Paris Cinéma 2013 : «Kid»

Fien Troch, jeune réalisatrice belge, livre son nouveau film « Kid », dont elle signe, en plus de la réalisation, le scénario. Le film fût présenté en sélection officielle au festival Paris Cinéma de 2013 et reçu le prix des étudiants. « Kid » n’a pas encore de date de sortie française.

Synopsis : Billy et son frère Kid vivent avec leur mère sur une exploitation agricole en déliquescence. Le jour où ils partent vivre chez leur oncle et leur tante, le monde de Kid s’écroule : la seule personne auprès de qui il souhaite passer du temps, sa mère, n’est plus là.

Avec « Kid », Fien Troch réalise un film à l’ambiance pesante mais aux images sublimes. La jeune réalisatrice va jouer de ce contraste tout au long du film. Dès le début, des plans serrés sur différents objets et meubles anodins défilent. Si les images sont à la fois très lumineuse et épurées, on se sent vite compressé dans cet univers pourtant familier. C’est là toute la réussite de « Kid ». Les plans intérieurs des maisons, où se passe principalement l’intrigue, sont lumineuses et de toute beauté. La photographie du film est tout simplement rayonnante. En contraste de cela, l’ambiance du film, très sombre, installe un climat à la limite de la peur avec une histoire de dettes.

Les acteurs du film sont bouleversants de, ce que j’appellerai, « une naïveté crétine douce », avec en tête les deux enfants Kid et Billy. Les deux enfants sont clairement opposés avec Kid qui est en rébellion et Billy qui est d’une passivité rare. Il y a cette scène où Billy est affalé sur le canapé devant la télé allumée et où sa tante rentre et lui demande ce qu’il regarde. Il répond alors aussi simplement que normalement : « La télé. ». À l’inverse, son frère, Kid, est très perturbé par cette histoire qui ronge sa mère. Provocateur, Kid est un enfant qui n’accepte pas ce qui arrive à sa famille et qui ne se gêne pas pour le montrer. Leur mère, elle, ne prononce que très peu de dialogues mais retranscrit sur son visage cette inquiétude, accentuant le climat d’oppression du film.

Le film possède aussi un caractère très religieux. Fien Troch va poser, de façon très marquante, sa caméra sur différents objets religieux comme une simple croix accrochée sur le pan d’un mur. De plus, la famille se balade à un moment du film dans une grande plaine où la photographie joue, encore une fois, un rôle majeur. Créant une ambiance religieuse digne du paradis, on se retrouve ébloui par la beauté brut de cette nature qui entoure les personnages. Véritable lieu de détente et de relaxation, cet endroit est une sorte de jardin d’Eden pour eux. Kid dit d’ailleurs à sa mère que s’ils se perdent un jour et ils devront se retrouver là.

Comme à son habitude dans le cinéma belge, l’humour est présent d’une drôle de façon : sans qu’il soit forcé ou véritablement voulu. Le spectateur rit de situations ou dialogues loufoques ou surprenants. Cela est très fort étant donné le caractère très dramatique de ce film où l’on ne pense pas pouvoir  rire … et pourtant, c’est à plusieurs fois le cas. Ce sont d’ailleurs les personnages « passifs » qui sont à l’origine de ce rire la plupart du temps, comme Billy ou l’oncle qui ont tous les deux un goût prononcé pour les blagues « crétines ». Le cinéma belge a la force de provoquer le rire chez le spectateur de la façon la plus spontanée et sincère possible. C’est un genre d’humour à part, comme l’est l’humour britannique.

« Kid » est un film très fort où l’image et le fond sont en total opposition. Servi par des acteurs exceptionnels, et pour les principaux très jeunes, le film marque l’esprit et vient chercher le spectateur afin de mieux le toucher. Une totale réussite.

Kid. De Fien Troch. Avec Bent Simons, Maarten Meeuse, Gabriela Carizzo, Rit Ghoos, Stef Lernous, René Jacobs, …

Sortie en France non déterminée.

Ce film a été vu dans le cadre de la sélection officielle du Festival Paris Cinéma de 2013.