Le deuxième volet de ce "manga à la française" signé Yves « Balak » Bigerei, Bastien Vivès et Michaël Sanlaville reprend l’action là où le premier tome s’était arrêté. Le jeune Adrian Velba et son co-équipier Richard Aldana, un grand ténébreux sorti de nulle part, continuent donc de progresser dans le grand tournoi annuel organisé par le roi Virgil et la reine Efira.
En recyclant le genre « baston » à la sauce shõnen (manga destiné aux ados) et en reprenant tous les poncifs du genre, les auteurs continuent donc de nous servir du réchauffé. De plus, la trame de cette histoire qui invite à suivre les combats d’un gamin qui s’est entraîné comme une bête pour pouvoir remporter le tournoi d’arts martiaux annuel organisé par son village, n’a rien de vraiment originale. Et pourtant, malgré cette prévisibilité et le côté déjà-vu du récit, le trio d’auteurs parvient à livrer quelque chose de vraiment prenant et de particulièrement divertissant. C’est certes très léger et facile d’accès, mais cela fonctionne à merveille.
Lors du tome précédent, le lecteur pouvait encore s’accrocher à la découverte de nouveaux personnages et d’un nouvel environnement, mais qu’a-t-il à se mettre sous la dent une fois le décor installé et les présentations faites ? Il y a tout d’abord ce savant mélange d’action, d’aventure, d’humour et même de sexe (ben oui, quand on enferme trois types dans un studio, il ne faut pas s’attendre à des miracles hein !), qui est servi avec énormément de savoir-faire et un sens aigu de la narration et de la mise en scène. Mais il y a surtout cette part d’énigme qui est entretenue tout au long de ce récit qui mélange un monde féodal à des éléments volontairement plus modernes.
Au niveau du scénario les auteurs proposent donc un récit dynamique au rythme soutenu, qui joue donc pleinement la carte de l’action. Mais attention, cette histoire est bien plus qu’un tournoi d’arts martiaux sans fond ! L’histoire se déroule dans un endroit qui fait penser à un bled médiéval, mais les personnages y conduisent des motos et y fument des clopes. Ce décalage intrigue immédiatement et se retrouve également au niveau des dialogues, volontairement modernes et drôles par rapport au décor moyenâgeux. Tout en entretenant intelligemment le mystère concernant les origines de Richard, les auteurs distillent régulièrement quelques rebondissements qui tiennent forcément le lecteur en haleine.
Si l’humour fait également mouche, les auteurs prennent également le temps de développer un peu plus la relation entre les différents personnages. Impossible donc, de ne pas s’attacher à ce héros haut comme trois pommes qui veut un bisou avant d’aller faire dodo. Impossible non plus de ne pas vouloir découvrir les origines de ce combattant solitaire qui intrigue dès sa première apparition. Certains prendront également plaisir à contempler les courbes de la mère du petit Adrian qui est une véritable bombasse. Bref, impossible de ne pas s’intéresser aux différents personnages.
Et pour couronner le tout, les auteurs nous servent un final surprenant, qui semble vouloir donner une toute nouvelle tournure à cette saga. Sorte de pied de nez à tous ceux qui croyaient stagner dans cet univers de combats ? Seul le prochain tome pourra apporter la réponse… et je l’attends déjà avec grande impatience.
Je pourrais évidemment aller chercher la réponse sur le net, où la série est également disponible en prépublication gratuite sur le site de Delitoon. Mais je préfère attendre la version papier, surtout que les franco-mangaka s’imposent un rythme de production nippon. Enfermés dans un studio ils ont en effet pour mission de produire vingt pages par semaine ou un tome de 200 pages par trimestre. Je prends donc mon mal en patience et me réjouis d’avance de pouvoir à nouveau contempler et toucher ce dessin hyper moderne qui ne s’attarde pas inutilement dans les détails, mais se contente d’aller à l’essentiel. Les trois compères livrent non seulement des albums dynamiques, mais surtout une petite leçon d’art séquentiel. Si les premières pages sont à nouveau en couleurs, la suite se poursuit en noir et blanc, se contentant de quelques nuances de gris. Un seul mot pour résumer le graphisme : efficace !
C’est frais, divertissant, parfaitement huilé, drôle, accrocheur, léger, dynamique, parfois même intelligent… mais c’est surtout vivement conseillé !!!
Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top de l’année !