« Il a fait chaud sur la route du Tour » pendant cette première semaine dont il est temps de faire un bilan à l’heure de la première journée de repos. Un bus, un chien blanc, un squelette roulant en ont été les principaux animateurs.
En résumé
5 coureurs différents ont porté le maillot jaune jusqu’ici, preuve des rebondissements qu’a connu ce premier chapitre de l’histoire du centième Tour. Après un départ spectaculaire en Corse, les 4 principaux sprinters ont pris chacun leur part du gâteau : Kittel, Cavendish, Greipel, Sagan, 1 partout. Les Australiens d’Orica GreenEdge ont brillé en contre-la-montre et les avions de chasse du Team Sky, sorte de réincarnation de l’US Postal des années Armstrong, se sont illustrés dès l’arrivée dans les Pyrénées. A Ax-les-Thermes, Chris Froome, lancé par le train de son équipe, s’est envolé et a déposé tout le monde. Le Tour est déjà plié pour le classement général, les Sky auraient pu faire 1 et 2 comme l’année dernière mais Richie Porte a pris un quart d’heure dimanche. Tous les équipiers de Froome ont fini très loin, sans doute pour tenter d’éloigner les soupçons de dopage qui commençaient à planer sur eux.
C’est un alien…
A part cela, Contador est cuit comme un steak au clenbutérol, Papi Cadel Evans fait un peu de résistance. Andy Schleck se remet tout doucement de son hiver trop arrosé… Il faudra donc chercher des enjeux sur d’autres tableaux.
Côté Français, on a trouvé un pire descendeur que David Moncoutié en la personne de Thibaut Pinot, qui a perdu beaucoup de temps au général. La surprise pourrait venir de Romain Bardet, 22 ans, encore échappé aujourd’hui. Pierre Rolland, lui, va jouer le maillot à pois, et la bataille s’annonce rude avec le colombien de poche Nairo Quintana, 59kg.
On aurait aussi appris l’apparition d’un nouveau classement, celui de l’équipe à la plus mauvaise stratégie de course, dominé haut la main par le team Europcar. Tous les jours, même rengaine : entre deux coureurs dans la même échappée qui n’a aucune chance, Voeckler et son melon énorme qui font leur petite échappée publicitaire, et Rolland qui se bat au sommet des côtes de 3ème catégorie pour le maillot à pois…
L’IMAGE
Voilà l’image que l’on retiendra de cette première semaine : le Bus Gate. Dans la première étape, le car de l’équipe Orica-GreenEdge s’est encastré dans le portique d’arrivée trop bas à Bastia. Avec des coureurs lancés comme des furieux à moins de 10 bornes de l’arrivée, on a assisté à un instant de panique de la part des organisateurs. Arrivée avancée aux 3 kilomètres, chute massive pour ne rien arranger, puis finish déplacé à nouveau à l’endroit initial… Oui, parce qu’entre temps, le chauffeur du bus a réussi à se dépêtrer de cette situation embarrassante. Belle opération de com’ pour l’équipe en tout cas, bien joué les gars. Pour le plaisir, on se remate leur parodie de Call me maybe.
Comme si cela ne suffisait pas, les mecs remportent ensuite le chrono par équipes de Nice à 58km/h de moyenne, placent Simon Gerrans puis Daryl Impey en jaune. Un Australien et un Sud-africain en jaune, un Polonais en blanc, un Slovaque en vert, c’est aussi cela la mondialisation du Tour, vive le sport, vive le vélo (© Gérard Holtz).
LE FLOP : ASO
On a beaucoup hésité pour ce flop avec les commentateurs télé, et le florilège de noms de coureurs écorchés par la dream team de France TV : Thierry Adam aux manettes, Cédric Vasseur et sa voix de gendre idéal propre sur lui, JR Godart et ses résumés folkloriques et sans doute alcoolisés. Sans compter Gégé Holtz et Bernard Hinault qui se complaisent toujours à parler d’un passé révolu.
Titi tente une invocation chamanique sur Thomas Voeckler pour qu’il fasse « un sacré numéro »
On a préféré retenir les lacunes de l’organisation du Tour sur certains points.
En plus de l’épisode du Bus Gate, la deuxième étape a vu des problèmes de retard pour les navettes-bateau sensées amener les journalistes sur le site d’arrivée, aux îles Sanguinaires. A la décharge d’ASO, organiser un grand départ du Tour en Corse, c’était osé, et ils l’ont fait.
En revanche, ce qui est inacceptable de la part de l’organisation du Tour et des commissaires, c’est la décision de l’exclusion de Ted King, hors-délai lors du chrono par équipe. Le type se déplace une épaule en tombant dans la première étape, tombe à nouveau dans le contre-la-montre par équipe et doit finir avec un vélo de rechange. Il termine pour 7 petites secondes hors-délai avec une épaule déplacée. On peut alors s’attendre à la clémence des commissaires pour l’autoriser à repartir le lendemain. Sur Twitter, un important soutien se crée autour du hashtag #LetTedRide, même au sein du peloton. Jens Voigt (Radioshack Leopard) déclare qu’il faut placer « l’humanité au-dessus de règles stupides ». Venant d’un Allemand, ça fait bizarre à entendre. Mais non, Ted King est bel et bien exclu du Tour. Lamentable attitude de l’organisation quand on sait que chaque année, les sprinters à la bourre dans la montagne sont facilement repêchés.
On se retrouve la semaine prochaine. Maintenant, on va s’emmerder pendant quelques jours jusqu’au Mont Ventoux. Ou pas ?