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Le Congrès (2013) de Ari Folman par Cyril Tuloup

Publié le 19 juillet 2013 par Flow

Le Congrès.

(réalisé par Ari Folman)

 

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Robin Wright (que joue Robin Wright), se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques…

Impressionnant par ses multiples niveaux de lecture, Le Congrès est la nouvelle pépite du réalisateur israélien Ari Folman. Ce film d'animation mêlé au réel impose une liberté rare.

Avec son titre froid et non vendeur, Le Congrès ne séduit pas immédiatement le public. Un titre sous entend déjà de poser une ambiance, mais on se retrouve ici à l'opposé de ce qu'on imagine de prime abord. Ce récit fait d'imprécisions développe les réflexions autour d'un scan d'actrice, où la comédienne prendrait vie virtuellement.

La première partie du film se passe dans le monde réel, tel que nous le connaissons, alors que la seconde s'inscrit dans le genre de l'animation. Harvey Keitel, l'un des acteurs les plus incroyables de l'histoire, qui a signé avec Bad Lieutenant l'une des compositions les plus marquantes du cinéma, sublime les scènes de la première heure. Alors que ses anciens collègues, comme un Robert De Niro, se perdent en tournant aujourd'hui dans des films totalement creux, l'ancien mister White n'a rien perdu de son engagement en se fondant comme un caméléon dans son personnage. Toute la première partie se centre sur la légitimé du scan d'une actrice, qui en vendant ses émotions, ne pourrait plus jamais exercer son art. Toute la complexité d'un débat s'illustre à travers les dialogues entre l'actrice, son agent et le producteur. Ce dernier se voit donné la place que sans doute il mérite, en figurant comme l'ennemi des auteurs. Des échanges violents rythment un récit lent que beaucoup trouveront trop indécis, mais ce sont les imprécisions qui fondent les qualités premières du Congrès.

Après une première partie qui ne conduit le spectateur vers aucune opinion ou prise de point de vue, la suite dédiée à l'animation est tout de suite plus immersive. À la fois critique orwélienne des paradis artificiels (les membres du congrès avalent un produit pharmaceutique pour accéder à un monde halluciné) et éloge d'une élévation mentale dans les arrières mondes, la continuité du récit passionne malgré le ton toujours imprécis. Le Congrès est avant tout un souffle esthétique qui dévoile d'entrée de jeu toute la créativité de son animation. Le passage à ce monde complètement désordonné se fait au milieu des pieuvres dans des vagues multicolores, ce qui donne l'impression d'avoir ingurgité quelques champignons hallucinogènes. Les scènes suivantes sont plus posées et emmènent l'actrice dans une étrange soirée, où des personnages complètement loufoques se distinguent. Certains changent d'apparence pour quelques secondes en buvant le contenu d'un flacon, d'autres présentent une forte arrogance, et d'autres encore une certaine tendresse. Les comportements humains sont revisités à travers des êtres d'une richesse et d'une diversité esthétiques dingue, l'héroïne poursuit son cheminement comme nous: perdus dans un vaste univers.

L'attaque de la zone du Congrès par des Soldat vêtus de masques à gaz déclenche une dimension épique qui tissera une charmante histoire d'amour. Plus intimiste mais toujours ouvert à un questionnement permanent des choses, le film gagne encore de son flou et dévoile la beauté d'un monde imaginé. Les ailes poussent aux bras de nos personnages qui se fondent ensuite au milieu des arbres, le tout servi par des musiques incroyablement justes. La beauté naît de partout et on goûte aux plaisirs colorés d'une non réalité. Ce Congrès est une aventure formidable qui se présente comme un moment inédit de cinéma dans lequel il pourra être difficile de rentrer, mais d'où on ressort la tête dans les étoiles. Les spectateurs logiciens s'y casseront les dents.

Note:

Pastèque de premier choix


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