Prise de conscience, oui ….. Alibi, non!

J’ai lu cette phrase dans un commentaire laissé sur un billet mis en ligne par un blogueur français au sujet de l’affaire du pédophile gracié et de la réaction à cette grâce :

“….Que ce qui arrive serve de prise de conscience, c’est bien. Que cela serve d’alibi, c’est dangereux”.

Elle traduit exactement mon sentiment sur les très graves événements que le Maroc a connu ces derniers jours.

A quelque chose malheur est bon, dit le dicton populaire! Très bien, alors sachons retenir quelques éléments essentiels de cette affaire!

• Nos responsables doivent se mettre à l’heure du temps et réaliser  qu’ils ne vivent plus dans une bulle hermétique : le souverain a donné l’exemple. Malgré le scepticisme de certains irréductibles, cette séquence constitue le début d’une nouvelle politique de communication officelle. Encore faut-il qu’elle soit comprise et appliquée à tous les échelons de la pyramide du pouvoir.

• Les sites électroniques d’information  ont marqué un point, certes mais ils doivent maintenant passer à un niveau supérieur du professionnalisme! N’est pas Médiapart qui veut : cela exige de la rigueur, encore de la rigueur et toujours de la rigueur. Lancer une information que les médias officiels taisent est nécessaire et louable, lancer des bobards ou alimenter des rumeurs  est irresponsable et condamnable.

• Les médias officiels ont failli à leur mission d’information, comme bien souvent d’ailleurs. Insistant sur les communiqués du Cabinet royal  et zappant complètement les faits et  les réactions qui ont suivi, ils ont, pour le moins, déstabilisé une partie de l’opinion publique supposée n’avoir que les médias officiels pour source d’information. Il est temps que soit appliqué aux télévisions publiques le devoir d’informer, complètement et objectivement, l’opinion publique nationale dont le droit à l’information est inscrit dans la constitution.

• La société civile non encadrée ainsi que les particuliers utilisateurs des réseaux sociaux ont joué leur rôle : ils ont pour leur part grandement contribué à la diffusion des informations sur cette affaire et surtout à celle des réactions qu’elle a suscitées. L’ont-ils fait avec toute la sagesse et la pondération voulues en de pareilles circonstances? Non, et ce n’est pas leur rôle c’être sage et pondéré. Il faut bien reconnaitre que l’anonymat et le confort d’être installé devant son PC ou celui de manipuler son IPhone ne participent pas à la sagesse ni à la pondération!

• Les forces de l’ordre ont encore une fois montré le double visage qui leur est habituel, mais qui n’est plus de mise à l’heure d’internet : elles ont donné la preuve qu’elles savaient et pouvaient se comporter de façon moderne, civilisée et efficace en encadrant des rassemblements populaires contestataires  (comme à Agadir et Kenitra entre autres) comme elles savaient et pouvaient user de moyens de répression disproportionnés (Rabat).

• Les partis politiques, leurs leaders, leurs journaux ont démontré encore une fois leur incapacité à gérer une situation de crise, dès lors que des prises de position mettent en cause la plus haute autorité de l’état. L’allégeance au trône ne signifie servilité! Comme disait Jean de La Bruyère : “il y a dans les meilleurs conseils de quoi déplaire”! Et nos leaders politiques n’aiment pas déplaire.

Ainsi, si cette malencontreuse affaire nous permet de prendre conscience de ces réalités - et de bien d’autres que je n’ai ni la compétence ni la prétention d’énumérer – elle n’aura pas été inutile.

Par ailleurs, il ne faudrait pas que les événements de ces derniers jours  servent  d’alibi à une manipulation  politique ni à une remise en cause inconsidérée de nos institutions et par conséquent de la stabilité de notre pays!

Ce que nous voyons dans les pays arabes devrait suffire pour nous dissuader de lancer le Maroc dans une spirale incontrôlée de contestations, de manifestations populaires, de répressions musclées.

Non, le Maroc n’a pas besoin de cela et les marocains n’en ont pas envie!

Il ne faudrait pas non plus que la poignée d’utilisateurs des réseaux sociaux croient qu’ils tiennent l’avenir du pays au bout de leurs doigts : j’ai lu que “la twitoma constitue désormais le 4ème pouvoir dans ce pays”!

Du calme, Mesdames et Messieurs, sachons raison garder!

La twitoma, comme hier la blogoma, a un rôle à jouer dans ce pays, ce rôle est énorme et fondamental à condition que l’on ne se prenne pas la tête et qu’on ne sa laisse pas emporter par la facilité du virtuel, car twitter est essentiellement virtuel, il ne faut pas l’oublier!

J’ajouterai pour finir une autre de mes convictions : “les problèmes graves doivent être traités de façon grave“.

Bien sûr l’humour n’est pas à exclure, mais ce n’est pas en maniant l’insulte, l’invective, l’exclusion, le rejet de l’autre parce qu’il partage pas votre point de vue que l’on peut convaincre et fédérer!

Un peu d’humilité , beaucoup de sérieux  et énormément de responsabilité sont nécessaires quand on est sensé s’adresser à des milliers de personnes que l’on ne connait pas et qui vous font confiance!

Puisse ces derniers du Ramadan nous permettre de réfléchir, les uns et les autres, à nos erreurs et aussi à nos responsabilités. Bonne fête à toutes et à tous!