Magazine Culture

Visions et conseils d’un jeune entrepreneur culturel

Publié le 08 juillet 2013 par Monartiste

Visions et conseils d’un jeune entrepreneur culturel 

Mathieu Beurois a réussi à rassembler plus de 12.000 € sur Touscoprod pour financer son court métrage « L’Homme du Passé ». Il a accepté de revenir sur la genèse du projet,  les raisons de cet appel à contribution et les facteurs,  selon lui, de la réussite de sa campagne.  Je suis ravi de pouvoir  partager son témoignage, la campagne de Mathieu que j’ai suivi depuis le début est un très bon exemple de l’investissement personnel, de l’enthousiasme et du professionnalisme nécessaire pour réussir à rassembler la somme nécessaire pour créer librement.

Quel est ton parcours ?

J’ai fait beaucoup, vraiment beaucoup de films amateurs, j’ai appris sur le terrain, avec passion. J’ai commencé par le montage avec deux magnétoscopes, puis j’ai appris le cadrage, puis j’ai participé à des documentaires, j’ai écrit, j’ai cadré…

Visions et conseils d’un jeune entrepreneur culturel

Parles-nous un peu de ton projet ? Comment est-il né ?

J’ai écrit le scénario de « L’Homme du Passé » sur mesure pour ces 4 comédiens. Je me suis inspiré de leurs tics, de leur phrasé… Je leur ai ensuite proposé une version aboutie du scénario. Et quand ils ont tous accepté, je me suis dit que là, j’étais obligé de faire le film !

Visions et conseils d’un jeune entrepreneur culturel
 

Comment s’est passé la production ?

Nous avons monté une vraie production, à mi chemin entre une production indépendante classique et une production disons « hors réseau ». Pour faire ce film sérieusement, il fallait forcément un budget de fond. Comme je voulais le tourner vite, le crowdfunding m’est apparu comment un outil pertinent.

Quand est venu l’idée de faire appel au crowdfunding ?

J’ai découvert le système du financement participatif avec My Major Company, car je travaille dans la musique depuis près de 10 ans. Avant ce projet, je n’avais jamais envisagé de l’utiliser pour mon propre compte. Plusieurs collègues avaient utilisé différents sites, avec plus ou moins de succès… Quand l’idée de « L’Homme du Passé » est devenue concrète, j’ai participé à une masterclass, qui a confirmé la plupart de ce que je savais. Quand les acteurs ont tous dit « oui », dès la semaine suivante le projet était sur TousCoProd, et la semaine d’après, on mettait la vidéo promo en ligne.

Quelle vision avais-tu de cette nouvelle voie de financement avant de l’utiliser ? est-ce que cela a changé ?

L’idée du financement participatif, c’est presque un idéal utopique qui devient réalité. Comme tout idéal, il peut générer de la déception, ou au contraire devenir un tremplin vers une part de réussite. Et comme tout outil, il faut essayer de l’utiliser au mieux. Cela demande du travail, du suivi, de la continuité, du sérieux. En cela, je n’ai pas eu de surprise, HDP a été très bien préparé.

En revanche je pensais que ce système ferait découvrir le projet à un premier public. Sur ce point, j’ai déchanté. Si mon film a bien été découvert et soutenu par des inconnus, je pensais que cette proportion serait beaucoup plus importante vu le casting. Mais je relativise car je sais aussi que la proportion de CoProds « inconnus » dans mon projet est déjà très importante par rapport à d’autres projets.

Quels moyens avez-vous utilisé pour communiquer autour de votre projet ?

Tous les moyens possibles ! Bouche à oreille, facebook, twitter, appels téléphoniques, mailings, relance de tout mon répertoire téléphonique… J’ai été soutenu par plusieurs personnes de l’équipe et les comédiens qui ont relayé sur leurs réseaux. Mais ce qui a vraiment fait la différence sur ce projet, ce sont les relations presse : j’ai contacté la plupart des journaux régionaux et le film a bénéficié d’une couverture presse énorme pour un court-métrage indépendant.

On voit tout de suite que vous avez réfléchi à vos contreparties, que vous avez essayé de proposer une offre aboutie. Vous êtes-vous reposé sur les contreparties pour votre campagne ou avez-vous compté sur votre réseau de proximité pour communiquer et promouvoir votre projet ?

Nous avons essayé de créer des petits concours, de faire vivre des offres exclusives, de mettre en avant des contreparties… Mais il n’y a pas eu de répondant. Par contre j’ai clairement eu l’impression que les gens choisissaient le montant de leur don par rapport à la contrepartie désirée, oui. Le réseau de proximité a joué à fond, le fameux « premier cercle ».

Sur Facebook, tu as toujours essayé de favoriser le partage et créer un lien de proximité. As-tu eu des échanges avec vos soutiens ? Penses que cette relation va perdurer ? Comment vas-tu essayer de la faire vivre ?

Oui, j’ai répondu à chaque contact direct, que ce soient des messages ou des commentaires. C’est la moindre des choses quand on fait appel aux internautes. Cette relation va perdurer le temps du projet, c’est à dire jusque pendant la diffusion du film.

Penses-tu utiliser le crowdfunding comme moyen de financement pour vos prochaines créations ?

En tant que réalisateur, je ne pense pas. Car ce serait de nouveau mon premier cercle qui serait sollicité, et l’élan ne pourra jamais être le même.

En tant que producteur, sur de petites sommes, oui, je pense y revenir. Car le crowdfunding permettra encore, pendant quelques temps, non seulement de lever des fonds, mais aussi de faire parler des projets, s’ils sont attractifs et bien montés.

Quels conseils tu donnerais aux réalisateurs qui souhaitent se lancer ? Qu’est-ce que cela t’as appris ?

Si vous vous lancez dans un financement participatif, préférez demander moins que prévu. Vous atteindrez votre objectif plus facilement, et vous pourrez toujours dépasser cet objectif… Ensuite, prévoyez du temps, sincèrement. Animer une campagne, c’est déjà faire une forme de production audiovisuelle. Bien anticiper le temps que vous aurez de disponible, et choisir le montant visé en fonction. Enfin, le crowdfunding, c’est du web : donc il faut utiliser Internet à fond, réfléchir à utiliser les bons supports, les bons réseaux sociaux les plus adéquats avec votre projet, être généreux en photos et en vidéos, en supports qui peuvent se partager.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Monartiste 1279 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines