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Quel effet ça fait de… partir en Erasmus ?

Publié le 02 août 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Aujourd’hui on vous explique comment ça se passe de quitter le pays quelques mois pour partir en échange Erasmus. On passera sur les formalités administratives, pour cela allez demander à la dame avachie au bureau mobilité internationale de votre fac.

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On t’a vu, toi le petit étudiant en licence qui se tâte à partir un semestre ou deux à l’étranger. Et bien vas-y le jeune, just do it ! Erasmus est une des plus belles choses qui puisse arriver à tout être humain. Rien que cela.
Créé en 1987, ce programme pour la mobilité des étudiants européens permet chaque année à plus de 200 000 chanceux de partir. Aujourd’hui le dispositif est menacé par la baisse constante des bourses allouées, crise oblige ; le budget qui y est consacré représente seulement 2% du budget global de l’UE. Pourtant l’enseignement supérieur constitue un gage de compétitivité dans l’avenir. La mobilité stage ouvre des possibilités pour tisser des liens avec un futur employeur et arranger son CV. Découvrir un autre système éducatif, être confronté à d’autres cultures font aussi partie des apports bénéfiques d’une année à l’étranger, tout comme les nombreux concerts, musées que vous aurez l’occasion de faire en voyageant. Les voyages forment la jeunesse, dit-on.
Les interactions avec des étrangers permettent de confronter des perspectives et des opinions. Ainsi, tout étudiant se retrouvera peut-être dans ces quelques situations improbables et pourtant pas toujours dénuées de sens : discuter du rôle de l’UE avec une Allemande et un Grec, faire un débat sur le dopage avec des Espagnols, parler du mouvement philosophique situationniste avec un pizzaiolo belge, chanter en basque avec un basque…
Un mot sur l’emploi du temps : rarement plus de 30 heures de cours en deux mois, ce qu’un élève de prépa fait environ en deux jours. Partant de là, cet échange vous apportera plus sur le plan humain que scolaire, si ce n’est de réels progrès en langue.

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Erasmus Orgasmus

Cette expérience humaine, un pote me la résumait à merveille en une phrase, que par souci d’authenticité et d’exactitude je ne traduirai pas : « That’s what Erasmus is all about : get drunk, dress like idiots and speaking other languages». On est finalement assez proche de L’Auberge espagnole de Cédric Klapish. Cet échange ne s’avère pas être non plus un saut dans l’inconnu : le programme est tellement structuré que dès votre arrivée, la fac d’accueil vous prend en charge avec des programmes d’intégration qui marquent en beauté le départ d’une année riche en voyages, rencontres, soirées qui s’écriront dans votre vie au marqueur indélébile.

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Créateur et destructeur de couples, ce séjour est l’opportunité de se faire des potes partout dans le monde, autant de pied-à-terre qui peuvent s’avérer utiles dans l’avenir. L’occasion aussi de confirmer la véracité de certains stéréotypes : les Allemands aiment la bière, les Anglais sont perchés, les Espagnols parlent forts, les Français ont des clichés sur les autres…
On même temps qu’on apprend la vie on retombe un peu en enfance en Erasmus ; ou on devient un peu surfait, c’est selon. En témoignent ces quelques expériences : faire un lipdub en 2013, poser devant le Maneken Piss, aimer se déguiser pour les soirées ESN… Les soirées tiens, parlons-en ! Ah non, ce qui se passe en Erasmus reste en Erasmus…

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Le retour

Le temps file d’autant plus vite pendant cette parenthèse de quelques mois de bonheur, comme si les secondes subissaient la même conversion que les pièces de monnaie, un taux de change temporel en quelque sorte.
Attention, ne pas se faire de fausses attentes en croyant que partir en Erasmus vous change un homme/une femme du point de vue de sa nature, son caractère. En revanche, c’est la manière de voire les choses qui se trouve souvent relativisée. Ce n’est pas pour rien que le programme a été baptisé d’après le nom d’Erasme, penseur indépendant du XVIème siècle sorti de l’asservissement intellectuel qu’est la religion, pour combattre le fanatisme religieux, national ou philosophique. C’est une sorte d’ouverture d’esprit qui s’opère, et même si en se comparant aux autres nations on apprend à mieux se définir, on en ressort pas pour autant plus fier de son pays. D’où l’idée de donner du corps à la notion de citoyenneté européenne. 

Le décalage entre votre univers d’expatrié et les amis et la famille restés à la maison est un peu difficile à surmonter. Il y a comme une barrière dans le dialogue malgré la bonne volonté de vos interlocuteurs. D’où la difficulté de raconter certaines anecdotes et situations. Vos amis n’étaient pas là le jour où vous avez fait 300 bornes en auto-stop pour aller dans un bled paumé, il n’étaient pas là pour vivre l’ambiance des boîtes berlinoises ou la magnificence des fjords norvégiens, ils n’étaient pas là non plus à cette soirée où un Australien a traversé le dancefloor à poil.

Evidemment ce n’est pas en partant un an en Erasmus qu’on augmente son espérance de vie. En général deux penchants se développent : une tendance à devenir légèrement alcoolique, et à devenir gros(sse). Enfin, il est assez dur de devoir faire une croix sur une nouvelle vie qu’on s’était à peine construite, et dans laquelle on se sentait bien. Fini, le melting-potes international, terminé de sillonner le vieux continent à la découverte de nouveaux endroits. Bref, il faut s’y faire et affronter cette déprime post-Erasmus tant redoutée.
Mais cela fait du bien aussi de revenir à la réalité en rentrant en France, ambassadeur n°1 de la bonne bouffe. Les chocolatines, le bœuf bourguignon de Maman, les vrais espressos (à 1€) font partis des délices culinaires bleu-blanc-rouge qui peuvent manquer.
Une fois de retour, vos potes sont pour la plupart toujours là, fidèles à eux-mêmes. Les mêmes vannes, le même QG, au final rien ne change vraiment. Le temps se distend, la mémoire se distord. L’impression d’être allé un mois en vacances se mélange avec celle d’être parti pendant trois ans. Les si nombreuses choses vécues en si peu de temps donnent raison à ce proverbe sorti d’on ne sait où : « il faut rajouter de la vie à ses années et non des années à sa vie. »

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