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Lectures d’été #2 : la collection Ticket To

Par Alanlimo @ChristoChriv
Couverture Ticket To Vietnam (DR)

Couverture Ticket To Vietnam (DR)

Depuis décembre 2012, on peut trouver en libraire la collection « Ticket to » (éditions de la Martinière), signée Gaspard Walter. Après le premier tome sur la Thaïlande, deux ouvrages consacrés à New York et au Vietnam ont été publiés au printemps dernier – des carnets de voyage délicieux, doublés d’un contenu multimédia accessible gratuitement en ligne.

Les livres de la collection Ticket To ont sauvé mon blog.

Car, il n’y a pas si longtemps, je me posais tout un tas de questions sur le sens du mot « bloguer » : quel intérêt avons-nous à parler de voyage comme si nous en étions les experts ? A quoi bon partager ses récits, ses périples, ses rencontres ?

Et puis, j’ai relu Ticket To Vietnam et Ticket To New York, qu’on m’avait envoyé en mai dernier.

336 pages, 300 photos

Le principe de la collection : un mec, Gaspard Walter, 30 ans, auteur-photographe, ex publicitaire / reporter / directeur de plongée, se balade un peu partout dans le monde en mode backpacker / auberge de jeunesse / couchsurfing et en prenant des photos et en écrivant ce qu’il y voit, ce qu’il y vit, sur son blog et dans des livres.

336 pages – dont 300 photos. Un très bel objet à l’oeil et au toucher – la reliure, à la fois simple et élégante, ressemble à l’Asie, à ses panneaux de bambou et aux paravents japonais. Le papier même, donne un certain plaisir aux bouts des doigts.

A l’intérieur, c’est un fourre-tout découpés en villes, en quartiers. Dans le Ticket To New York, le sommaire annonce « Queens & Brooklyn » et « Manhattan », lui-même découpés en Harlem, Central Park, Upper East & West Side, Chelsea, SoHo, ou encore, Financial District.

On y voit beaucoup, beaucoup de photos – certaines accrochés aux détails et à des instants de vie capturés sur le vif, d’autres sont des grands angles parfois classiques, parfois audacieux ; et, dans certaines, on y devine l’aventure et les péripéties que l’auteur a dû vivre pour arriver à son point de vue (cf le Pont de Brooklyn).

A côté de certaines photos, il y a des textes.

Des choses entendues de la bouche d’un Américain, qui débecte sur les Vietnamiens, « incapables de trouver des solutions, de penser par eux-mêmes ». La suite de l’anecdote est surprenante, et vous décoche un sourire légèrement malsain pour le reste de la journée.

Deux photos pleine page d’un village Hmong.
Une photo en double page du vieux quartier d’Hanoi.
La recette du Pho Bo.

Sur une page de gauche, une photo des Marble Moutains ; sur une page de droite, en vis-à-vis, un polaroid accompagné d’un petit texte :

« J’échappe à la ligne de touristes, je contourne un temple et m’engage dans un couloir entre deux murs de roche recouverts de lichen. Au bout, une flaque de lumière : un cirque de pierre verte, ouvert sur la jungle, et un bouddha tranquille, posé dans la montagne ».

Passage du col de Sengge (Ladakh, Inde) - © Gaspard Walter

Passage du col de Sengge (Ladakh, Inde) – © Gaspard Walter

Un livre qui se picore

Autre chose vue, une page consacrée à une « Hipster ». Sur la page de gauche, une photo pleine page d’une jolie jeune Newyorkaise qui porte une robe d’où pendent ostensiblement des fils, comme si quelqu’un lui avait arraché le bas de sa robe pour en faire une robe courte.

Sur la page de droite :

« Elle refuse toutes les marques et toute les étiquettes. Elle porte des vêtements dépareillés, précisément parce qu’ils ne vont pas ensemble. Elle est vintage, d’occas’ de la tête aux pieds. Elle a horreur du commercial, elle aime à contre-courant des choses inconnues qu’elle laisse tomber quand elles deviennent « mainstream ». Elle dit « whatever » tout le temps en haussant les épaules, hautaine, boudeuse, en levant les yeux derrière la monture verte de ses lunettes en écaille. Plus que tout, elle jure qu’elle n’est pas hipster ».

Il n’y a ni début, ni fin dans ces livres. C’est plutôt le genre de beau livre comme ceux d’Olivier Föllmi sur l’Himalaya, qu’on ouvre sur un hamac, dans une chaise longue ou allongé sur son canapé, lorsqu’on a dix minutes ou une heure de libre qu’on a envie de vivre en s’envolant loin, loin, loin de l’endroit où on est – et l’on y voyage, et l’on s’y évade, s’y balade en picorant des bouts du monde, de Thaïlande, du Vietnam, de New York, et bientôt, de Birmanie, et de l’Inde.

L’expérience « Ticket To » se veut également multimédia et propose le visionnage de vidéos en ligne. Parfois, dans le livre, on trouve des URL ou des QR codes à flasher avec son smartphone, pour accéder à une autre sorte d’expérience du voyage.

Je reste un peu dubitatif sur la qualité et l’intérêt de ces vidéos, telles qu’elles sont proposées. On a un peu l’impression de scènes tournées un peu au hasard et intégrées parce que ça fait cool et moderne, sans véritable ligne éditoriale – mais c’est peut-être un parti pris, qui suit l’idée de l’errance et du picorage. N’empêche, pour être réellement exploitées et exploitables, la collection gagnerait à proposer une version en ligne ou une application dédiée où tous les éléments s’harmoniseraient beaucoup plus naturellement.

Autre point négatif : la qualité d’impression des photos, qui trahit la qualité de prise de vue de Gaspard – on peu tout de même retrouver la version HD des photos sur son blog mais le livre, parfois, tue les contrastes, affadit, pixellise et donne une présence malheureuse au grain.

J’aurais également aimé lire plus d’histoires locales, de légendes, de portraits, comme celui de Tony sur 7th Street – un mec qui vit là depuis 33 ans sur sa chaise et qui raconte les changements, les immigrants, les ouvriers, les beatniks et les hippies, et puis les camés ; et puis, maintenant, le calme, « maintenant c’est bien ».

« Les gens passent là et pensent que c’est une boutique d’antiquités mais non, c’est simplement chez moi (…). Alors, je dis aux gens : entrez, allez faire tour, allez satisfaire votre curiosité (…). Personne ne vole jamais rien, mais de toute façon ça n’a pas d’importance, ils peuvent prendre ce qu’ils veulent. Tout ce qu’ils veulent sauf mon chat ».

A la fin de chaque tome, on trouve enfin un cahier pratique en forme de mini guide de voyage (carte d’identité du pays, décalage horaire, électricité, visas et formalités, livres à lire, films à voir, meilleure période pour partir, quoi voir, qui et comment sont les Vietnamiens, gastronomie, transports, tenue vestimentaire, tourisme de guerre, marchandage …).

La collection « Ticket To » m’a redonné envie de partager la route et les voyages, m’a fait comprendre certaines choses que j’essaierai de mettre en application sur ce blog. Et, pour ça, pour la qualité des compositions photographiques, pour le plaisir que les livres offrent à chaque lecture et à chaque page ouverte au hasard ; et parce que Gaspard est un mec très sympa à suivre ici (sur Facebook) et (sur son blog): bref : je recommande !

Lectures d’été #2 : la collection Ticket To


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