Le long métrage « Jeux Dangereux » de Laurence Katrian avec Michèle Laroque, où celle-ci s’est plus qu’investi pour pour promouvoir et faire en sorte que ce projet existe, a rassemblé exactement 422 146 €, une somme plus que conséquente, alors qu’on reproche souvent au financement participatif de financer que des petits projets. Est-ce que c’est une étape franchie, est-ce que le crowdfunding entre dans une nouvelle dimension, nous avons posé la question à Julie de TOUSCOPROD, puis avons recueilli les sentiments de Michèle Laroque.
Questions tout d’abord à Touscoprod
Des projets de plus en plus importants sont financés, des sommes de plus en plus conséquentes sont rassemblées ? Pensez-vous que le crowdfunding a franchi une étape ?
Les projets record comme « Jeux Dangereux » ont le mérite de faire connaître le crowdfunding au grand public. C’était un principe d’initiés et cela devient une nouvelle technique de financement pour la culture. Atteindre une grosse somme c’est aussi montrer que cela marche, que l’on peut réunir beaucoup de gens sur un projet .Même si ces projets records ne sont pas la majorité des projets présents sur touscoprod ils sont une vitrine pour le crowdfunding. Il faut aussi voir que le projet « Jeux Dangereux » a permis aux projets présents en même temps sur le site d’avoir plus de visibilité et donc plus de souscriptions.
Avez-vous toujours été confiant quant à la réussite de cette campagne ? En tirez vous des enseignements que vous pourriez donner aux porteurs de projets dans l’audiovisuel ?
Nous avons été confiant sinon nous n’aurions pas accepté cette campagne, même si bien sur nous avons fait des ajustements en cours de route. Nous avions dès le début en tête avec l’équipe du film d’impliquer les entreprises à travers leurs employés ou leurs clients (car finalement chaque entreprise est une communauté). Cela a permis de faire augmenter la jauge plus rapidement.
Assiste-t-on à une réinvention du circuit de financement de la création audiovisuel ? Pensez-vous que les internautes vont continuer à jouer un rôle de plus en plus important tant dans la production que de la diffusion, comment lui accordez la place qu’il mérite et non plus le voir comme un pirate ou un voleur ?
Meme si nous sommes très gaté en France grâce au système du CNC, il y a encore beaucoup de projets qui n’ont pas accès à ce système d’aide et touscoprod est une alternative efficace pour eux.
Nous sommes heureux de pouvoir faire naitre des films grâce aux internautes. C’est vrai que cela les replace dans un rôle plus valorisant dans le circuit de la création.
Questions à Michèle Laroque
Comment avez-vous connu le crowdfunding ? Qu’en avez-vous pensé la première fois ?
Pourquoi se lancer dans cette aventure pour ce film ? Qu’a-t-il de particulier pour vous ?
Julie, une amie, venait de commencer chez touscoprod et m’a parlé du site autour d’un café. Le système de faire appel aux internautes pour fabriquer un film m’a tout de suite plu et était cohérent avec lson sujet qui traite de l’humain.
La campagne s’est lancée très naturellement et elle s’est transformée en une aventure incroyable grâce à tous les coprods géniaux que j’ai rencontré pendant ces 5 mois, on est devenu une petite famille.
On a déjà pu voir que vous avez été très enthousiaste tout au long de cette aventure à travers les messages et les apparitions que vous avez pu faire dans les médias, en quoi, pour vous est-ce si important de pouvoir vous rapprocher de votre public et de pouvoir partager avec lui ?
J’ai toujours partagé avec mon public sur la scène. Cela me semblait naturel de partager l’aventure créative de la fabrication d’un film. Je voulais les emmener avec moi sur cette planète cinéma où la vie est (presque) toujours belle.
Vous avez eu beaucoup de contacts avec les internautes ? Pensez-vous que cette relation va perdurer ? N’avez-vous pas peur maintenant de l’attente, que vous avez généré ?
Je me suis mise activement sur Twitter où j’échange beaucoup avec la communauté des « coprods ». Pendant les 5 mois de campagne je suis allée à la rencontre des gens pour leur parler du projet, cela a tissé des liens très fort. Bien sur ils ont beaucoup d’attentes mais cela nous donne une énergie incroyable pour que le projet soit à la hauteur.
Avez-vous été surpris lors de cette campagne ? Quelle enseignement tirez-vous de cette expérience ?
J’ai été submergée par la gentillesse, la créativité et l’échange avec les gens durant cette campagne. Je n’en tire que du positif et si cela était à refaire je re-signe demain !
Pensez-vous que faire appel au soutien populaire en amont de la production de long métrage est un modèle qui va encore se développer ?
Je ne sais pas, il est vrai que aux USA de plus en plus de longs métrages font appel à ce système. En tout cas une campagne c’est beaucoup de travail et d’énergie. Il faut le faire sincèrement avec le public et avoir envie de partager le projet avec eux. Nous avons par exemple proposer aux « coprods » de réserver les bénéfices correspondant à leurs dons à des associations caritatives qu’ils choisiront… C’est la première fois qu’un projet de film en crowdfunding le propose, j’espère que l’idée sera reprise …