Plus de 300 écoutes pour les titres du dernier album de Kanye West. Sincèrement, un mois à peine après sa sortie, je n’aurais pas imaginé l’écouter autant.
J’avais bien aimé son précédent album, My Beautiful Dark Twisted Fantasy, c’est pour ça que j’ai jeté une oreille dessus. Mais rien que la (non) promo masquée de Yeezus ces derniers temps, me faisait fuir.
Je n’ai plus trop de souvenirs précis de ma première écoute de l’album, si ce n’est un rejet. Je trouvais l’album grossier, agressif, à l’image de son auteur. Mais allez savoir pourquoi, j’ai enclenché la deuxième quelques jours plus tard. Et j’ai eu l’impression d’écouter un tout autre disque.
Grossier, agressif, ces adjectifs sont toujours valables pour décrire les titres même à la deuxième écoute. Sur On sight, le titre qui ouvre l’album, le son est saturé, encore + strident que certains titres de Crystal Castles, c’est dire. Alors on survit, comme abasourdi par toute cette avalanche sonore. Et là, à 1min18 : miracle, mystère, surprise. Une chorale d’enfants prend les devants. La température redescend, mais on se sent soulevé.
Pas de repos sur le deuxième titre Black Skinhead. Des cris étouffés ouvrent le morceau. Animal, humain, zombie, on ne sait pas. Les sons se culbutent, comme dans un combat où l’on veut prendre le dessus sur son adversaire. C’est un peu flippant, une fois de plus, on est secoués entre les notes électro, les coups de massues sonores.
I am a god arrive. Un titre parfait pour Kanye West. C’est certainement le titre le plus furieux de l’album. La rage et la mégalomanie prend le dessus, elle se reflète sur moi, et du coup j’ai aussi envie de crier I AM A GOD. Le morceau est interrompue par une course poursuite. Lumières braquées sur une victime, transpiration, respiration ; ça continue à tirer dans tous les sens. Les dernières notes de synthé-laser appelle la voix de Bon Iver, qu’on retrouvera très vite.
C’est Frank Ocean qu’on retrouve sur New Slaves, le premier titre de l’album où l’agressivité semble disparaître. On est quand même loin de son image de lover qu’il s’est forgé avec son premier album, Channel Orange.
Hold My Liquor est un de mes titres préférés. On retrouve une voix familière en intro, c’est celle de Justin Vernon (Bon Iver). Il ne faut même pas chercher un schéma classique couplet – refrain – couplet – refrain pour se repérer. La machine déraille assez vite, Kanye West brouille les pistes assez vite et livre un morceau très sombre, une fois de plus.
On arrive dans la deuxième partie de l’album. La tension s’efface, et voilà la première voix féminine : Nina Simone. Il sample la célèbre chanteuse soul avec le morceau Strange Fruit. Je pense qu’il faudrait plusieurs semaines pour se pencher sur chaque titres, les décortiquer, et découvrir qu’ils sont construits à partir d’une multitude d’éléments que l’on découvre à chaque écoutes. La voix de Nina Simone se perd dans les démons de Yeezus, et nous obsède encore longtemps.
Guilt Trip et Send it up se rapprochent plus de l’univers des précédents albums de Kanye West même si reconnais que je ne suis pas un expert. L’ambiance est moins sombre.
Sur Bound 2, place à la détente, la fin du monde c’est fini ! La douce voix de Charlie Wilson, qui à force de nous répéter U-Uh honey, on se demande si on ne vient pas de vivre un mauvais rêve. Tant pis, il y’a des cauchemars qu’il est parfois bon de revivre.
Je n’arriverai pas à retranscrire ce que je ressens à l’écoute de cet album. Pour les textes, je n’en comprends pas les 3/4, même s’il est pas difficile de choper quelques phrases : Your pussy is good ou un joli C’est la vie sur New Slaves.
J’aurai voulu ne pas l’aimer comme je déteste le personnage. Mais j’ai besoin de l’écouter. Comme pour l’album de Wu Lyf, c’est un exutoire.
On se sent parfois comme poursuivi par un sniper, à courir pour éviter les balles. C’est flippant, mais excitant. Encore faudrait-il vivre cette situation.