Sur le Vieux-Port de Marseille, Marius, qui aide son père, César, à tenir le Bar de la Marine, ne rêve que d’embarquer sur un des bateaux qu’il voit souvent passer et prendre le large vers les pays lointains. Fanny, jeune et jolie marchande de coquillages, aime secrètement Marius depuis l’enfance. Ce dernier, sans l’avouer, a toujours aimé Fanny.
Pour retenir Marius, pressenti pour un engagement sur un navire d’exploration, Fanny lui dévoile son amour pour lui et parvient à attiser sa jalousie en provoquant une vive dispute entre le jeune homme et un vieil ami de César, le maître-voilier Panisse, qui, beaucoup plus âgé, courtise Fanny.
Partagé entre l’appel de la mer et son amour pour Fanny, Marius renonce à son projet et finit par s’unir à Fanny qui s’offre à lui. Mais, alors que César et Honorine, la mère de Fanny, sont prêts à les marier, Marius est repris par sa folie de la mer. Poussé par Fanny qui se sacrifie par amour pour Marius, ce dernier monte à bord du navire en partance, abandonnant Fanny bouleversée, qui retient ses larmes et cache à César le départ de son fils.
S’atteler à revisiter l’oeuvre de Pagnol n’est pas chose aisée, qui plus est lorsqu’il s’agit de reprendre un rôle d’anthologie campé magistralement par le grand Raimu. Mais pour Daniel Auteuil, avignonnais d’origine qui obtint ses galons d’acteur grâce à l’ami Marcel*, nul doute possible lorsqu’il s’agit de mettre en scène sa belle Provence et de raconter cette histoire bouleversante de destins contrariés.
Premier volet de la trilogie marseillaise, Marius, campé par un Raphaël Personnaz parfait dans le rôle de l’aspirant navigateur à l’âme taciturne, évoque l’insouciance d’une jeunesse rêveuse et amoureuse. Tandis que ce pauvre César – Daniel Auteuil, tout en émotions - se désespère d’apprendre à son fils « peut-être neurasthénique » l’art du « picon-citron-curaçao », la jolie Fanny – Victoire Bélézy, formidable découverte – n’a de cesse de chercher à rendre jaloux le beau Marius.
Placée sous le signe de la comédie, Marius se distingue par sa tonalité lumineuse et enjouée. Quel plaisir de retrouver cette langue provençale imagée et poétique, de se laisse bercer par le chant des cigales rythmé par les battements de coeur de Marius et de Fanny, de jouer à la manille en maniant l’art de la triche et de la mauvaise foi, de rire et de pleurer avec ce doux accent du sud qui fleure bon le soleil… et la tempête aussi. Car n’oublions pas que nous sommes en méditerranée où l’honneur fait loi. Et que, ce qui nous est merveilleusement raconté est bien « une immense histoire d’amour ratée »…
Sortie le 10 juillet 2013.
* Son rôle d’Ugolin dans Jean de Florette et Manon des Sources, adaptés des romans de Marcel Pagnol par Claude Berri, fut récompensé par le César du meilleur acteur en 1987.
Marius