Chaque année, les Châteaurenardais perpétuent la tradition de la charrette de la Madeleine dans le nord des Bouches du Rhône. A ne pas confondre avec les fêtes de la Madeleine de Mont-de-Marsan dans les Landes, qui célèbrent la patronne de la ville en juillet, la charrette de la Madeleine est unique au monde car elle est laïque et républicaine.
D’origine purement provençale, la charrette défilait déjà au Moyen-Age pour marquer la fin des travaux lourds des champs. Depuis le 17ème siècle, la charrette est organisée tous les premiers dimanches d’août par la confrérie des Jardiniers, devenue en 1907 la confrérie des Maraîchers.
Les charretiers préparent la charrette toute la journée du samedi avec leur famille. Les femmes enfilent sur des bouts de ficelles des haricots, des poivrons, et autres légumes, que les hommes viennent ensuite fixer à la charrette, avec du buis récupéré dans le maquis, ainsi que près de 3000 glaïeuls rouges.
(See English translation in the end)
Le dimanche matin juste avant le défilé, tout le monde est invité à petit-déjeuner par les charretiers à l’ombre des platanes - au menu : andouillette, saucisse, rosé et croissants-café-. Les 80 chevaux de trait sont harnachés à la sarrasine pendant près de deux heures, et enfin, on monte le buste de la Marianne républicaine sur la charrette à 10h30, juste avant qu’elle ne parte faire le tour de la ville de Châteaurenard.
Dans la région, d’autres confréries sont présentes et actives comme les confréries de Rognonas, ville de 4 100 habitants, limitrophe d’Avignon. Il existe une confrérie pour chaque charrette à Rognonas : la confrérie de St Eloi, la confrérie de St Roch, le Bon Ange et la Charrette de la Brebis – mais toutes sont d’origine religieuse.
Petite anecdote à Châteaurenard où cohabitent la charrette républicaine de la Madeleine et celle, religieuse de la Saint-Eloi : de nos jours les chevaux de trait se faisant rare, les confréries de la Madeleine et de la St-Eloi châteaurenardaises se partagent les chevaux. Il est arrivé que les charretiers de la Madeleine peignent les sabots des chevaux en rouge, la veille du défilé de la Saint-Eloi.
Les hommes portent le béret et la taillole (ceinture) rouges, le pantalon bleu et la chemise blanche, et bien entendu la cocarde pour rappeler la caractère républicain de la charrette.
On appelle "bayle" l’homme qui mène le cortège des 80 chevaux. Les autres membres de la confrérie des Maraîchers sont debout sur leurs chevaux et font claquer leur fouet pendant le défilé, ou encadrent la marche.
Il revient à la baylesse, la femme du bayle, de placer le buste de la Marianne sur la charrette, puis le bayle vient accrocher l’écharpe républicaine.
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