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Accalmies passagères

Par Gjouin @GilbertJouin
Accalmies passagèresLe Splendid48, rue du Faubourg Saint-Martin75010 ParisTel : 01 42 08 13 45Métro : Strasbourg Saint-Denis
Une comédie de Xavier DaugreilhMise en scène par Thierry HarcourtLumières de Jacques RouveyrollisIllustration sonore de Stéphane NevilleAvec Valérie Vogt (Hélène), Dounia Coesens (Marie-Annick), Grégory Questel (Patrick), Pasquale D’Inca (Thierry)
L’histoire : Hélène a quitté Thierry, peintre cool qui se cherche, pour Patrick, scientifique coincé… qui se cherche. Mais elle supporte mal d’apprendre que son ex a trouvé refuge chez sa meilleure amie, Marie-Annick qui, elle, rêve d’un Johnny rencontré à Miami. Hélène décide alors d’intervenir. A sa manière…
Mon avis : Accalmies passagères s’est vu attribuer le Molière de la Meilleure pièce comique en 1997. Ce qui, a priori, devrait être un gage de qualité. Mais c’est là que l’on s’aperçoit combien l’humour a évolué en quinze ans. Aujourd’hui, les pièces comiques sont plus incisives, plus insolentes, plus dérangeantes, plus sarcastiques, plus cyniques. L’écriture n’est plus la même… Inutile de tourner autour du pot, j’ai trouvé l’écriture de cette pièce bien vieillotte. Pourtant, il y avait de quoi allécher le spectateur : Le Molière, donc, et puis la présence à l’affiche de quatre comédiens popularisés par le succès télévisuel du feuilleton Plus belle la vie. L’aspect positif de ce casting, c’est la garantie d’une grande complicité. Et ça, ça passe la rampe. Les quatre comédiens ont visiblement énormément de plaisir à jouer ensemble en « live ». Ils sont impeccables… Hélas, ils ont à défendre une comédie qui sent fort la naphtaline. Le public est venu pour voir en chair et en os les vedettes de leur série préférée te ça semble suffire à la plupart. Les rires sont sympathiques, gentillets, mais sporadiques.
Accalmies passagèresEn fait d’« Accalmies passagères », il y en a peu. Le temps est quasiment tout le temps à l’orage. C’est tempête sous les crânes, coups de foudre dans les cœurs, éclairs de lucidité, tonnerre dans les mots, bref entre nos quatre protagonistes il y a du cumulonimbus dans l’air. Le problème, c’est que le vent qui pousse les nuages est plutôt mollasson. La pièce démarre comme un diésel. Et ce n’est pas le paysage, volontairement dépouillé qui nous distrait.
Et pourtant, il faut saluer les astuces de mise en scène pour la rendre moderne. Excellente idée que ces nombreux apartés avec le public pour expliquer, analyser et annoncer les situations ou les états d’esprit. Ça, c’est vraiment réussi. De même, les deux apparitions incongrues de Marie-Annick au début, alors qu’elle n’a rien à faire là. Passé le début un peu laborieux, grâce à ces ruptures avec le fil de l’histoire que sont ces apartés, la pièce acquiert un bon rythme. Mais – toujours à cause de l’écriture – les scènes désuètes viennent polluer ce qui a le mérite d’être plaisant. Je pense par exemple à la scène du téléphone (l’appel de Johnny d’outre-Atlantique) qui, en étant carrément sur-jouée, frise le ridicule. En revanche, il y de beaux moments de comédie pure vraiment amusants comme la scène da la boîte de nuit qui réunit les deux rivaux Thierry et Patrick, ou les efforts pathétiques de Patrick pour se décoincer…
Accalmies passagèresEnfin, en dépit de leur belle volonté, de la sympathie qu’ils dégagent et de la qualité de leur jeu, on a du mal à trouver crédibles les deux couples. Difficile d’admettre qu’une femme au tempérament de feu comme Hélène puisse s’enticher d’un scientifique au charisme d’endive comme Patrick. De même qu’on peut trouver peu plausible le couple formé par Marie-Annick et Thierry.
En conclusion, il n’y a aucun reproche à formuler vis-à-vis des comédiens. Valérie Vogt a de l’énergie à revendre. Dounia Coesens est adorable, naturelle, drôle et émouvante, toujours juste, elle a vraiment de l’avenir (seulement, pour ma part, je la trouve trop jeune pour le rôle). Pasquale D’Inca en ours mal léché, maladroit et attachant fait preuve d’une grande présence comique. Grégory Questel nous offre une composition en tout point remarquable ; il apporte au personnage de Patrick beaucoup de véracité

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