♥
"Heureux
parce qu'ils lisent un beau livre.
Heureux parce qu'ils adorent le bruit du vent.
Heureux parce qu'ils parlent et qu'ils écoutent les autres.
Heureux parce qu'ils entendent de la musique.
Heureux parce qu'ils ont fait un beau dessin ou réussi un bon plat. Heureux parce que leur parquet brille et leur voiture aussi.
Heureux parce que leur enfant a eu une bonne note à sa rédaction.
Heureux parce qu'ils ont écrit une belle phrase.
Heureux parce que la douleur s'éloigne.
On dit « bêtement heureux ».
C'est si bête d'être heureux. "
L’auteur :
Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision.
Il est le fils du médecin Paul Léandre Emile Fournier (23 août 1911 à Avesnes-le-Comte - 4 mai 1954 à Arras) et de Marie-Thérèse Françoise Camille Delcourt (17 juillet 1916 à
Saint-Pol-sur-Ternoise - 20 septembre 1998 à Arras), rédactrice.
Il est le créateur, entre autres, de La Noiraude et d'Antivol, l'oiseau qui avait le vertige. Par ailleurs, il fut le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de La Minute
nécessaire de Monsieur Cyclopède, ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986). C'est également à lui que l'on doit l'intitulé de la dépêche
AFP annonçant le décès de l'humoriste: "Pierre Desproges est mort d'un cancer. Etonnant non ?". Il adore Ionesco.
En 2008, Jean-Louis Fournier publia le roman Où on va, papa ? dans lequel il décrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui a reçu le Prix Femina, a suscité un certain nombre de
controverses, et a provoqué une réponse de la mère des deux garçons qui a créé un blog qui leur est dédié (http://mamanmathieuetthomas.monsite-orange.fr/index.html).
Depuis, il a écrit deux autres romans : Poète et Paysan en 2010 et Veuf en 2011.
Jean-Louis Fournier a écrit et joué au Théâtre du Rond-Point deux pièces inspirées de ses écrits, Tout enfant abandonné sera détruit, donnée en novembre 2011 et Mon dernier cheveu noir, donnée en
novembre 2012. (Source : Babélio)
L’histoire :
Le goût de vivre est une chose fragile. Un rien peut vous le faire passer. Il suffit d’une bestiole d’un centimètre qui doit peser un gramme, un moustique en l’occurrence, pour transformer une nuit en cauchemar. Mais ce n’est pas tout. Il y a le serveur vocal qui fait semblant de ne pas vous comprendre et n’a jamais un mot gentil ; le désespéré qui choisit de se faire déchiqueter par votre TGV et vous fait louper votre entretien d’embauche ; les campagnes de dépistage qui vous rappellent avec délicatesse que vous êtes biodégradable ; les routiers qui essaient de se doubler sur l’autoroute ; le palmarès des hôpitaux qui révèle que l’hôpital où vous allez vous faire opérer de la hanche a obtenu la plus mauvaise note ; les pigeons qui chient partout ; les imprimeurs qui impriment en tout petit ; les exclusions de votre contrat d’assurance ; les mites qui attaquent de préférence l’endroit le plus visible de votre pull en cachemire ; les ouvre-boîtes intégrés qui font gicler sur votre pantalon l’huile de vos sardines, et beaucoup d’autres choses dont l’auteur vous réserve la mauvaise surprise. Ça m’agace aurait pu n’être qu’un billet d’humeur. Bien pire, c’est un livre de mauvaise humeur. Parce que, tout ça, Fournier, ça l’agace. (Babélio)
Mon avis :
Jean-Louis Fournier liste des situations de la vie quotidienne qui peuvent s'avérer agaçantes, en pointant notamment du doigt des progrès techniques aux revers humains désagréables comme par exemple le serveur vocal. Seulement, l'ensemble des idées est assez éculées, vues et revues, testées, validées par nos soins de consommateurs ou de voyageurs, bref d'humains du XXIème siècle. Il aurait fallu qu'à ces situations trop connues, l'auteur insuffle un tour comique ou poétique de façon à les illuminer d'un éclairage nouveau. Point du tout, les propos restent collés aux choses, le style est tout à fait basique, très peu de poésie s'immisce dans ces pages.
Un des rares points forts de ces nouvelles est la chute offerte, chute digne de ce nom, souvent décalée et drôle. Malheureusement, il n'y a qu'elle pour sauver le texte, et cela reste un peu trop faible à mon goût...
Quelques bonnes trouvailles affleurent quelquefois : comme ces messages radiophoniques pour les campagnes de dépistage pour le cancer colorectal par exemple
« Pour ne rien vous cacher, je m’en doutais un peu, c’est une tradition dans la famille. Mon arrière-grand-père est mort, mon grand-père est mort, mon père est mort, je crois que c’est héréditaire. » et de conclure « Vos messages, je me les mets dans le colorectal. »
Ou sur le principe de précaution « Est-ce que c’est vraiment prudent de vivre ? »
Malgré ces quelques éclaircies, l'ensemble reste décevant. Vous savez ce qui m’agace moi ? Les écrivains qui écrivent et publient pour ne rien dire !
Premières phrases :
« Les musiciens du métro jouent faux, les désespérés se jettent sous mon TGV, le serveur vocal ne me dit pas un mot gentil, une mite a fait un trou dans mon pull, les croissants sont mauvais, les moustiques me piquent, ma voisine joue du karcher, l’humoriste ne me fait pas rire, les camions m’empêchent de doubler, les pigeons me chient sur la tête…
Ca m’agace. »
Vous aimerez aussi :
Du même auteur : Où on va papa de Jean-Louis FOURNIER
Autre : les textes de Philippe Delerm
D’autres avis :
Ca m'agace, Jean-Louis Fournier, Editions Anne Carrière, octobre 2012, 190 p., 15 euros