Lorsque j'ai demandé à Michel, mon désormais célèbre chroniqueur masqué, de bien vouloir m'aider à parler à ma place de certains des bouquins que j'avais reçu, on avait été clair sur la nature du deal: il ne ferait mention que des bouquins qu'il a aimé, étant complétement mutique sur les romans qui lui tombaient des mains...
Jusqu'à présent, tout allait pour le mieux, il aimait tous les romans que je lui ai passé, il faut dire que j'avais assuré mes arrières...et puis j'ai tenté un bouquin d'Albin Michel que je ne sentais pas vraiment, en me disant qu'il serait surement plus indulgent que moi... et en fait, il m'a très vite fait comprendre que celui ci, ca serait difficile d'en dire du bien...
Rompant avec les termes de notre tacite contrat ( ah quel être de peu de paroles je fait), je lui ai quand même demandé d'en dire quelques mots sur les raisons de son aversion pour ce roman, ce qu'il a accepté, mais à condition que dans la même chronique, figure une autre, sur une autre de ses lectures qu'il avait aimé...
Ca tombait bien, c'était le même éditeur qui l'avait publié.... du coup, voici sans plus tarder les hauts et les bas de la relation entre Michel et Albin Michel!!!
1. Delivrance de Jussi Adler Olsen: Sous le pavé, la plage
Une bouteille à la mer, un message vieux de dix ans écrit avec du sang humain, des enfants en danger de mort,l’enquête s’annonce délicate, surtout que le service des affaires classées, expulsé de ses bureaux pour cause de désamiantage, squattent les couloirs du commissariat principal de Copenhague. Pris dans ce chaos administratif et bien sur, comme dans tout bon polar qui se respecte, dans un chaos sentimental et domestique, le vice commissaire Carl Morck va devoir affronter un méchant extrêmement méchant et plonger dans le milieu très fermé des communautés religieuses intégristes qui ont pignon sur rue au Danemark.
On le sait, on l’a écrit, le thriller est un genre difficile et extrêmement codifié, le lecteur en terrain connu doit toujours être surpris, Adler Olsen, vieux routier, connait toutes les ficelles, il en use avec une habileté démoniaque. Ce conte pour adultes nous terrifie avec Barbe Bleue et nous émeut avec Hans et Gretel ,un peu long au démarrage, comme un moteur diesel en pays froid, une fois lancé plus rien n’arrête la machine.
Ancré dans la réalité social contemporaine du Danemark, émeutes, guerre des gangs, racisme, « Délivrance » fait parti de ces livres qui déconstruisent le mythe des société nordiques parfaites. Cet été ,Jussi Adler Olsen sera encore responsable de quelques nuits blanches, car avec ses 670pages et ,850g, il peut vous accompagner quelques longues nuits d'été!!!
2.Zalbac Brothers Karel de la Renaudière : banqueroute totale!!!
Un thriller est un genre difficile, le style doit être vif, rapide, l’auteur doit surprendre à chaque fin de page, le lecteur complètement manipulé ,en apnée ,termine le livre KO debout si, si ce genre de livre existe mais « Zalbac Brother » n’en fait pas partie.
Ici rien n’est surprenant ,tous les personnage sont cousus de fil blanc ,dès les premières pages on sait que le héros ,petit frenchie chauffeur de maitre, va devenir un trader redoutable, trahissant, sans le vouloir le seul gentil camarade de travail au milieu d’un immense bureau open, panier de crabes, space rempli de requins habillés en Prada, ce qui lui posera de gros problèmes de conscience, heureusement qu’il joue divinement du violon dans le penthouse au 48e étage de son immeuble au cœur de Manhattan, mais il est seul, si seul .
Le très, très grand patron obligé d’être très, très méchant avec ses employés qui sont prêts à le trahir pour prendre sa place, lui qui a beaucoup travaillé pour arriver là ou il est mais qui se sent incompris et tellement mal aimé, c’est vrai quoi à la fin, ce n’est pas de sa faute si il est riche et méchant c’est parce c’est les autres qui ont commencés et que lui il aime le jazz et les violonistes, ça tombe bien il vient d’en rencontrer un qui conduit une voiture de maitre.
Le personnage féminin, riche héritière d’un groupe ,d’un très grand groupe de luxe, Français of course ,elle est révoltée, rebelle, sexy, jeune et seule, si seule et incomprise et en plus elle ne porte pas de culotte(page 70).
Difficile d’aller au-delà de la page 70 pour les raisons ci dessus , mais le style ?, me demanderez vous. Et bien disons simplement que , bien qu’un personnage s’appelle Dickens et que Zalbac est l’anagramme de Balzac (l’auteur ose décidemment tout surtout le ridicule) nous sommes loin de la littérature du XIXe mais plutôt proche de celle du dernier quart du XXe en Angleterre, un style qui rappelle ’Enid Blyton, d’ailleur le livre aurait pu s’appeler « le club des 5 à Wall Street »ou bien » Oui-Oui s’est perdu à Cental Park ».
Que Karel de la Renaudière me pardonne, mais définitivement, ses livres ne sont pas pour moi!!