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Le garçon qui n'existait pas : Patrice Leconte en ferait-il (un peu) trop?

Par Filou49 @blog_bazart

 garcon

Patrice Leconte, je vous en avais donné des nouvelles il y a peu plus d'un en vous parlant de son avant dernier film, "Voir la mer", que je venais alors tout juste de voir.

Il faut savoir que l''homme, dont je vous ai dit à cette occasion, tout le bien que je pensais de lui, et surtout des films qu'il avait réalisé il y a encore une dizaine d'années,  est un vrai stakhanoviste qui n'arrête jamais.

Depuis  ce dernier article sur lui, figurez vous qu' il a réalisé un film ( le Magasin des suicides, un dessin animé d'après un roman de Jean Teulé, et que je n'ai pas encore vu ), en a un autre en post production (une autre adaptation, mais ce coup ci d'un roman de Stephan Zweig, c'est autre chose) et a trouvé le temps d'écrire un bouquin, son troisième roman,"le Garçon qui n'existait pas", paru en mars dernier aux éditions Albin Michel et dont je viens juste d'achever la lecture.

Bref, Patrice Leconte n'arrête pas, et si je peux tout à fait comprendre cette frénésie qui l'anime  ( c'est qui qui écrit des articles de blogs plus vite que son ombre et qui ne peut se poser une petite minute, même en vacances?) on a quand même, à la vision de ces récentes oeuvres, cinématographiques ou littéraires, le  net sentiment que Leconte bacle un peu trop ses projets, et devrait quand même mettre un peu la pédale douce.

Car dans "ce garçon qui n'existait pas", le premier roman que je lis de lui, Leconte s'essaie à la fable avec une histoire d'un garçon, qui comme le titre l'indique, se voit complètement transparent aux yeux d'autrui tant personne ne l'a jamais remarqué depuis qu'il est tout petit. Et ce type, un beau jour, et pour l'amour d'une femme, une collègue de travail qui ne le remarque pas plus que les autres gens, décide de faire un geste insensé :  faire la traversée à la nage la mer qui sépare l'Angleterre de la France ( tiens petite cohérence dans l'oeuvre de Leconte, on est toujours dans la mer), plus exactement effectuer à la nage le trajet Douvres-Calais alors qu'il sait à peine nager…

Bref, c'est un court roman qui vire assez largement sur les frontières de l'absurde avec ce personnage dont la transparence peut l'amener dans des situations parfaitement incongrues. Parfois, Patrice Leconte exploite d'une assez jolie manière l'invisibilité et la folie douce de son anti héros,  notamment lorsque celui lui donne  un don d’ubiquité,  soit en exercant plusieurs professions en même temps ( dont celle de détective privé puisqu'il peut filer sans jamais être vu), soit en  ne règlant pas ses achats dans les boutiques, puisque qu’aucun vendeur, aucune caissière ne daigne lui prêter la moindre attention quand il souhaite le faire.

 Cette idée qu'on a tous plus ou moins ressenti au moins une fois (euh moi c'est un tout petit peu plus) dans sa vie d'être invisible au regard des autres est en effet une belle idée de départ pour un roman,  car comme je le disais dans ma dernière chronique littéraire sur le roman de  David Nicholls,  j'ai toujours plus d'affinités au départ pour suivre les mésaventures des loosers , des fragiles, des timorés, qui ratent tout ce qu'ils entreprennent, que pour celles des héros sans faille et sans tache.

Mais encore faut il que ces anti héros aient untant soit peu d'épaisseur et de crédibilité. Et malheureusement,  la volonté de n'aborder  cette idée uniquement  sous l'angle de la farce  et du non sens présente vite ses limites et surtout rend le procédé tout à fait artificiel. 

On a beau faire des efforts, on n'y croit jamais vraiment à cette histoire de type totalement invisible qui va renaitre en pleine traversée solitaire.

Et lorsqu'en pleine traversée maritime, alors qu'il est au bout du rouleau et sent ses forces l'abandonner, notre héros est sauvé par l'intervention de deux dauphins qui se tapent dans la main pour l'encourager, là on se dit que Monsieur Leconte aurait quand même besoin de vacances....oui oui, à la mer, pourquoi pas si Patrice aime tant l'air marin...


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