Magazine Cinéma
Quel plaisir de revoir ce film culte de René Clément! J'avais en fait l'impression de le découvrir tant cette version restaurée permet plus encore de mesurer comme est grande la distance entre les réalisations de cette époque et le cinéma actuel. Ainsi, Alain Delon qui débute sa carrière avec ce film et qui joue (avec quelle grâce!) « le » séducteur absolu nous est montré comme faisant craquer les vieilles dames et le petit peuple; les gros plans s'attardent sur ses pectoraux et son visage mais il n'apparait jamais dénudé (on est en 1960!) et rarement en maillot de bain. Loin d'être présenté comme un psychopathe ce jeune homme nous touche;son introspection qui laisse place aux doutes (et à la satisfaction aussi d'avoir bravé des situations délicates....), ses difficultés matérielles pour réussir sa « performance » nous est montrée pas à pas, geste par geste, avec lenteur nous rendant presque complice : nous souffrons lorsqu'il est rabaissé, nous soufflons quand il pense avoir réussi....
La version de Anthony Minghella « Le talentueux M. Ripley » était complètement à l'opposé nous livrant un thriller pus froid où le redoutable Matt Damon semblait moins sensible et plus virtuose et où les autres personnages (dont le père et Freddy) accaparaient davantage l'attention mais il m'avait semblé plus proche du livre de Patricia Highsmith. Car dans cette première version on peut regretter que le réalisateur ait voulu moraliser la fin et trahi ainsi l'esprit du livre!