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Comme dans un rêve

Publié le 13 juillet 2013 par Anargala

Comme dans un rêve
Vivre et mourir dans l'ignorance de notre vraie nature, c'est comme vivre et mourir en rêve. L'expérience du rêve - lors du réveil ou au sein du rêve lui-même - est réputée décisive dans toutes les traditions tantriques non-dualistes émanées de l'Inde. Dans le dharma du Bouddha, en particulier, le rêve est le paradigme de toute expérience. Voici un passage d'un disciple du Christ sur le sujet. Notez qu'il ne s'agit pas là d'un occultiste autiste récent, mais de Valentin (ou de ses disciples), actif à Rome entre 135 et 160. Il compare la vie sans la connaissance du Père "ineffable, invisible, inconcevable" à un rêve, ou plutôt à un cauchemar :
"Tout comme si des gens s'étaient endormis et s'étaient retrouvés au milieu de rêves déroutants - ou bien il y a quelque endroit qu'ils s'efforcent en hâte d'atteindre, ou bien ils sont incapables de bouger alors qu'ils sont à la poursuite de certaines personnes ; ou bien ils s'engagent dans une rixe ou bien sont eux-mêmes roués de coups ; ou bien ils tombent des hauteurs ou bien sont aspirés en l'air, sans avoir d'ailes. Parfois encore, c'est comme si certains tentaient de les assassiner, sans que qui que ce soit ne les poursuive, ou comme si eux-mêmes avaient tué leurs proches, car ils sont souillés de leur sang - jusqu'au moment où se réveillent ceux qui sont passés par toutes ces choses. Alors, ils ne voient plus rien, ceux qui sont passés par toutes ces choses. Ils ne voient rien, ceux, ceux qui se trouvaient pris dans toutes ces affaires déconcertantes, puisqu'elles n'étaient rien. De même, il en est ainsi de ceux qui ont écarté d'eux-mêmes l'ignorance, tout comme on écarte le sommeil, sans lui attribuer une valeur quelconque ni non plus considérer ses réalisations comme des réalisations solides, mais ils les ont dissipées, comme on dissipe un rêve nocturne. Et la connaissance du Père, ils l'ont estimée, puisqu'elle est la lumière. C'est comme si chacun avait agi en étant endormi, au moment où il était dans l'ignorance, et c'est comme s'il s'était réveillé, en parvenant à la connaissance."
L’Évangile de la vérité, attribué à Valentin, vers 150, traduit par Anne Pasquier, Ecrits gnostiques, Gallimard 2007, pp. 68-69.


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