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La trace de nos corps

Publié le 24 avril 2008 par Gregory71

La trace des corps était de son époque et chaque temps se succédait. Les années 30, 40, 50, 60, 70. On pourrait continuer. À peine 10 ans entre ces périodes. Il y avait les vêtements, les manières de parler, les produits, toutes les habitudes. Difficile d’en faire le décompte exact, d’en tirer des figures typiques de tel ou tel temps. Entre ces décennies comme un léger morphing et en même temps une inclinaison incroyable passant d’une image à une autre. Regardez les Bas fonds, comparez-le à un film 10 ans plus tard, La Nuit du chasseur par exemple et continuez ainsi votre parcours jusqu’à la lisière de votre présent. Passez d’un film à l’autre, de 10 ans en 10 ans, puisque ce sont eux qui nous servent de symptôme, tentez de vous mettre à la place non d’une représentation mais du signe des individus, de chaque individu à ces époques. Qu’est-ce qu’une vie ainsi empreinte de tant d’habitudes, de tant de choses partagées par d’autres? Par exemple les vêtements. Par exemple les mots. Par exemple la manière de se mouvoir.

Il y a une émotion particulière à voir ces présents, à les imaginer. Sans doute est-ce un affect historique. Peut-être faut-il aussi penser que le cinéma, qui nous permet de revoir encore et encore quelque chose qui dès son présent c’est-à-dire son enregistrement fut passé, a été l’invention de ce sentiment. Il y a cette émotion à voir, par exemple, la manière de s’habiller évoluer en un temps si rapide, à peine quelques années. Comparez les années 40 et 70. Reportez cette conscience sur nos propres années, enfance et adolescence, âge adulte, nous ne nous en rendions pas réellement compte, de toutes ces différences dans ce que nous sommes devenus. Difficile de cerner ce sentiment du présent qui est du passé.

L’enregistrement de la lumière produit le sentiment de notre propre archéologie. En nous permettant d’avoir accès à l’apparence du passé, nous cotoyons la Belle Équipe du Front Populaire et jusqu’à l’imaginaire passé des époques passées. Prenez Casque d’Or par exemple et les quartiers mal famés de Belleville. Ce présent renouvellé est fonction d’un enregistrement qui fait revenir ce qui a été, enfouissant le présent dans le passé.

Les flux se multiplient. L’esprit du cinéma est derrière nous. Ce fut le XXème siècle. À présent de multiples fils, des informations fragmentées, un monde disloqué qui entraîne une certaine façon d’agir. Quel sera alors notre  fantasme du temps? L’esprit de notre temps? Et dans notre manière d’agir, que ressentirons-nous en lisant dans 10 ans, 20 ans, 30 ans les blogs du passé? Que verrons-nous d’eux, de ceux qui ne sont plus? A quoi le numérique ainsi tissé d’existences nous donne-t-il accès?


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