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Long John Silver, T4 : Guyanacapac - Xavier Dorison & Mathieu Lauffray

Par Belzaran

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Titre : Long John Silver, T4 : Guyanacapac
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Avril 2013


Le mois d’avril dernier a vu apparaitre dans les rayons de librairie est un des albums que j’attendais avec la plus grande impatience. En effet, « Guyanacapac » est le quatrième et dernier acte de la tétralogie « Long John Silver ». Cette série est amenée à marquer l’Histoire de la piraterie dans le neuvième art. Les trois premiers opus étaient autant de chefs d’œuvre. Il n’y avait donc pas de raison que le tome de conclusion ne soit pas dans la lignée. Le travail de Xavier Dorison au scénario et de Mathieu Lauffray au dessin est remarquable et faisait de chaque case un moment inoubliable de lecture. La couverture cet ouvrage utilise les tons jaunes et marron. Elle nous présente le héros éponyme affalé dans un trône au style amérindien. Il apparait seul, abandonné et désabusé. Pourtant, l’or est accumulé à ses pieds. Il semble avoir assouvi son rêve, réussi sa mission. Tout n’est donc peut-être pas si simple…

Le synopsis énoncé sur la quatrième de couverture est un modèle du genre : « Il est l’enfant de l’encre et de la plume, la figure de proue de « L’ile au trésor » de R. L. Stevenson. Il a vécu de crimes et de rêves, connu les galions de Madère, le sac de Maracaibo et les révoltes des boucaniers. Il va mêler l’or et le sang pour sceller son destin aux confins des royaumes perdus de l’Amazonie. Il est le dernier pirate. Il est la légende. Long John Silver. »

Comme je l’ai précisé précédemment, cet album s’inscrit dans une série. Il m’apparait indispensable d’avoir lu les trois premiers épisodes pour savourer pleinement cette lecture. L’atmosphère de l’histoire couplée au charisme de son héros se doit d’être pleinement savourée. Par contre, il n’est nullement nécessaire d’avoir lu l’œuvre de Stevenson. Les auteurs le précisent d’ailleurs dans leur ouvrage : « Cet ouvrage ne prétend être une suite de « L’Ile au trésor », mais un humble hommage à cet immense chef d’œuvre qui ne cesse de nous émerveiller depuis notre enfance. Son seul et unique objet est de retrouver un peu de la poussière du grand rêve que fit naitre Robert Louis Stevenson. »

Comme son nom l’indique, cette série est construite autour d’un personnage. Le moins qu’on puisse dire maintenant que la saga s’est conclue est que ce héros ne peut laisser personne indifférent. Son charisme envahit chacune des pages. On est envahi par son aura au fur et à mesure que la narration se déroule. Chacun de ses regards, chacune de ses phrases nous marque et nous hypnotise. Ce sentiment prend encore une ampleur supplémentaire dans ce tome. En effet, tout ce beau monde se trouve perdu dans la mythique cité de Guyanacapac. Il s’y trouve un trésor mais également un parfum oppressant et angoissant d’inconnu morbide. Le seul qui arrive à gérer la situation et à embarquer tous les protagonistes est Long John Silver. On a le sentiment sans en être sûr dès les premières pages qu’il va mener sa dernière bataille. Mais avec quel panache !

« L’inconnu et le mystère sont de sortie. »

Le ton de la narration évolue dans ce tome par rapport à celui des précédents. Jusqu’alors, le héros semblait dominer pleinement la situation dans le sens où il tissait sa toile et donnait l’impression de maitriser les tenants et les aboutissants des actes des uns et des autres. Dans « Guyanacapac », l’inconnu et le mystère sont de sortie. Ce n’est donc pas la capacité à manigancer et prévoir de Long John qu’on savoure mais sa capacité d’adaptation. La forêt amazonienne est un décor de rêve pour ce genre d’atmosphère. On y ajoute naturellement un trésor, un temple mystérieux et de curieux et mortels rituels organisés par des indigènes angoissants. Les pérégrinations de Long John sont donc de lointaines cousines de celles d’Indiana Jones dans le Temple Maudit. La cause semble perdue d’avance. Mais cela n’empêche pas le héros de se battre comme un animal et de tenir à bout de bras ses acolytes. Le rythme est plus intense et saccadé. On a vraiment le sentiment de partir dans tous les sens. Le lecteur n’a pas le temps de reprendre son souffle. C’est une sensation très agréable. On n’a qu’une envie une fois l’ouvrage terminé, celle de s’y plonger à nouveau pour en saisir et en déguster avec délectation chaque détail. 

Mais ce genre de scénario haut de gamme ne peut prendre toute son ampleur que par une mise en image remarquable. Et sur ce point, il y a du chef d’œuvre. Mathieu Lauffray nous immerge dans une forêt amazonienne comme le cinéma et la littérature nous l’ont rendue fascinante. Ce fleuve inquiétant et cette forêt vierge asphyxiante. La moiteur se dégage de chaque page. Les ambiances nocturnes sont splendides et ne font qu’exacerber nos sens déjà mis à rude épreuve. Enfin, les traits des personnages sont subtilement tracés. Chaque regard et chaque posture semble être mûrement réfléchie. Rien n’est bâclé et chaque planche est un régal pour les yeux. Je me dois de conclure ce plaidoyer par des éloges sur les couleurs qui participent à faire de cet ouvrage un bijou.

En conclusion, « Guyanacapac » confirme ce que je suppose depuis le premier tome de la série. « Long John Silver » est un monument du neuvième art et érige la bande dessinée de piraterie dans les hauteurs qu’elle mérite. Je ne peux donc qu’inciter les adeptes du genre à s’y plonger au plus vite. Le voyage est enivrant et vaut le détour. Mais je vous préviens, on n’en sort pas indemne…

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par Eric the Tiger
Note : 20/20


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