avais vraiment envie de créer une boîte dans l'internet. Puis au final je suis rentré en Corse dans un village de 3000 habitants où peu de gens partagent cette passion. J'ai trouvé du travail dans le secteur du bâtiment et j'ai suivi la première vague internet en spectateur.

3 livres m'avaient fortement guidé dans ce choix. Les 2 premiers étaient des ouvrages que j'avais lu au début des années 90 et ne parlaient pas d'internet mais étaient porteur des concepts de cette nouvelle révolution.
  • La société de Post capitaliste de Peter Drucker : cet ouvrage m'avait donné l'envie de lire tout ce qui était publié sur le management. Un passage de ce livre m'était resté gravé dans la mémoire. C'est le chapitre qui traitait des études de marché où Peter Drucker démontrait qu'il ne servait à rien de faire des étude de marché sur des nouveaux produits. Il avait pris l'exemple du Fax qui n'avait pas été mis sur le marché par Xerox car l'étude de marché était catastrophique.
  • L'entreprise à l'âge du Virtuel : j'ai voulu le racheter et je n'ai jamais réussi à retrouver la trace de ce livre publié chez Maxima (je ne me rappelle plus de l'auteur). Cet ouvrage décrivait beaucoup de concepts développés par internet par la suite. Il expliquait que si un producteur voulait maximiser sa V.A il devait co-fabriquer son produit avec son client en lui permettant un haut niveau de personnalisation. Ca m'avait beaucoup plu et je m'étais toujours dit que quand je ferai mon entreprise j'essaierai de le faire.
  • En 1996 j'ai lu un autre livre qui m'avait mis dans un état d'excitation intense pendant des jours, il s'agit du livre L'homme Numérique de Nicolas Negroponte le tire anglais était Being Digital. D'abord l'auteur m'avait décomplexé au sujet de la dyslexie. Ensuite sa démonstration était si limpide que je n'avais plus aucun doute sur l'impact de l'internet sur le monde. Il décrivait le monde en 2 parties : le monde des atomes et le monde des bits. Puis il démontrait que plus l'activité était immatérielle plus elle serait fortement impactée par la révolution numérique.

Puis en 1999 j'ai décidé de me consacrer à ma passion c'est alors que j'ai rencontré Jérôme Pietri qui avait créé avec Philippe Chiappe un annuaire d'email des Corses Corsicamail pour fédérer sur le net la diaspora corse (ce sont les corses qui travaillent sur le continent).

Je leur ai fait part de l'envie que j'avais de créer une boîte dans le domaine de l'internet. Je n'avais pas d'idée précise à l'époque. Je me rappelle avoir défini les caractéristiques futures de la boîte sans avoir encore l'idée concrète. Je cherchais :
  • un service immatériel
  • pouvant être universel (international)
  • et fortement customisable par l'utilisateur.

C'est pendant l'année 2000 que j'ai eu l'étincelle, Jérôme et Philippe avaient créé leur portail web et j'ai rencontré sur le chat de ce portail Federi Bernardini un instituteur qui voulait rénover les outils pédagogiques. Il avait créé un journal collaboratif sur le net pour ses élèves et en voyant tourner ce site j'ai demandé à Philippe s'il pensait qu'on pouvait créer un générateur de journal électronique. C'est ainsi que WM est né !

Entre temps Jérome m'a permis de devenir un professionnel de l'internet j'avais lu des milliers de choses sur le net pendant ma période spectateur. Mais tout cela avait assez peu de valeur en fait. Jérôme en créant ses sites passait des heures à décortiquer chaque service de Yahoo principalement et à les recopier pour notre portail Geckoo.com (On a perdu le domaine). C'est grâce à lui que mon oeil est devenu critique.


Les blogs ont révolutionné les approches marché, quelles sont pour toi les nouveaux comportements des consommateurs ?
Les CMS ont permis de déconcentrer la publication de l'information. Les blogs ont énormément segmenté le paysage éditorial en créant des contenus hyper spécialisés. D'autre part, l'écosystème, comme dirait Tariq Krim, a permis une accélération de la circulation de l'information par un phénomène de publication en chaîne. Créant ainsi des phénomènes de Buzz. Il est évident maintenant que tous les marchés relevant du monde des bits ne peut ignorer ce phénomène. Il est même assez marrant de voir que ce buzz sort de la "Matrix" pour être repris dans la presse papier par exemple. Pour revenir a ta question les consommateurs sont beaucoup mieux informés. Mais tous les marchés ne sont pas impactés de la même manière, il y a encore une marge de progression importante. Par exemple je ne suis pas sûr qu'il restera beaucoup d'hypermarchés dans 20 ans.


Pourrais-tu nous définir ce qu'est pour toi le nouveau marketing et comment une entreprise comme la tienne fait son marketing?
Je pense que le nouveau marketing c'est la possibilité d'avoir un contact direct et permanent avec ses clients et futur clients. Le nouveaux marketing est plus ciblé voir personnalisé. Je définirais notre marketing comme un marketing technologique et communautaire.b Nous privilégeons l'excellence technologique à l'habillage Marketing / communication.

Technologie :
Nous créons du buzz autour d'innovations technologiques, par exemple depuis un an nous éditons un ensemble de tools xFruits à destination des bloggers. Nous avons plus de 1500 articles à travers le monde sur notre service. xFruits c'est un peu notre show room technologique.

Blog :
Vis à vis de nos utilisateurs, nous éditons depuis 4 ans un blog pour communiquer sur les évolutions de produits avec nos clients. Nous effectuons des mises à jour très régulières de notre CMS (plusieurs fois par mois).

Thread de discussion :
Un système de fil de discussion personnalisé directement intégré dans les interfaces de gestion de nos sites. Les demandes sont ensuite dispatchées à l'intérieur de WMaker. Toute le monde chez nous est en contact direct avec nos utilisateurs par le biais de cette interface. Notre objectif c'est de ne jamais laisser tomber un client. Quand je dis ça c'est pas du politiquement correcte c'est réel ! Certain de nos clients nous coûtent cher en support.

Ces 2 outils nous ont permis de construire une relation de confiance avec nos clients qui se sont transformés en ambassadeurs de notre produit. C'est sur eux que repose notre croissance commerciale.


B[Vous venez de sortir une V4 de votre produit, comment en avez-vous défini les nouvelles fonctionnalités et que peux-tu nous en dire dessus?]b
Concernant la V4, nous sommes en phase de Bêta privée. La nouvelle version est ouverte uniquement à nos utilisateurs. Concernant les nouvelles fonctionnalités elle ne sont pas encore toutes définies. En effet le produit évolue en permanence et nous nous laissons la liberté d'enrichir l'application au fil de l'eau. C'est beaucoup plus existant. Principalement 4 processus nous permettent de créer de nouvelles fonctionnalités.

Technique avant Marketing :
Dans notre domaine c'est souvent les développeurs qui trouvent de nouvelles possibilités techniques et ensuite nous essayons de les mettre en phase avec des nouveaux usages clients. C'est un processus qui peut sembler inversé mais dans la réalité c'est comme ça que cela se passe.

B[u[Utilisateur :]]ub
10 % de nos clients nous remontent 80 % des suggestions, il s'agit des utilisateurs avancés ils connaissent l'application parfois mieux que nous. Leurs retours sont très enrichissants sur l'utilisation actuelle de l'application. En revanche leurs apports est soumis à 2 biais :
  • Comme ils maîtrisent parfaitement l'outil ils n'arrivent pas à se mettre dans la peau d'un nouvel utilisateur.
  • Ils raisonnent sur l'existant c'est parfait pour faire évoluer l'application mais ce ne sont pas des utilisateurs dont peut venir la rupture.
En revanche, 100 % des utilisateurs nous feront savoir si l'introduction d'une innovation leur a plu.

Bench technologique :
Un bench technologique ou reverse engineering nous permet de comprendre comment tel service en ligne arrive à faire cela. Il s'agit assez rarement d'un bench concurrenciel. Une fois que nous maîtrisons la technologie on cherche à trouver un usage appliqué à notre secteur. Depuis 1 an et demi il y a un véritable bouillonnement d'idées 2.0 et ça permet de stimuler l'inspiration.

Imagination :
Dernier point qui devrait être le premier c'est l'imagination, c'est le réel moteur de l'innovation. Je ne crois pas au bench des concurrents je n'en fais que très rarement. Ca ne m'intéresse pas, en revanche je crois à la projection de l'imagination nous permet elle de faire des bonds dans le développement fonctionnel. Il faut cependant savoir préserver sont potentiel d'imagination et l'un des ennemis de l'imagination c'est la charge de travail. Plus on travail moins on invente.


b[Message perso sur ce que tu veux dire]b
Si vous voulez créer une boite web on vous offre le gîte et le couvert. Si votre idée nous intéresse bien sûr !



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