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La révolution égyptienne racontée après coup…..

Par Citoyenhmida

Nous nous souvenons tous de ces derniers jours de l’année 2010 et des premières semaines de janvier 2011, durant lesquelles les écrans de toutes les télévisions étaient envahis d’images en provenance de la place Tahrir, le centre névralgique de la capitale égyptienne en pleine révolution.

Les télévisions nous montraient ce qu’elles voulaient bien nous montrer de cette révolution d’un peuple contre un régime qu’il l’écrasait depuis une trentaine d’année.

Nous nous souvenons tous des scènes de délire populaire  diffusées à longueur de journée par AL JAZERA, alors que les chaines publiques égyptiennes semblaient ignorer totalement que l’Egypte était en train de basculer dans un autre monde, une autre époque!

Cinq mois après, Tristan JORDIS, écrivain-journaliste français, a décidé d’aller sur place recueillir sur place les témoignages directs de ceux qui ont vécu les événements, douloureux autant qu’historiques,  que se sont déroulés durant la révolution.

Il en est revenu, cinq mois après,  avec un livre-documentaire “LE COURAGEUX MOURRA DANS LA BATAILLE” publié en avril 2012 chez les Editions du SEUIL.

le courageux

Avant d’entamer la lecture de ce livre, j’aurais dû me renseigner sur l’auteur : il s’agit d’un passionné d’architecture et d’urbanisme ; il a travaillé dans le journalisme et a réalisé des documentaire ; il a  déjà publié en 2008 un roman basé sur ses investigations sur le milieu de la drogue.

Ces précisions m’auraient permis de mieux appréhender sa méthode, ses préoccupations et le sens de ses observations. En effet, d’une part la ville du Caire – en tant qu’entité vivante – tient une grande place dans son livre. D’autre part, j’ai été étonné par l’importance qu’il accorde à l’usage du hachich, des joints et autres drogues qui semblent, selon l’auteur, être un des pivots de la société cairote, dans toutes les composantes.

Mis à part ces deux remarques, le livre de Tristan JORDIS apporte des éclaircissements qu’aucun des articles journalistiques écrits lors du déroulement de la révolution ne pouvait apporter.

L’auteur donne la parole aux différents acteurs de la révolution, en rapportant directement  leurs propos, exprimés à la première personne.

Le lecteur peut ainsi voir les événements dramatiques de ce début 2011 à travers les témoignages de Ahmed alias Polo Rose, Mohamed  alais Félin, Mohamed alias Roommate, étudiant en urbanisme, Aliya, ex-responsable de la Banque centrale d’Égypte, devenue activiste politique,  Adel, employé dans un atelier de fabrication de cuisine, ou encore celui d’un mystérieux Docteur H.

Grâce à ses contacts sur place, l’auteur a pu ainsi s’introduire dans divers milieux de la société cairote, rencontrer des artistes, des intellectuels, des activistes politiques mais aussi des égyptiens de base, que le révolution n’a pas touchés et aussi des militants des Frères Musulmans.

Il nous fait rencontrer des filles en jean moulant, bière à la main et cigarette à la bouche, des femmes du peuple, des enseignantes, des enfants qui jouent au foot  dans la rue à trois heures du matin.

Il assiste à une envoutante cérémonie souffie, qui se décline en une cascade de danses et de chants mystiques, qui finissent pour nous donner le tournis.

Ainsi, Tristan JORDIS nous promène, à travers cette mégalopole qui le fascine, de rue en avenue, de ruelle en place, en taxi, à pied, de café en bar, de mosquée en appartement, de jour de nuit, nous faisant partager son admiration pour Le Caire et a sympathie pour  ses habitants.

Une fois, le livre fini, nous avons une autre vision de la révolution égyptienne, plus humaine, plus proche, moins stéréotypée que celle que les médias traditionnels nous ont montré, avec tant de manque d’objectivité et d’honnêteté!

On comprend aussi un peu mieux pourquoi les égyptiens se sont encore une fois soulevés, quelques mois à peine après cette révolution,  contre le pouvoir qu’ils avaient pourtant choisi : la révolution de janvier 2011 les a libérés de la peur de l’autorité et de ses attributs!

A lire avec intérêt, mais sans oublier qu’il s’agit du regard  d’un étranger qui connait mal le pays et ses habitants! Mais Tristan Jorids a l’immense mérite intellectuel et moral de le reconnaitre!


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