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Les reflets d’argent de Susan FLETCHER

Par Lecturissime

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L’auteure :

Susan Fletcher est née à Birmingham en 1979.Les Reflets d’argent est déjà son quatrième roman, aprèsUn bûcher sous la neige,Avis de tempête etLa Fille de l’Irlandais (tous disponibles chez J’ai lu), qui s’est vendu à plus de 50 000 exemplaires en France et a reçu le prestigieux prix Whitbread (l’équivalent du Médicis au Royaume-Uni).De plus en plus connue et reconnue en France, Susan Fletcher confirme à chaque nouveau roman un talent hors norme et s’impose à présent parmi les écrivains de la nature, comme une voix singulière, sensible et rare.

L’histoire :

Une légende raconte qu’il y a très longtemps un homme, pleurant son amour perdu, entendit sur une plage de l’île de Parla, une voix portée par le vent, ce mot soufflé par la mer : Espère. Il se tourna alors vers le large et vit une silhouette flotter dans la mer déchaînée. Puis disparaître sous l’eau. Le corps, celui d’un homme, se terminait par une queue de poisson.
Ce jour-là, sur cette même rive, le jeune Sam Lovegrove découvre le corps d’un inconnu, il s’approche terrorisé, croyant faire face à un cadavre. Puis recule en criant, car l’homme n’est pas mort. Sur l’île, cette apparition bouleverse chacun, tout comme les cheveux noirs et la barbe de cet inconnu, qui réveillent les souvenirs d’un disparu.
Tout à coup, les légendes semblent réelles, les hommes semblent réécrire l’histoire de l’île, ramasser ses mythes sur le rivage, leurs espoirs bouillonnant dans les flots comme autant de reflets d’argent sous le vent.

Ce que j’ai aimé :

Le souffle romanesque de l'auteur se fait sentir dés les premières pages du roman. De la même façon que Susan Fletcher crée des romans pour encenser et magnifier la réalité, ses personnages  ressentent profondément au plus profond d'eux-mêmes le pouvoir salvateur de l’imagination. Si les histoires peuvent  permettre à un être de supporter deuil, souffrance, douleur, elles sont plus que légitimes, elles deviennent alors essentielles. 

« Peut-être y a-t-il des flocons d’argent dans les champs et un monde sous-marin. Peut-être les phoques ont-ils un cœur humain et connaissent-ils l’amour, ou le sentiment amoureux – et peut-être croira-t-elle chaque histoire qu’on raconte. Pourquoi pas ? » (p. 140)

Les habitants de cette île du bout du monde sont attentifs aux signes, aux chansons et aux légendes légués par leurs ancêtres, ces histoires qui ont bercé leurs enfances pour les aider à se construire et à appréhender le monde qui les entoure. 

« Quand reverrai-je mon grand amour ?

Bientôt, disent les eaux ; bientôt, dit le vent.

Quand reverrai-je ses yeux marron ?

Bientôt, disent les eaux – bientôt. »

Parmi ces légendes, celle de l’Homme-poisson est au coeur du roman et des esprits quand un homme inconnu et amnésique s'échoue sur les rives de l'île. Et s'il était cet homme mi-homme, mi-poisson chargé d'une mission rédemptrice ? Et s'il pouvait permettre à tous de faire le deuil d'un enfant du pays disparu tragiquement quelques années auparavant...

De nombreuses histoires s’entremêlent : des histoires de rédemption, de pardon, de deuil, mais avant tout des histoires d’amour, de partage.

« Les choses changent. Elle aurait dû se douter qu’une vie d’adulte n’est pas une succession de parties de jambes en l’air sur des balles de foin ni un feu d’artifice, et qu’il est dur de rester amoureux. (…) Elle rêvait de simplement exister. De se mouvoir sans pensée ni sentiment. De mener une existence seulement guidée par des mouvements languissants et cadencés, où personne ne la trouverait, où la vie serait simple – où elle pourrait se contenter d’être. » (p. 232)

« Il arrive tant de choses blessantes, dans la vie. Ca n’arrête jamais, en tous cas jamais très longtemps. Il arrive que les corps souffrent, que l’amour soit tendre et mal partagé, que des hommes pleins de bonté se noient sans que leur corps soit retrouvé. Mais Tabitha sait qu’il existe aussi des jours qui sont autant de cadeaux. Que des vies sont sauvées, contre toute attente. Il y a des moments comme celui-là ; où l’on élague des rosiers à côté de sa soeur qui chantonne, après avoir murmuré, en vous prenant dans ses bras, qu’elle aussi regrette, et que oui, oui – vous aussi lui avez toujours manqué. » (p. 308)

Le merveilleux cotoie des histoires de famille, créant ainsi une atmosphère douceureuse dans laquelle le lecteur se sent bien.

Ce que j’ai moins aimé :

L’impression que l’auteure tire un peu trop sur la corde du pathétique en accumulant les difficultés de l’existence : enfance battue, infidélité, amour à l’épreuve du temps, disparition, maladie incurable, accidents…

Les 460 pages auraient pu être abrégées...

Premières phrases :

« Il était une fois un homme. Barbu et bienveillant. Il vivait sur une île, dans une maison de pierre avec un robinet qui gouttait et un petit feu de tourbe. Il n’avait guère d’amis. Toute sa famille était morte.

Dans sa jeunesse, il avait été vigoureux. Il portait les balles de foin d’une main et montait les sacs de blé jusque sous les combles. »

Vous aimerez aussi :

Du même auteur :  La fille de l’irlandais  ;  Un bûcher sous la neige 

Autre :  Le marin américain de Karsten LUND

D’autres avis :

Clara ; Cathulu

Les reflets d’argent, Susan Fletcher, traduit de l’anglais par Stéphane Roques, Plon, avril 2013, 461 p., 22 euros


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