Chaque matin, Joe traîne au petit déjeuner. Il préfère rater
le car du ramassage scolaire et se rendre au collège à pied. Une petite
escapade à travers bois qui lui offre un peu de répit. Car une fois dans son
établissement, le cauchemar commence. Un cauchemar se prénommant Jason. Avec
son acolyte Oliver, plus suiveur que meneur, cette brute épaisse fait vivre à
Joe un enfer quotidien. Brimades, racket, humiliations, le jeune garçon subit
sans broncher les pires affronts. Ses enseignants voient que quelque chose ne
tourne pas rond mais Joe préfère garder le silence. Son salut viendra d’une
infirmière compréhensive et d’un orignal, une espèce d’élan originaire
d’Amérique du Nord (oui parce que j’ai oublié de vous préciser que cette
histoire se passe au Canada).
Un roman graphique qui aborde intelligemment la question du
harcèlement à l’école. Le processus est décortiqué et révèle de façon
implacable que le harcelé n’a souvent aucune issue. Mais la fin, des plus
surprenantes, prouve une fois de plus qu’il ne faut pas grand-chose pour que
les victimes se transforment en bourreau.
Une chose est sûre, ce n’est pas avec son ambiance graphique
que cet album vous séduira. Trait minimaliste en noir et blanc, quasi absence
de décor, découpage en gaufrier de six cases hyper répétitif, il n’y a pas de
quoi se relever la nuit. Au moins la narration est fluide, c’est déjà pas mal.
De toute façon, l’intérêt est ailleurs.
Après Frangins, Max de Radiguès montre
à nouveau qu’il sait mettre en scène avec justesse les affres de l’adolescence.
Son récit est simple et touchant, il interpelle le lecteur avec pertinence sur
un sujet délicat mais ô combien d’actualité. Bref, voila un album que je vous
encourage à découvrir et qui a tout à fait sa place dans un CDI de collège.
Orignal de Max de Radiguès. Delcourt, 2013. 150 pages. 13,95 euros.