« Intime Conviction »
était un regroupement d’artistes, de poètes, qui refusaient la fixité d’un lieu
et tentaient d’interroger l’espace intime de la création, de toute création. Ce
qui nous intéressait, ce n’était pas de montrer, d’avoir un lieu d’exposition,
une maison d’édition. Ce qui nous guidait, c’était de poser la question : «
Comment faire une poésie si totale qu’elle déborde partout ? » « Comment lui
faire mener une guérilla urbaine afin qu’elle envahisse tous les domaines, du
mystique au politique ? »
Aujourd’hui, le capitalisme a un nouveau look, il a récupéré les slogans
révolutionnaires, les jeux typographiques, les ready-made, etc. Finalement,
avec l’aide involontaire des artistes, il a accru son pouvoir.
Alors si comme l’affirmaient les Situationnistes, le seul espace
révolutionnaire qui nous reste est l’espace de la poésie, nous n’en profitons
pas assez.
Continuer à pourfendre le sentimentalisme et le pathétique en poésie n’a plus
grand intérêt. C’est le poème tout entier qu’il nous faut déménager. Puis
provoquer des échauffourées entre les lignes. Mener des révoltes alphabétiques.
Mais l’immeuble-poésie n’est pas à l’abri du climat ambiant, il sécurise ses
entrées.
Il serait préférable au contraire d’ouvrir toutes les issues et de faire entrer
au dedans le Dehors.
Puis procéder à l’emportement des meubles, ne pas craindre qu’ils soient
saisis.
Il n’y a que le tumulte, le tohu et le bohu, qui engendreront l’explosion du
langage.
Pourquoi tenter de sauver les meubles ?
Fédérique Guétat Liviani, sur le site
de La Maison des Ecrivains.
Frédérique Guétat Liviani a tout récemment publié Le Premier arrondissement, aux éditions Sitaudis.