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Dires et redires, par Alain Gagnon…

Publié le 25 juillet 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

Je me prépare à un autre acte de flibuste littéraire.  Frères de la Côte, réjouissez-vous ! Pisse-vinaigre, qui ne jurez que par votre originalité, chargez vos claviers de fiel !

Je refais le coup de Gilgamesh avec The Old Mariner’s Song de Samuel Taylor Coleridge.  J’y ajouterai même des thèmes et des images puisés sans vergogne dans Le Psautier de Mayence de Jean Ray, cet immense poète, gothique et gantois, que la littérature officielle – celle qui ne plagie jamais ! – a confiné aux enfants ou à ce sous-genre, ma chère, le fantastique… La Psyché déjà salive.  Avec ces deux lascars, délire garanti.

Ni traduction ni adaptation : flibuste et rapines, et autres exactions, en chevauchant ces textes qui eux-mêmes chevauchent la mer…

(Le chien de Dieu)

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[…] Shakespeare aurait peut-être utilisé blancs, silences, non-dits comme artifices d’auteur, appâts, leurres – comme tous les grands illusionnistes qui en disaient moins que plus : Hemingway, Gogol, Kafka, Borges…  En sachant que les textes valent plus par ces interstices, où le lecteur (ou le spectateur) dépose ses propres matériaux, que par ce que l’auteur y exprime.  Tout comme aux échecs et au poker, l’imagination de l’adversaire (lecteur) est la meilleure alliée de l’écrivain.

(Le chien de Dieu)

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Dires et redires, par Alain Gagnon…
C’est ce que je répète aux étudiants que je visite : « Vous souhaitez écrire et ne savez par où commencer ?  Écrivez le premier mot, la première phrase : pour le reste, le texte s’autogérera adéquatement si vous êtes honnêtes.  C’est-à-dire si vous ne le forcez à confesser des états d’âme ou des idéaux que vous souhaiteriez bien avoir et manifester. »

(Le chien de Dieu)

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Lorsque je prête Guillevic, Valéry, Jaccottet ou Éluard à de nouveaux venus en littérature, je leur

Dires et redires, par Alain Gagnon…
recommande : « Surtout, ne jetez même pas un coup d’œil à la préface.  Allez au texte ! » Avant que j’en arrive à ces précautions, le recueil me revenait après quelques semaines ou quelques mois avec un sourire gêné : « L’ai commencé ; pas eu le temps de le finir… Tu sais ce que je veux dire… » Ah ! Si, je le sais.  Le texte, bordel ! Allez au texte ! Roman ou poésie, le texte ! La seule vérité littéraire.

(Le chien de Dieu)

Notice biographique

Auteur prolifique, d’une forte originalité thématique et formelle, Alain Gagnon, ce marginal de nos

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lettres, a publié, à l’hiver 2011, Le bal des dieux, son trente-septième ouvrage. À deux reprises, il a remporté le Prix fiction-roman du Salon du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, soit en 1996 et en 1998, pour ses romans Sud et Thomas K. Il a également remporté, à quatre reprises, le Prix poésie du même Salon : en 2004, pour son recueil de poèmes Ces oiseaux de mémoire, en 2006, pour L’espace de la musique, en 2009, pour Les versets du pluriel et en 2012 pour Chants d’août. En 2011, il avait obtenu le Prix intérêt général pour son essai Propos pour Jacob.  Il a été le président fondateur de l’Association professionnelle des écrivains de la Sagamie (APES-CN) et responsable du projet des collectifs Un Lac, un Fjord, 1, 2 et 3. Il déteste la rectitude politique et croit que la seule littérature valable est celle qui bouscule, dérange, modifie les paysages intérieurs – à la fois du créateur et des lecteurs. De novembre 2008  à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé et de directeur littéraire aux Éditions de la Grenouille bleue, une nouvelle maison liée aux Éditions du CRAM, qui se consacrait à la littérature québécoise.  Il continue de créer et gère présentement un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche.  On peut lui écrire directement à : [email protected]

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https://maykan2.wordpress.com/)


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