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Billet de L’Anse-aux-Outardes…

Publié le 04 août 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

Le prochain sera comme le dernier.  Religieusement, il ira sans savoir qu’au festin de l’amante, le mâle n’est jamais convié plus d’une fois.

Au royaume des insectes, un sous-bois dans la pénombre.  Une danse, deux silhouettes tapies dans l’ombre.

La femelle est la première à montrer de l’intérêt.  Pour le mâle, et en guerrière la voici aux aguets.

Il faut dire que pour elle l’acte est essentiel, je dirais même vital.  « La baise c’est comme la bouffe », ce qui réduit ses exigences.

Le mâle beaucoup plus timide se laisse tendrement convoiter.  Offrant sa carcasse rigide aux élans passionnés d’une femelle qui se fait attendre et y prend même un certain plaisir. De la mâle odeur pénétrante elle se laisse saisir.

Sur les ailes de son désir, le mâle agite sa frêle silhouette.

« Approche, approche, dit la femelle, que je te prenne, que je t’enlace.  O ! mon amour, O ! ma conquête, que nos lubriques baisers nous mènent vers de sublimes extases. »

Mais à ce jeu si malhabile, le mâle hésite, hésite encore.  Un pas, deux pas, enfin osera-t-il l’ultime corps-à-corps ?

Qu’importe, car la femelle a l’habitude de ces petits mâles rétifs.  Et puis il n’est pas le premier ni le dernier qui, bientôt, ne ménagera ni les cris ni les plaintes.  Quand, le souffle haletant et le sexe en feu, il ne pourra plus feindre le frisson amoureux.

Un pas, deux pas, trois pas, et voilà que sa compagne l’enlace pour le mener tout doucement de la vie à l’extase, jusqu’au divin ravissement

Et le mâle jouit : « Mon amour, mon amour, garde-moi prisonnier, fais-moi perdre la tête prends moi, prends-moi, dévore-moi… »

Le reste ne fut qu’une question d’adresse.  Car la femelle tint sa promesse.  C’est vrai, elle lui fit perdre la tête.  Mieux encore, la lui dévora

Que voulez-vous, c’est bête, elle avait juste besoin d’un repas.

Après tout, « La baise c’est comme la bouffe », n’est-ce pas ?

Notice biographique

Billet de L’Anse-aux-Outardes…
Claude-Andrée L’Espérance a étudié les arts plastiques à l’Université du Québec à Chicoutimi. Fascinée àla fois par les mots et par la matière, elle a exploré divers modes d’expression, sculpture, installation et performance, jusqu’à ce que l’écriture s’affirme comme l’essence même de sa démarche. En 2008 elle a publié à compte d’auteur Carnet d’hiver, un récit repris par Les Éditions Le Chat qui louche et tout récemment Les tiens, un roman, chez Mémoire d’encrier. À travers ses écrits, elle avoue une préférence pour les milieux marins, les lieux sauvages et isolés, et les gens qui, à force d’y vivre, ont fini par en prendre la couleur. Installée aux abords du fjord du Saguenay, en marge d’un petit village forestier et touristique, elle partage son temps entre sa passion pour l’écriture et le métier de cueilleuse qui l’entraîne chaque été à travers champs et forêts.  Elle est l’auteure des photographies qui illustrent ses textes.

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche  : https://maykan2.wordpress.com/)


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