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Nick Drake : une oeuvre

Publié le 05 août 2013 par Toto
Nick Drake : une oeuvre Aujourd'hui, j'entame une semaine entièrement consacrée à l'un des plus grands chanteurs folk - sinon, le plus grand - de l'histoire. Les admirateurs de Dylan ou de Young pourront venir se plaindre, à part Cohen, pour moi, il n'y en a pas un à espérer rivaliser. En dehors de sa musique qui sera le sujet principal de ce premier article et réussit l'exploit de brasser dans le même temps des styles aussi divers que la pop, le jazz, le classique ou le blues, Nick Drake peut aussi s'enorgueillir de ne jamais avoir été vieux, ni même à la mode. Sa vie reste de plus un mystère que personne, pas même ses proches, ne semble avoir réussi à percer. Pour appréhender la musique du monsieur, nous ne disposons que de trois albums studio. Un disque d'inédits puis plus récemment les fonds de tiroir de la famille Drake sont ressortis sous l'effet du culte grandissant. Car Nick n'a jamais rencontré le succès de son vivant. Trop calme, trop introverti, trop précieux pour son époque, il fait depuis quelques temps l'objet de réguliers éloges de la part de ses pairs. Commençons donc par "Five Leaves Left" premier disque sorti en 1969 et chef d'oeuvre incontestable. Le jeune Nick, il a à peine 21 ans, est signé chez Island Records, aidé par son copain d'école Robert Kirby pour les sublimes arrangements de cordes et divinement produit par un des producteurs les plus en vue de son label, Joe Boyd. Pourtant, c'est l'élégant jeu de guitare, la douce voix et les textes poétiques de son auteur qui subjuguent avant tout. Mention spéciale aux classiques "River Man" et "Thoughts of Mary Jane" mais c'est tout l'album qui aurait dû dès cette année-là porter au pinacle le nom de Nick Drake. Tant pis, sa maison de disques n'en démord pas et continue de croire en lui.  Nick Drake : une oeuvre Pour le deuxième essai, "Bryter Layter", Boyd convoque son carnet d'adresses et fait appel à quelques pointures, en tête desquelles le récemment ex-violon du Velvet Underground, John Cale. Cette fois-ci, on n'entend presque plus la guitare de Nick tellement les arrangements se font luxuriants. Le climat est aussi plus apaisé. Impossible aujourd'hui de ne pas voir l'influence majeure d'un titre comme "Hazey Jane II" dans les premiers disques de Belle And Sebastian. Mais le chanteur est déçu du résultat. Il ne s'y reconnaît pas. Les invités ont trop écrasé sa musique. Pour le prochain, il veut se retrouver seul, lui et sa guitare, histoire de démontrer à l'humanité entière son talent propre : ça sera "Pink Moon", poignant chant du signe d'un homme en rupture total avec le monde qui l'entoure. Trop timoré pour monter sur une scène - il se produira en tout et pour tout une dizaine de fois en concert, sans doute ce qui a été à l'origine de son manque de notoriété -, il était devenu d'après son entourage de plus en plus transparent au monde extérieur. Ne parlant qu'en de rares occasions, il pouvait disparaître d'une pièce sans que personne ne s'en aperçoive. C'est aussi comme ça qu'il s'en est allé, sans qu'on sache très bien pourquoi. Il n'y avait pas une once de calcul derrière ce terrible naufrage, la musique était à l'image de l'homme : mystérieuse et volatile. On en viendrait même à s'interroger sur son existence réelle. Et ce ne sont pas les chansons parues après sa mort qui viendront expliquer les faits. On peut juste se demander pourquoi des titres aussi incroyables que "Time Of No Reply" et surtout "Magic", écrits en 1968, n'ont-il pas été publiés de son vivant ? Et on gardera en mémoire les paroles de cette dernière qui ont fini par se révéler prophétiques, car sa musique est belle et bien intemporelle. Un ange est passé. I was born to sail away 
Into a land of forever 
Not to be tied to an old stone grave 
In your land of never.


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