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Blue Velvet

Publié le 08 juillet 2013 par Olivier Walmacq

Curieux, un jeune homme essaye de trouver une femme qui l'obsède. Mais rien ne se passera comme prévu une fois rencontrée...

Affiche USA - Blue Velvet

La critique lynchienne de Borat

David Lynch est un cinéaste particulier et qui n'a jamais fait dans la dentelle. Tantôt très expérimental (Eraserhead, INland EmpireMulholand Drive), tantôt très classique (Elephant man, Une histoire vraie), tantôt ambitieux (son inachevé Dune; Twin Peaks, grand morceau de télévision), Lynch est un réalisateur qui parle à tous donc, à condition de savoir par où commencer. J'ai commencé par la petite porte avec le pilote de sa série, mais ce sera finalement Blue Velvet qui m'a vraiment intéressé au bonhomme et pourtant ce n'est pas un de ses plus accessibles. Tout du moins, il se révèle assez complexe aussi bien dans son contenu que son esthétique. Lynch s'entoure d'acteurs qu'il a déjà fait tourner ou le fera par la suite comme Isabella Rosselini (au casting de Sailor et Luna), Kyle MacLachlan (son acteur fétiche), Laura Dern (son actrice fétiche) et Dean Stockwell (déjà présent sur Dune); sans compter Dennis Hopper et Brad Dourif. En sachant que Val Kilmer devait incarner le personnage de MacLachlan mais a refusé, stipulant que le film était pornographique. Il regrettera plus ou moins sa résignation. Ce qui est arrivé plus d'une fois avec cet acteur, surtout qu'il aurait pu se passer de tourner Top Gun à la place.

Blue Velvet : photo David Lynch, Isabella Rossellini

Bien qu'il n'avait rien à faire là malgré une atmosphère un peu spéciale, Blue Velvet a eu droit au Grand Prix d'Avoriaz 87 à la barbe de La mouche de David Cronenberg. Incompréhensible mais bon, on ne refait pas le monde. Blue Velvet commence de manière inédite puisque l'on se retrouve en pleine pelouse façon Microcosmos et avec vue sur une oreille! On a trouvé introduction moins glauque. De là nous suivons Jeffrey, jeune homme tout ce qu'il y a de plus banal, amoureux de la très jolie Sandy. C'est lui qui a retrouvé l'oreille et il compte bien trouver avec elle d'où elle vient. C'est alors qu'il fait la connaissance d'une chanteuse interprétant justement Blue Velvet (récemment reprise par Lana Del Ray pour une pub H&M, évidemment avec moins de grâce, désolé pour les fans de la chanteuse). Ce qui donne lieu à une séquence à la fois étrange (on sent déjà la passion dévorante de Jeffrey) et magnifique où Rossellini illumine l'écran. On se sent comme Jeffrey: elle tape à l'oeil dans sa robe et sa prestation dans le film ne se raccroche pas qu'à cela. La séquence où Jeffrey se retrouve longtemps dans le placard est la plus éloquente. Ce dernier se retrouve en position complète de voyeurisme, avec tout ce qu'il y a de plus évident.

Blue Velvet : photo David Lynch, Kyle MacLachlan

Tel une caméra à lui tout seul, il regarde les moindres recoins de l'anatomie de Rossellini avant de voir des choses qu'il n'aurait pas dû. C'est alors que tel un vaudeville débarque Hopper. Ce dernier incarne une véritable raclure dégénérée à l'image de ce qu'il était durant de longues années de déprime. Ce rôle sera celui de sa renaissance pour sa carrière et ce, malgré un lot de casseroles incroyables qui sortiront après. On pense à Super Mario Bros comme à Waterworld, qui plus est toujours avec des méchants débiles et cabottins. Il n'y a qu'à voir le passage frappadingue dans la voiture, grand moment déjanté. Ce rôle de dégénéré imprévisible est un vrai régal et un adversaire de taille pour MacLachlan, doux comme un agneau. Ce dernier se révèle plutôt bon en enquêteur dépassé et obstiné par sa mission finalement purement vaine. Lynch n'hésite pas à sublimer les corps. Rossellini passe de l'amour à la baise, en passant par la torture. Jeffrey apprend auprès d'elle le plaisir, mais l'amour véritable, il le trouve avec Sandy. Elles apparaisent comme des pendants sentimentaux pour Jeffrey. Toute la complexité sexuelle de chez Lynch est résumée ici.

Blue Velvet : photo Brad Dourif, David Lynch, Dennis Hopper

Une première incursion chez David Lynch en ce qui me concerne pour le moins superbe et étonnante.

Note: 18.5/20


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