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Les Damnés- La lignée des Petrova- Prologue et Chapitre 1

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Voici donc le troisième et dernier tome de cette fanfiction à rallonge!

Un petit rappel de la situation avant de commencer.

Anya a perdu la vie pour venir en aide à Klaus qui a préféré quitté la Bulgarie. Elijah a choisi de partir avec lui mettant fin à son histoire avec Noura tant pour protéger la famille de cette dernière que pour veiller sur son frère toujours obnubilé par cette malédiction qui bride son côté loup-garou.  Si dans le tome précédant, Klaus avait quasiment réuni tout ce qu’il lui fallait pour la briser, Viktor son père et Véra, une sorcière qui l’a trahi, ont tout remis en cause. Il ne possède plus la pierre de lune qui lui permettrait de procéder au rituel et la mort d’Anya, dont le sang était la clé, l’oblige à garder en vie la famille Petrova pour espérer voir réapparaître dans les futures générations le double.  Quant à Noura, transformée par vengeance par Klaus, elle veille sur les enfants de sa soeur mais aussi sur le grimoire de ses ancêtres tout en fuyant le Conseil, un ordre ancien de sorciers qui ne rêvent que d’exterminer les vampires.

La lignée des Petrova se situe 15 ans après la mort d’Anya.

Rating: -14

Les personnages de The Vampire diaries ne m’appartiennent pas.  Je ne touche aucun profit financier de cette histoire. En revanche, les OC et tout ce qui ne concerne pas la série m’appartiennent et tout plagiat est interdit sans mon accord. 

Le prologue et le chapitre 1 adoptent un point de vue particulier mais à partir du chapitre 2 vous retrouvez une narration à la 3eme personne.

Prologue : Le réveil

Les pentes escarpées de l’étroit passage, ménagé entre les deux versants des falaises, oppressaient les trois cavaliers et leurs montures.  Leur progression, déjà considérablement ralentie par l’épaisse couche de neige tombée dans la nuit, l’était encore davantage  par les bourrasques glaciales qui s’engouffraient en sifflant dans cet espace exigu. J’aurais voulu les oppresser et les ralentir davantage ou mieux : les étrangler de mes propres mains. Je regardais impuissante ces têtes recourbées et ces visages dissimulés par leurs capes avancer inexorablement vers ce qui allait une fois de plus mettre ma famille en danger.  Murés dans un silence que seul le cri strident du vent et le souffle court de leurs chevaux venaient briser, les cavaliers passèrent à ma hauteur sans se douter de ma présence.

Comment l’auraient-ils pu ? Moi qui n’étais plus qu’un souvenir, un léger souffle que certains percevaient parfois en tressaillant. Dans ces rares moments, où je revenais l’espace d’un bref instant dans le monde des vivants, je les voyais se figer puis regarder vivement autour d’eux avant de chasser cette idée saugrenue et dérangeante de leur esprit.

Je crus un moment que les chevaux avaient perçu ma présence, l’un d’eux s’arrêta devant moi et s’ébroua bruyamment faisant s’échapper de ses naseaux des volutes épaisses qui se dissipèrent dans le froid glacial. Un violent coup d’éperon de son cavalier impatient lui fit reprendre rapidement sa route.  Les trois hommes chevauchèrent encore péniblement plusieurs minutes avant de déboucher sur une impasse plus large cernée d’escarpements rocheux et désertée par la végétation. Tout autour d’eux, des cavités naturelles plus ou moins profondes s’étaient creusées au cours des siècles dans les parois  abruptes.

Les bottes des cavaliers s’enfoncèrent dans la neige immaculée lorsqu’ils mirent pied à terre dans un même mouvement. Ils délaissèrent leur monture et se dirigèrent vers l’une des cavités obstruées par un amas de roches.

- C’est là? demanda l’un d’eux en ôtant sa cape de son visage.

Celui à qui l’homme s’adressait opina du chef en guise de réponse :

- Laissez-moi quelques minutes pour briser le sort qui en protège l’entrée, répondit-il en avançant.

Les deux autres patientèrent, les yeux rivés sur leur camarade qui ânonnait devant eux l’incantation  qui allait leur permettre de retrouver ce qu’ils cherchaient depuis si longtemps et dont l’image me hantait encore.

- C’est fait. Vous pouvez entrer sans risque maintenant, dit-il en s’écartant pour laisser ses deux compagnons dégager les rochers qu’ils soulevèrent sans le moindre mal.

L’entrée de la grotte ne tarda pas ainsi à être libérée et les trois hommes s’empressèrent de s’engouffrer dans le boyau sombre et humide. Plus ils s’enfonçaient plus le claquement régulier de leurs bottes sur la roche dure se répercutait lugubrement dans les profondeurs obscures. Les sens surnaturels des deux vampires leur permettaient d’évoluer  dans les entrailles de la montagne comme en plein jour et d’éviter les protubérances naturelles  qui saillaient des parois et  leur barraient parfois le chemin. Le troisième qui les suivait loin derrière tentait tant bien que mal de garder sa torche allumée malgré les forts courants d’air qui balayaient l’endroit.  Après de longues minutes de marche et à mon grand désespoir, ils parvinrent enfin à leur but. Devant eux, un sarcophage de pierre reposait dans un renfoncement rocheux. Les deux vampires s’en approchèrent et firent basculer le lourd couvercle d’un geste ample sous le regard fasciné et inquiet du sorcier resté en retrait.

Le visage grisâtre de Viktor fit face à celui de ses deux fils alors qu’ils se penchèrent au dessus du cercueil de pierre. Le plus jeune  lança un regard inquiet à son aîné lorsque ce dernier empoigna la dague qui transperçait le cœur  de son père et stoppa son geste en posant une main sur la sienne.

- Qu’est-ce qui te prend, Neklan ? demanda Vlad en fronçant les sourcils devant l’hésitation soudaine de son frère.

- Je ne peux pas m’empêcher d’appréhender sa réaction : il est resté là pendant 15 ans avant qu’on ne le retrouve, les Petrova et Klaus sont encore vie, nous n’avons pas retrouvé la pierre de lune et nous ne savons même plus où se trouvent Stanislas et Finn, s’inquiéta le cadet des frères.

Vlad ignora les craintes du plus jeune et retira d’un geste vif le poignard qui maintenait son père dans le sommeil.

- C’est précisément pour toutes ces raisons que nous sommes là, reprit calmement Vlad en regardant avec attention les gravures qui ornaient le manche de la dague  avant de la ficher dans sa ceinture.

Le temps se figea dans cette grotte, suspendu au souffle de celui qui avait causé ma perte. Je regardais, pétrifiée, son visage reprendre peu à peu vie, ses yeux sans âme  s’ouvrir sur l’obscurité. Lorsque Viktor se releva, son regard me traversa pour se poser  sur ses deux fils et sur leur complice. Le sorcier soutint ce regard froid et inquisiteur qui se posait sur lui. Un sourire torve se dessina sur ses lèvres à l’idée de mettre enfin à exécution un plan minutieusement préparé grâce à ces trois vampires. Moi, je ne voyais en lui qu’un monstre de plus qui allait sournoisement s’introduire au cœur de ma famille  et tenter de causer la perte de Noura sans que je puisse intervenir. Voilà ce que j’étais devenue : une ombre, une spectatrice impuissante face à des événements qui allaient à nouveau bouleverser la vie de mes enfants, de leur père et de ma sœur…

Chapitre 1 

 Deux mois plus tard.

- Comment j’ai pu faire un tel  carnage ? J’ai pourtant suivi les consignes à la lettre pour une fois, se lamenta Noura complètement dépitée  devant l’horreur qu’elle avait sous les yeux.

- Mais non, ce n’est pas si terrible que cela. Je trouve même que tu t’améliores. La dernière fois, tu as dû y aller à coup de ciseaux pour ne pas que j’étouffe. Là, au moins je peux respirer, la rassura Maïa  en se contorsionnant devant le miroir pour tenter de trouver un semblant de symétrie dans ce qui originellement devait ressembler à une robe.

Maïa croisa le regard sceptique de sa tante qui les bras croisés sur la poitrine contemplait son chef d’œuvre raté dans le reflet du miroir  avec une moue de déception.

- Qu’est-ce que tu en dis, Ivan ? interrogea Maïa en jetant un regard appuyé vers son frère  perdu dans la contemplation de la neige qui tombait dehors à gros flocon, en espérant que ce dernier viendrait appuyer ses dires.

- J’en dis que c’est une chance que Noura ait l’éternité devant elle, ça ne lui sera pas de trop pour apprendre à coudre. Et j’en dis aussi tu ressembles à un bénédictin enceinte de cinq mois, railla-t-il en lançant un rapide regard  par-dessus son épaule.

Les deux femmes se jetèrent un regard outré dans lequel apparut très vite une lueur malicieuse et complice. Dans un accord silencieux, chacune s’empara d’un coussin qu’elles  lancèrent dans un même mouvement à la tête d’Ivan qui se massa l’arrière du crâne en grognant lorsque celui jeté par Noura le percuta un peu plus violemment.

Je regardais, attendrie, ces moments de complicité que Noura s’ingéniait à aménager au quotidien. Ma petite sœur avait bien changé au cours de ces années. Qui aurait cru que la gamine insupportable et indisciplinée qu’elle était lorsque tout a commencé s’acquitterait aussi brillamment d’un rôle de mère que ma mort lui avait brutalement imposé ?

Une vie la plus normale possible malgré les obstacles inévitables et les menaces qui rôdaient toujours, voilà ce qu’elle s’était efforcée de construire autour de mes enfants. Une vie où désormais la magie, qui avait conduit notre famille à notre perte, était bannie depuis qu’elle avait bridé à jamais leurs pouvoirs.

Au fil du temps, son immortalité, mais aussi la peur d’être retrouvés par le Conseil ou les originaux, les avait contraints à partir, à parcourir le pays comme le faisait autrefois notre peuple. Aux yeux des habitants de ce village, dans lequel ils s’étaient installés depuis peu, elle ne pouvait être que l’aînée d’une fratrie couvée par un père veuf et attentionné ; une grande sœur qui veillait farouchement sur sa cadette enceinte dont l’époux était parti en campagne militaire et qui n’hésitait pas à débouler comme une tornade dans la taverne pour en faire sortir  son insupportable frère avant qu’il ne soit mêlé à une rixe quelconque.

Leur existence s’était organisée sans moi, trouvant avec le temps un équilibre. Mais derrière cette sérénité et cette banalité familiale apparente, le poids de notre histoire refaisait parfois subrepticement surface. Il apparaissait  dans une imperceptible crispation sur le visage de ma fille lorsque son regard se posait sur son ventre qui s’arrondissait semaine après semaine, dans les yeux de mon fils dans lequel brillait une colère trop souvent mal contenue, dans les épaules voûtées de Milan devant ce fils qu’il avait de plus en plus de mal à comprendre.

Les larmes silencieuses de Noura étaient sans doute ce qui me pesait le plus ; ces larmes qu’elle dissimulait aux yeux des siens pour ne montrer que cette image trompeuse de femme au caractère emporté et sûre d’elle.  J’ignore si Milan et mes enfants étaient dupes de ce rôle qu’elle s’efforçait de jouer au quotidien ou s’ils trouvaient eux-aussi un certain réconfort à l’idée de pouvoir se reposer sur elle en toutes situations. Mais une chose était certaine, en revanche, l’homme qui s’avançait dans la cour, à cet instant, ne l’était pas, lui. Il n’avait que trop bien décelé les fêlures de cette carapace et s’y était sournoisement engouffré, se jouant de ses doutes, de ses peurs, de ses regrets pour mieux s’infiltrer au sein de ma famille.

-  Tu as de la visite Noura, annonça Ivan qui, remis de l’attaque des deux jeunes femmes, ne s’était toujours pas éloigné de la fenêtre.

Noura délaissa le rangement des ciseaux, aiguilles et autres objets qu’elle ne maîtriserait probablement jamais pour s’approcher de son neveu. Elle regarda un moment en silence l’homme à la silhouette courbée, qui avait  bravé le froid glacial de cet hiver particulièrement rigoureux, pour venir jusque dans leur propriété pourtant éloignée de plusieurs lieux du village.  Curieuse, Maïa s’intercala entre sa tante et son frère en poussant ce dernier qui émit un grognement en guise de protestation. Quand au travers des vitres givrées, elle reconnut  le visiteur  une expression de contrariété passa brièvement sur son visage. Lorsque l’homme fut quasiment arrivé à la porte, Noura quitta en silence la pièce, le visage impassible.

- Je n’aime pas cet homme, décréta Maïa en rassemblant le reste de la pagaille qui jonchait le sol.

- Tu ne l’aimes pas parce que c’est un sorcier ou parce qu’il s’intéresse à Noura ? demanda Ivan en lui jetant un bref coup d’œil narquois par-dessus son épaule.

- Je ne l’aime pas parce que c’est un sorcier qui s’intéresse beaucoup trop à l’histoire de notre famille à mon goût. Et je trouve Noura très imprudente de  lui confier certains de nos secrets.

- Depuis que Goran  est mort et qu’Anton s’est mis en tête de retrouver la pierre de lune, elle n’a plus personne à qui parler de ses dons. C’est naturel qu’elle cherche quelqu’un à qui se confier, reprit Ivan en haussant les épaules pour signifier qu’il ne voyait pas du tout où était le problème.

- J’ai un mauvais pressentiment le concernant et rien ne me fera changer d’avis, conclut Maïa en se redressant.

Elle croisa les bras sur la poitrine et contempla les yeux plissés son frère qui lui tournait toujours ostensiblement le dos, irrémédiablement collé à son poste d’observation.

-  Tout comme j’ai le pressentiment que tu as certainement fait encore des tiennes et que tu restes planté devant cette fenêtre pour guetter anxieusement l’arrivée de notre père.

Le bon sens et l’intuition de ma fille avait toujours été source d’étonnement pour moi. Quand on pense au manque de discernement des femmes de la famille, il était clair qu’elle devait, heureusement pour elle,  tenir ses deux qualités de son père. Mon pauvre fils n’avait pas eu cette chance, lui. Il était aussi irréfléchi que j’avais pu l’être à son âge et aussi impulsif que son père.  Ce qui, il fallait se rendre à l’évidence, était une combinaison plus qu’instable et explosive.

Contrarié d’être percé à jour aussi facilement par sa jeune sœur et pris de court, Ivan se contenta de hausser les épaules et d’expirer bruyamment entre ses dents pour signifier son exaspération. Mais soudain, je vis son visage se crisper. Dehors, le cheval de Milan venait d’apparaître dans l’allée qui conduisait à la maison. Arrivé devant  la porte, il descendit prestement de sa monture. Il ne fallut pas longtemps à Ivan pour comprendre,  en voyant sa démarche vive et raide,  que ses craintes étaient fondées et que son père avait eu vent de ses exploits nocturnes.

On entendit la porte d’entrée claquer puis la voix rauque et sonore de Milan retentir dans toute la maison :

- Ivan ! Descends immédiatement ! hurla-t-il du bas des marches.

Ivan ignora le regard chargé de reproches de sa jeune sœur lorsqu’il passa à sa hauteur et disparut sans un mot dans le couloir. Maïa ne bougea pas. Elle ne voulait pas savoir quelle nouvelle ânerie son frère avait bien pu inventer pour s’attirer encore une fois les foudres paternelles.

- A croire qu’il le fait exprès, lâcha-t-elle pour elle-même.

Elle s’assit sur le bord du lit soudain très lasse. Du rez de chaussée lui parvenaient les éclats de voix des deux hommes puis comme toujours le timbre clair de Noura venait se mêler aux cris et aux reproches mutuels dans une vaine tentative d’apaisement. Comme dans un rituel bien rodé, Maïa s’attendait à ce que sa tante perde définitivement patience et finisse elle aussi par hausser la voix. Mais ce jour là, il n’en fut rien. Une phrase prononcée sous le coup de la colère. Une phrase de trop, et que Milan regretta amèrement dès les derniers mots prononcés, raisonna dans toute la maison:

- Si tu ne veux pas te plier aux règles de cette maison, la porte est grande ouverte. Pars et va retrouver ton vrai père.

Tous s’étaient figés d’effroi, lui y compris. Sa colère retomba aussitôt pour laisser place à la consternation. Outré par ses propres paroles comme si elles avaient prononcé par un autre que lui, Milan porta une main à sa bouche.  Mais le mal était fait. Maïa se leva d’un bond et se précipita dans le couloir. Du haut des marches, elle vit les deux hommes se faire hostilement face. Un silence oppressant s’était installé entre eux. Elle vit le remord accabler peu à peu le visage de Milan, la colère et la détresse crisper celui d’Ivan.

Klaus venait pour la première fois depuis des années, depuis que la vérité avait été révélée à mes enfants, de faire irruption de cette maison. Lui, qui n’était qu’un indicible obstacle toujours omniprésent  entre Ivan et celui qui l’avait toujours élevé comme son fils venait de prendre brutalement forme au bout de tant d’années.

 Il n’était à ce moment-là qu’un simple nom, une évocation douloureuse émanant du passé, prononcée sous le coup de la colère. Ils ne le savaient encore mais cette ombre était en chemin et allait bientôt se dresser devant eux.


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