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L'Enfant Miroir

Publié le 25 juillet 2013 par Olivier Walmacq

L'Enfant Miroir

Genre : Drame / Inclassable

Année : 1990

Durée : 1h30

L'histoire : Dans l'Amérique rurale des années 50, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père violent et une mère abusive, se persuade que la vieille dame qui vit seule sur le bord de la route est un vampire...

La Critique De Titi70 :

Attention, voici une belle rareté du cinéma, j'ai nommé L'enfant Miroir (The Reflecting Skin en version originale), premier long métrage du cinéaste Philip Ridley, un nom qui ne vous dit peut être pas grand chose, notamment à cause du fait que le réalisateur n'a tourné que trois longs métrages (dont celui ci) en 23 ans de carrière cinématographique. Le dernier en date, Heartless nous étant parvenu l'année dernière.

D'ailleurs, sa première réalisation se fit un peu par accident, puisque, même s'il avait signé le scénario de The Reflecting Skin, Philip Ridley n'envisagait pas, au départ, de le réaliser.

Mais, après une recherche intensive, l'homme dut bien se rendre à l'évidence : Personne, hormis lui-même, ne semblait en mesure de rendre justice à sa vision du script.

L'Enfant Miroir

Au niveau du casting, on trouve notamment un jeune Viggo Mortensen, pas encore devenu une star, Lindsay Duncan (Servilia dans la série Rome), Duncan Fraser et le jeune Jérémy Cooper, dont ce sera l'unique prestation notable.

L'histoire se déroule dans les années 50, dans un petit village perdu des États Unis, où vit Seth Dove, un petit garçon de 7 ans qui mène une enfance tourmentée, entre un père sans envergure et une femme psychologiquement instable depuis que le plus grand des fils, Cameron, a quitté la maison.

L'enfant passe son temps à s'inventer des histoires,  et lorsque son père lui révèle l'existence des vampires, Seth se persuade bientôt qu'une de ses voisines est un vampire. Parallèlement, la population vit dans une certaine terreur depuis que les disparitions suivies de meurtres d'enfants se multiplient. Ceux ci soupçonne bientôt le père de Seth, dont la réputation de dépravé suite à une affaire du passé (il avait donné un baiser à un jeune garçon dans une grange) ne joue pas en sa faveur.

Lorsque Cameron revient à la maison et tombe amoureux de la voisine, Seth se met en tête de tenter de le sauver, avant que le jeune homme ne soit mordu.

L'Enfant Miroir

A travers ce résumé, j'ai tenté de vous détailler les grandes lignes du scénario de manière simple, mais, celui ci est beaucoup moins limpide et largement plus riche dans le long métrage.

Car Philip Ridley envisage l'histoire à travers les yeux de son personnage central, un gamin d'à peine 7 ans donc. Cela a pour principale conséquence de présenter une vision déformée des choses, au détriment de tout réalisme, en sachant que l'enfant modèle son monde en fonction de son imaginaire.

Cela a pour résultat concret un déroulement flottant, irréel, sans rattachement logique. En témoigne notamment le passage où la fameuse voisine explique qu'elle à 200 ans, renforçant les doutes de l'enfant à son égard. Un dialogue que l'on sait faussé, car, venant de l'imagination de Seth.

Dans ces circonstances, où est la réalité ? Le réalisateur ne répond jamais à cette question, laissant le spectateur deviner la réponse.

L'Enfant Miroir est ainsi un film où il faut avant tout se laisser porter par l'ambiance effrayante et les ramifications de l'histoire, un très étrange livre qui comporte certaines images pour le moins marquantes, comme ce véhicule noir sillonnant la route déserte et contenant une bande de jeunes enlevant ceux qu'ils croisent, essentiellement des enfants, mais, le groupe ne rechigne pas à kidnapper des jeune femmes. Des victimes à qui il est facile de deviner ce qui arrive avant de mourir, à savoir des viols.

L'Enfant Miroir

Philip Ridley en profite pour épingler le puritanisme de cette petite communauté, mais, avant tout, le cinéaste nous raconte l'odyssée d'un enfant qui va devoir s'ouvrir au monde et grandir, un apprentissage difficile mais essentiel pour parvenir à l'age adulte.

Outre son sujet (on parle quand mème d'un film traitant notamment de pédophilie), L'enfant Miroir n'est pas une oeuvre facile d'accès et ne plaira assurément pas à tout le monde, une oeuvre qui se ressent , bien plus qu'elle ne se regarde et un film unique en son genre, où Philip Ridley en appelle à l'intelligence du spectateur, qui devra oublier toute logique pour s'abandonner à l'oeuvre.

Porté par une très jolie musique et des acteurs absolument formidables, ainsi qu'une réalisation digne d'une toile de grand maître, L'Enfant Miroir est une oeuvre parfois dur, malheureusement rare et très méconnue, une oeuvre qui devrait plaire aux amateurs de curiosités cinématographiques et adeptes d'une forme plus exigeante de cinéma. Bref, un film marquant, mais, qui, encore une fois, risque de diviser.

Note : 16/20 (mais, c'est très subjectif) 


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