Interview découverte | solo : dreampop à dévorer

Coup de cœur du jour : Solo ou Solo Major est le projet solo d’un jeune musicien anglais. Nouveau et pourtant déjà très mature, il distille une dreampop sucrée et exquise. Un son identifiable dès les premières notes de guitares, nonchalantes et précises, accompagné d’une voix extrêmement douce, aérienne même. Dur de ne pas succomber aux charmes de ce londonien bourré de talent qui rappelle Summer Heart ou Work Drugs, en session acoustique.

Nous on est tombé amoureux de ce son, de ces chansons parmi lesquelles Alone Tonight, Dream Of Love ou encore la toute récente Sympathy : magiques.

On a voulu en savoir plus sur lui, son projet et la composition de ses pastilles de plaisir. Entretien.

  »Je compose d’une façon presque classique et orchestrale »

ATD. Tu peux rapidement présenter ton projet qui est assez récent je crois ?

SOLO. SOLO, c’est mon projet de dreampop acoustique que j’ai créé l’année dernière mais sur lequel je travaille plus sérieusement  depuis début 2013. C’est un son que je crée avec l’utilisation de boucle et de superposition de lignes de guitares.  De ce fait, la pop que je compose est écrite d’une façon presque classique et orchestrale plutôt que comme le font typiquement les groupes.

ATD. Ton nom SOLO, c’est parce que tu travailles en solo ?

Je m’appelle Solomon Major mais tout le monde m’a toujours appelé Solo. Comme je compose en solo, c’est une heureuse coïncidence.

ATD. Tu décris ta musique comme de la dreampop ? Qu’entends-tu par-là ?

SOLO. J’ai découvert ce type de musique, la dreampop, il y a quelques années et j’en suis tombé amoureux. Je trouve que la pop «classique»  est parfois trop franche et directe dans son message. La distinction que je ferais avec la dreampop c’est le style d’écriture qui est plus poétique et aborde principalement les émotions. Il y a aussi les décisions stylistiques des artistes qui ajoutent souvent de la reverb et cette «atmosphère» qui permet un sentiment de distance entre l’auditeur et la musique. Cependant, la dreampop est techniquement de la pop donc elle recherche à être immédiatement catchy même si elle tend à rester un peu plus mystérieuse et «cachée».

 ATD. Quand j’écoute tes morceaux, j’ai envie de tomber amoureux, c’est fait exprès ?

SOLO. A 100 % !  Ma musique est principalement optimiste, heureuse et agréable. Après, j’essaye d’utiliser des progressions d’accords qui évoquent le chagrin, une sensation d’insatisfaction et d’attente.

ATD. Ça me rappelle un peu Summer Heart et Work Drugs, la musique et les thèmes abordés. T’es d’accord avec ça ? Et peut-être un peu The Temper Trap aussi.

SOLO. Je comprends que je puisse être comparé à eux. Après je pense que les deux ont un esprit plus électronique et « dancy », notamment dans les percussions qu’ils utilisent. Mais j’aime beaucoup leurs voix et la façon dont sonnent leurs guitares. Pour les derniers, je peux voir les ressemblances aux niveau des sons de leurs guitares et de certains synthés. J’aime beaucoup ce qu’ils font mais je considère ma musique comme plus rêveuse et surement plus retenue dans les chansons « heureuses ». Ce n’est pas à eux que je penserais directement.

ATD. Ton son à toi de guitare, il est en même temps nonchalant et précis, comment tu arrives à ce résultat ?

SOLO. En fait, je fais s’accumuler, se chevaucher et se fondre les unes dans les autres les lignes de guitares. C’est un tout qui se met en place et se répète tout au long de la chanson. Puis, quand il y a un changement d’accord, chaque ligne de guitare, normalement entre 10 et 15, s’harmonise et crée cet accord quelques instants. C’est comme ça, je pense, que la track peut avoir cette atmosphère détendue tout en étant précise et passionnée.

ATD. C’est quoi tes principales influences ?

SOLO. Principalement Wild Nothing, Beach House (deux très bonnes covers par ici, ndlr), Craft Spells and Real Estate. Ha ouais, aussi The Tallest Man On Earth pour son incroyable picking à la guitare et l’émotion qu’il parvient à transmettre via ses chansons. Les gens ont tendance à penser que je m’inspire de groupes plus «anciens» mais je préfère la musique que les gens apprécient aujourd’hui et comment il est possible de s’en inspirer pour avancer encore.

ATD. Tu habites à Londres, comment ça influence tes compositions ?

SOLO. J’habitais tout en haut d’un immeuble et j’avais une vue fantastique sur la ville toute l’année. Ça a définitivement inspiré mon EP «Daytime». Je pouvais voir toutes les couleurs du ciel tout au long de la journée, comment le ciel rejoint l’horizon et l’influence que ça avait sur mon humeur. Tellement de choses ont changé depuis mon arrivée à Londres que je me sens « surréel » tout le temps, ça a aussi beaucoup aidée pour ajouter le côté dream de ma dreampop.

 Je préfère que les gens aient quelques unes de mes chansons avec eux et les apprécient qu’avoir moi quelques livres sterling dans ma poche. 

ATD. Tu parles de l’influence de ton humeur sur ta musique. C’est une des raison pour lesquelles tu fais de la musique, cette connexion émotionnelle ?

SOLO. La musique m’affecte plus fortement que tout le reste et je trouve qu’utiliser la musique comme une forme d’expression est une expérience très profonde et spéciale.

ATD. Solo est un projet solo comme tu me l’as dit, pourquoi ? C’est pas plus dur à monter ?

 SOLO. Ça ne me dérange pas de jouer avec d’autres gens. Après, j’essaye de garder ce projet aussi personnel que possible. Le style de la musique, les paroles et l’ambiance sont une réflexion de moi-même, d’une façon ou d’une autre.

 ATD. Comment tu joues en live seul ?

 SOLO. J’utilise un portable et un Launchpad pour lancer les ensembles de boucles pré-enregistrer de guitares, batterie, synthés et harmonies vocales. Je recrée ainsi mes morceaux et j’y ajoute des solos de guitares. Je chante et joue de la guitare en live dessus. C’est vrai que c’est une configuration un peu inhabituelle pour ce style de musique.

ATD. Toutes tes chansons peuvent être téléchargées gratuitement sur ton SoundCloud. Perso, je pense que tu as raison. Trop d’artistes débutants essayent de faire payer des chansons que personne n’achètera. Comme ça, tu permets au gens de te suivre et de partager plus facilement ta musique. Bref, c’est pour ça que tu le fais ?

SOLO. Je pense que à cette étape de ma carrière, je veux que le maximum de personne écoutent et réagissent à mes compositions. C’est pour ça que je les rends toutes gratuites. Je préfère que les gens aient quelques une de mes chansons avec eux et les apprécies qu’avoir moi quelques livres (sterling, ndlr) dans ma poche. 

ATD. J’aime beaucoup tes artworks et tes visuels en général. Tu penses que musique et « style », mode même, sont liés ?

SOLO. Cheers ! Totalement. Bien que la musique soit ma forme d’art préférée, une fois que tu composes tu présentes également toi, ta personne, et donc une image de toi-même. Les gens ont besoin d’un stimulus audio et visuel pour se forger une idée juste et concrète de toi. C’est pour ça que je fais très attention aux choses comme les pochettes d’albums et les photos qui me représentent. Pour que les gens aient déjà une idée du projet avant d’écouter ma musique. J’ai vraiment hâte de faire des clips et j’ai l’impression que c’est encore un autre monde passionnant à explorer. Tu parles aussi de la mode et … je vais faire un live pour la London Fashion Week au Museum Of London. Ouais, la mode et la musique sont définitivement liées.

ATD. Cool ! Si t’allumes ton Ipod maintenant, quelle chanson est en lecture ?

SOLO. Ode To Viceroy de Mac Demarco. Je l’écoute tous les matins.

ATD. La suite pour toi, tu l’envisage comment ? On te voit sur Paris bientôt ?

SOLO. J’ai quelques lives de prévus aux alentours de Londres dans les deux prochains mois. Après je pense enregistrer mon prochain single en studio, faire un clip, et j’espère faire une tournée dans le Royaume Uni si je trouve un agent de com efficace. J’envisage Paris aussi ouais, j’ai toujours rêvé d’y jouer donc gardez les yeux ouverts !