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Lumière, chaleur, feu

Publié le 26 avril 2008 par Jcgbb

Il y a quelque chose d’électrisant et de joyeux dans ces vraies premières journées printanières. La lumière apaise, la chaleur agrée, on est comme possédé et pourtant serein. Ne dit-on pas que la lumière est radieuse ? Que la chaleur caresse, qu’elle engourdit et qu’elle enveloppe ?

Il est curieux que ces petits phénomènes sensoriels aient un tel impact psychologique, qu’ils portent en eux une telle charge symbolique. Que les rêveries ou les bonheurs qu’ils rendent possibles obéissent à une logique aussi contraignante et régulière. Un songe au coin du feu, un réveil éclatant de lumière, une nonchalante posture sous le soleil, si intimes et si personnelles qu’en soient les expériences, déterminent des sortes de conduites universelles, des pensées communes et éternelles.

Que symbolisent-ils donc ? D’où leur vient des effets aussi puissants et persistants ? Ce qu’il y a d’heureux dans la lumière, d’apaisant et de rassérénant, c’est son aspect immatériel. On en fait le symbole de l’esprit, et elle représente si bien la spiritualité, parce qu’elle semble transparente, indolore, inactive. Elle ne va pas au contact comme le feu ou le chaud, mais elle reste à la surface des corps. Ce pourquoi on la dit souvent céleste ou pure.

Tandis que le chaud à l’inverse nous pénètre et nous saisit. La chaleur est physique et impudique ; elle monte et s’insinue, va à l’intérieur des êtres, quand l’œil ou la main s’arrêtent. La chaleur est montante et grandissante, elle se dégage ou se dissipe. D’où sa forte dimension à la fois sensorielle et sensuelle.

Ainsi en va-t-il également du feu. Il y a quelque chose de séminal, de sexuel dans ces feux, qui embrasent les corps et entrent en eux. Le feu est ardent comme l’amour, terrible ou réchauffant comme lui, souvent brusque, souvent dramatique, souvent hypnotique…

Sans doute est-ce cette sexualité du feu qui en fait le signe du péché et le symbole du diable. On objectera qu’il est autant douceur que torture, qu’il brille aux Enfers et au Paradis. Ce à quoi Bachelard répondrait : c’est l’ambivalence et la dualité des significations qui justement touchent autant l’esprit et stimulent profondément l’imagination.


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