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Shook | album review

Publié le 07 août 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays

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Profite donc de l’album pendant ta lecture

Internet a permis à bien des artistes méritants de percer avec peu de chose si ce n’est un peu de jugeote et beaucoup de talents, l’aventure commence par un essai posté sans prétention et elle atteint son apogée à la sortie d’un album alors soutenu par des milliers de fans. Cette histoire, c’est aussi celle de l’un de nos chouchous, ce cher Shook, qui sort cette semaine son premier album aux sonorités disco après 3 années de carrière parfaitement menées.

Pour ceux qui nous suivent depuis quelques temps, on avait à l’époque rencontré ce talentueux personnage dans un petit café parisien suite à l’une de ses prestations (A lire ICI) . A l’époque, Jasper de son prénom, nous parlait de son rêve, celui de pouvoir partager sa musique à travers un album qui serait le sien de la première à la dernière note.  Un an plus tard, l’enfant tant désiré est enfin là. Mais avant de parler de ce recueil qui a la lourde responsabilité de porter son artiste aux yeux d’un plus grand nombre encore, revenons ensemble sur le parcours de ce hollandais qui se sert de ses doigts pour nous faire partir dans la douce torpeur qu’un orgasme auditif aurait engendré.

2010: THE RISE AND FALL

Là où l’histoire de Shook commence en 2010, l’histoire de Jasper commence dans les années 80. Alors influencé par son père pianiste et par cette période artistique atypique, celle où l’image et la musique apprirent à ne faire qu’un, n’en déplaise aux Buggles. Michael Jackson était alors le maître du monde et la Funk était un genre respectée de tous. C’est dans cette atmosphère que toute une génération, dont Jasper fait partie, qu’est née une pluie d’artistes qui rendent aujourd’hui hommage à leur enfance.

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Mais revenons au 21ème siècle, période à laquelle toutes ces inspirations ont fleuri pour donner naissance à « The Glow EP », premier jet de Shook, alors simple anonyme qui cherche à faire partager ses émotions à travers ses productions. La première chose marquante avec cet EP fut l’habileté avec laquelle Shook a directement choisi d’associer sa musique à un univers pictural très 80′s. Avec le recul, il est d’ailleurs amusant de constater que cet univers a évolué avec la musique qui l’anime. Shook est alors un jeune garçon aux lunettes rouges accompagnée de son gros loup de compagnie, les deux acolytes étant baignés dans une atmosphère loin d’être enjouée. Sorte d’anti-héros, le personnage de Shook est alors un fantasme d’adolescent, n’y voyez là aucune connotation négative, associer cette image aux cinq morceaux de l’EP donne un résultat assez grisant. On en vient à s’inventer les aventures du mystérieux jeune homme tel des gamins jouant avec des figurines . Mais derrière tout cet univers électrique, on sentait déjà que ce mystérieux Shook avait volonté de parler d’amour, à sa façon. En témoigne la track « Something About You ».

Cet EP à la communication parfaitement menée recevra le succès qu’il mérite. Shook se fait un nom, des artistes de chez nous lui apportent d’ailleurs leur soutien, (ce fut le cas de Breakbot et Kavinsky), qui sont deux inspirations assumées de notre newcomer.

2011/2012: LOVE FOR YOU

Un an plus tard, et après d’excellents remixes dont je ne parlerai pas pour ne pas m’étendre (ou alors je parlerai de l’album dans cinq heures), « The Rise and Fall EP » voit le jour. Ce deuxième EP se veut légèrement plus dansant, la track « Hold Tight » en est à elle seule la preuve, on sent que Shook cherche à renouer avec ses premiers amours que sont la funk ou le disco , et cette track en est un bel hommage. Dans l’ensemble, le ton reste sensiblement le même que sur le premier EP, des productions électriques très « Kavinsky » sur des tracks comme   »Rise and Fall »  ou « Through The Fire » puis des tracks plus zen et planantes, rythmées avec douceur par le synthé de Jasper, avec « She’s waiting » ou la sublime « Picture Moment » .

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Avec cette track c’est alors officiel, Shook est un grand romantique, au delà de cette frénésie grisante qu’il fait passer à travers son personnage, c’est à un réel passionné que nous avons à faire. Le filon continuera d’être exploité par la suite, mais jamais d’une façon trop mielleuse, et c’est ce qui fait tout le charme de cette vision qu’a Shook de l’amour, un sentiment aussi sérieux que collégial, aussi enthousiasmant qu’affollant.

2013: LA CONSÉCRATION

Ce que j’aime chez un artiste, c’est lorsqu’au moment de faire son album, il va choisir de manger des pâtes au surimi pendant encore quelques mois mais faire l’album qui le correspond plutôt que de vendre son cul au premier venu et se payer un Cayenne. Avec son album, Shook est un peu le roi de tous les férus de bâtonnets de poisson.

Soyons clairs, l’album est déstructuré, on peine à y trouver une certaine cohérence, chose assez surprenante quand on sait que Shook avait le background pour nous monter un récit des plus épiques. Mais la déception est moindre, tant au final on apprécie le patchwork que nous livre le hollandais, sorte de mosaïque rythmée par un piano maîtrisé à la perfection. Loin de la facilité du sampling à outrance, Shook compose ses morceaux et c’est au final ce qui nous permet de déceler où il a cherché à en venir. Cet album n’a pas été fait pour les cakes qui squattent le Wanderlust, mais pour lui avant tout, et c’est fort appréciable. Nous sommes là face à un appel à la détente. Comme il nous le disait lui-même, le but recherché n’était pas forcément de faire danser les gens, mais plutôt de les faire voyager, écouteurs aux oreilles, le temps d’une ballade à vélo par exemple. Et étant un grand amoureux de cyclisme imaginez comme « j’enjaille » cette perspective mes amis.

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Devant une telle diversité il est difficile de parler plus longuement de l’album dans sa globalité, il est donc bon de revenir sur les tracks les plus marquantes de l’album. L’aventure commence avec « Tonight », morceau publié quelques semaines avant la sortie de l’album. Ce son m’avait effrayé par son côté « trop dans le style Shook », on ne va certes pas reprocher à un boulanger de faire du pain, mais devant tant d’attente, on est en droit de s’attendre à quelque chose d’innovant. Pas forcément mauvais, on semble malheureusement face à du déjà-vu, sentiment accentué lorsque l’on a découvert le son avant la sortie de l’album. A ce moment on flippe un peu, on se dit que l’album n’aura rien de surprenant et qu’il se contentera de n’être ni plus ni moins que dans la moyenne de nos espérances. Et c’est là que la méga-claque « Changing Wind » est intervenue pour faire taire le râleur réac’ qui sommeillait en moi. « Changing Wind » est proche de la perfection: elle porte bien son nom, elle a un côté oriental appréciable, elle est justement rythmée à l’aide du synthé qui bat la mesure et d’une batterie qui se marie avec le tout, elle ne contient pas de fioritures et ce côté « sage » séduit, les cordes ajoutent un côté grandiose à l’ensemble… Bref, le ton est pour moi marqué à partir de cette track:  « Ne vous attendez à rien de prévisible, le vent peut souffler de tous les côtés. » « Cloud Symphony » s’inscrit dans une logique similaire avec une track qui fait vibrer la corde nostalgique à coups de notes de pianos encore bien placées et est surement un des meilleurs morceaux de l’album à mon sens, ce ne sont pas des tracks que je m’attendais à entendre, et en plus elles sont excellentes, plus le temps passe, plus le synthé séduit, il s’impose comme la clef de voute de cet album.

« Walking to the Sun » offre quant à elle une touche estivale là encore assez inhabituelle à ce que l’on pouvait entendre en écoutant du Shook ; on garde malgré tout cette sobriété de composition qui conserve l’ambiance « intime » habituelle. Pour ce qui est du côté estival, on peut aussi compter sur « Summer Heat », armé d’une voix féminine qui manquait un peu lors de l’écoute. Plus jovial, ce morceau s’inscrit dans la continuité des remixes réalisés par Shook dans le passé. Une seule track de ce style, juste ce qu’il faut pour ne pas tomber dans l’abus et offrir d’autres sons qui brillent par leur diversité. « Love For You » qui avait déjà fait ses preuves sous un double-titre prouve à quel point Shook est doué dans les sons dédiés au Love, au vrai, celui qui te fait faire des boums boums dans ton coeur.

Enfin, « Always » clot cet album d’une bien belle manière, toujours sans prétention aucune. À ce moment, nul ne peut encore résister au piano du prodige, enivrant l’esprit d’un agréable souvenir qui nous fait revenir au premier titre pour se relancer dans cet univers ou la temporalité n’a aucun sens. C’est au final une sorte de rêve, et c’est pour ça que ce manque de cohérence qui m’a choqué à la première écoute ne me choque plus : un rêve n’est pas quelque chose de logiquement construit, il en est de même pour cet album.

En bref, Shook a réussi sa mission avec brio, il était difficile de savoir à quoi allait ressembler son premier essai longue-durée, mais les choix effectués s’avèrent vite justifiés. Les fans y découvriront là une nouvelle facette de la musique de leur artiste tandis que les nouveaux venus auront là une parfaite vitrine de ce dont ce dernier est capable. Bravo Jasper. 


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