Maître André, un notaire un peu ridicule, réveille sa femme, Jacqueline, à six heures du matin pour lui apprendre que l’un de ses clercs, Landry, a vu un homme escalader le mur de leur maison et entrer dans la chambre de la jeune femme. Il lui demande des explications, elle fait celle qui ne comprend pas de quoi il s’agit. A l’issue de cette discussion, Jacqueline va délivrer de l’armoire où elle l’avait enfermé, son amant, Clavaroche, un officier des dragons, qui lui suggère de trouver ce qu’il appelle un "chandelier", c’est-à-dire un soupirant, qui lui fera la cour ouvertement, et qui, ainsi, détournera sur lui les soupçons de Maître André. Jacqueline ne tarde pas à s’apercevoir que le troisième clerc de son mari, un adolescent prénommé Fortunio, est amoureux d’elle, et elle le choisit comme chandelier en utilisant un petit stratagème destiné à le rapprocher d’elle. (…)
J’ai trouvé qu’il y avait dans cette pièce beaucoup d’influences très diverses : si Maître André semble un personnage tout droit sorti d’une comédie de Molière, Clavaroche fait plutôt penser aux caractères cyniques et libertins du 18è siècle, pendant que Fortunio est le type parfait du jeune héros romantique, sensible et pur, qui fait penser au Coelio des Caprices de Marianne.
Fortunio est le jouet des manigances du couple un peu pervers formé par Jacqueline et Clavaroche, mais, s’il est leur jouet, ce n’est pas par bêtise ou par naïveté – bien au contraire – c’est parce qu’il obéit à un idéal amoureux particulièrement élevé, qui lui fait tout pardonner à la femme aimée.
Le personnage de Jacqueline est également intéressant dans la mesure où elle semble alternativement manipulatrice puis généreuse et humaine. Elle trompe, elle ment, elle semble ne penser qu’à son intérêt immédiat, mais aux moments importants elle révèle son grand coeur et sa grandeur d’âme.
Chose intéressante à noter : la pièce finit bien !