Après "Chérie, j'ai rétréci les gosses", pourquoi ne pas imaginer une suite du genre "Chérie, je me suis glissé dans la peau des gosses"? Trois chercheurs du département de psychologie de l'Université de Barcelone ont étudié la perception de propriété corporelle à travers une expérience quelque peu déroutante. Le sentiment de possession du corps ou d'un membre non réel peut induire des stimulations multisensorielles à un sujet. Par exemple, lorsque l'on tente l'expérience de "la main en caoutchouc". Je m'explique. Une personne positionne ses deux mains sur une table. A la place de l'une de ses mains, le chercheur place une main en caoutchouc. Tandis qu'il caresse du bout d'un pinceau, à la fois la main en caoutchouc que le sujet peut voir et sa vraie main qu'il ne peut pas voir, le sujet finit par prendre la fausse main en caoutchouc pour un de ses membres. Le résultat est infaillible et montre la connexion puissante entre ce que l'on voit et ce que l'on ressent.
Les chercheurs de l'Université de Barcelone sont partis de cette expérience et sont allés encore plus loin dans l'étude du comportement. Dans leur expérience, 30 adultes ont adopté le corps d'un enfant de quatre ans grâce à une paire de lunettes de réalité virtuelle immersive. Dans cette "réalité", les sujets se voyaient évoluer dans un corps d'enfant. Ainsi, lorsqu'ils se sont déplacés dans une pièce, leur perception de l'environnement était la même que celle que peut avoir un enfant. Un siège trop haut, des personnes de taille "adulte", leur esprit a intégré les paramètres de leur nouveau corps sans aucune difficulté.
La représentation dans un corps altéré peut influencer de manière spontanée la perception et le comportement d'un individu. De plus, le changement d'auto perception dont sont capables les avatars peut avoir d'importantes applications et faciliter l'interaction entre les participants. Voir le monde à travers les yeux d'un enfant, c'est se rendre compte de son quotidien. Les obstacles sur son chemin et même les dangers que nous autres adultes ne voyons pas forcément. Marches trop hautes, prises électriques à la hauteur d'un bambin, qui a dit que la vie des enfants était une partie de plaisir ?