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Rausch, de Falk Richter et Anouk Van Dijk, au Festival d’Avignon 2013

Publié le 06 août 2013 par Onarretetout

« M’aventurer dans des instants que je n'ai encore jamais vécus, dans des rencontres que je n'ai pas encore faites, dans un monde où pourrait se passer tout ce qui n'a pas lieu autour de moi et en moi. »  Voilà le théâtre proposé par Falk Richter avec la complicité d’Anouk Van Dijk. Et il ne sera question que d’amour.

rausch

Mais l’amour, toujours à réinventer, est ici noyauté par le discours capitaliste : celui de l’investissement, de la performance, de la réussite. Investir dans une relation de couple, fonder un couple, vouloir un enfant comme un projet, se faire aider de coach… Drôle d’organisation, bizarrerie de cette vie amoureuse-là qui accentue la solitude, qui ne trouve pas l’épanouissement collectif. Ah, il faut se méfier des mots du discours dominant, il faut se méfier de leur intrusion dans nos vies. Et les boites dans lesquelles on espère réaliser les rêves de bonheur sont tout aussi perverses et l’homme et la femme se cognent aux murs et se cognent entre eux. Est-ce que le bonheur naît du couple ou bien faut-il le chercher dans le groupe ? Cette question traverse le spectacle mais il la déborde.

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J’écris cet article après avoir revu « La maman et la putain », film de Jean Eustache sorti en 1973. Quarante ans plus tard, c’est toujours l’amour qui est au cœur de nos questions. Alexandre (Jean-Pierre Léaud), alors qu’il est au lit avec Véronika (Françoise Lebrun), voudrait téléphoner à un ami pour lui raconter ce qui vient de se passer ; aujourd’hui, il l’aurait twitté. Ou bien il aurait changé son statut Facebook. Eustache montre des individus dans leur intimité, leur nudité. Richter et Van Dijk travaillent la société. Le monde n’en finit pas de se lézarder et de finir. Les temples, les monuments et les autoroutes ont cédé la place aux réseaux virtuels. Qu’en est-il de l’intimité quand tout se raconte en même temps que cela se fait ?

Dans les deux œuvres, ça parle beaucoup, mais, dans le film, la parole omniprésente de l’homme finira par être supplantée par celle de la femme. Et, dans le dernier plan, elle vomit (nausée d’être enceinte, d’être demandée en mariage ou d’avoir trop bu ?).

Ivresse, c’est ainsi qu’on peut traduire le titre du spectacle de théâtre et de danse de Falk Richter et Anouk Van Dijk. 


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