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[Fantastique] Chime and chimera

Par Flo

Le lourd poste de télévision illuminait la pièce. L’on regardait les images en noir et blanc comme hypnotisé. Les formes ondulaient, se séparaient et s’aggloméraient dans un ballet magique. Un ballet qui semblait risquer à tout moment de se briser si on le quittait des yeux.
Un bruit caractéristique de tube pneumatique se fit entendre. Probablement un courrier reçu, mais il n’y avait pas de temps à perdre à lire quelque stupide télégramme à cette heure-ci, l’émission allait bientôt commencer.
Une réclame pour des biscuits chocolatés se terminait. Celle qui suivit était bien plus captivante. La voix métallique résonna ainsi :
« Vous en avez assez de charger votre automobile de seaux de charbon ? Assez d’avoir les mains noires et poussiéreuses ? Assez de payer une redevance carbonique toujours plus élevée ? La solution à tous vos problèmes est simple. Simple comme une bouteille d’eau. Les dernières découvertes en matière d’électricité vont vous permettre de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres avec un simple litre d’eau. Pour tout achat d’une hydrauto, nous rechargeons gratuitement sa pile en acides et bases pendant une année.
Optez pour la vapeur propre et dites adieux à cette suie qui vous faisait tant suer ! »
Le téléviseur montrait un véhicule rutilant, articulé de pistons d’où s’échappaient de timides jets de vapeur. Puis, pour marquer la fin des réclames, l’image se fondit sur une montre à gousset géante exhibant ses rouages cuivrés.
Une présentatrice prit place sur le petit écran. Sans perdre de temps, elle expliqua en détail les principes de l’émission même s’ils étaient déjà connus de tous.
« Bonsoir mesdames, mesdemoiselles, messieurs ! Bienvenue à la loterie magique !
Comme chaque semaine, les cinq candidats ayant été sélectionnés lors du tirage au sort vont s’affronter. Chacun d’eux a choisi un pouvoir parmi les dernières découvertes de nos brillants alchimistes. Il le gagnera s’il survit, cela va de soit, et surtout s’il finit l’épreuve en premier. Rappelons-le, c’est une course avant tout. Une course avec obstacles.
Pour que le spectacle soit plus divertissant, les candidats vont chacun se faire inoculer un pouvoir qu’ils auront préalablement tiré au sort parmi ceux que vous, téléspectateurs, avez proposé en plus grand nombre.
Vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Nos alchimistes ont concocté des chimères particulièrement coriaces. Je n’aimerais pas être à la place des candidats de ce soir, oh non !
Avant que l’émission ne commence réellement, un petit avant-goût des récentes avancées mutagènes. Contre la modique somme de mille crédits, il est dorénavant possible d’obtenir une peau pareille à celle du caméléon ; de troquer vos ongles contre des griffes rétractiles – il vous faudra acquérir en parallèle un permis de port d’arme blanche. Mais le joyau de la soirée n’est autre que la capacité de respirer sous l’eau. Contre dix mille crédits, nos scientifiques vous feront pousser des branchies et modifieront vos yeux pour y voir clairement sous l’eau. Après cela, faire de la plongée sera aussi simple que marcher en forêt.
Si vous n’avez pas les moyens de vous offrir le mutagène de vos rêves, participez simplement à notre émission, il ne vous en coûtera qu’un crédit, enfin si vous êtes tiré au sort.
Sur ce, je vous laisse en vous souhaitant bonne soirée ! »

Dans un grincement sinistre, de lourdes portes s’ouvrirent devant les candidats.
Les choses sérieuses commençaient finalement pour Miko. On avait la possibilité de se présenter à l’émission de son choix une fois tiré au sort, aussi s’était-il fixé une année pour s’entrainer dans des domaines aussi variés que la course, la nage ou même l’escalade. Le terrain de l’émission était remanié chaque semaine et demandait systématiquement aux candidats d’être tout-terrain. Ceux qui ne s’y préparaient pas perdaient beaucoup de temps, voire se blessaient pour les plus chanceux. Affronter une chimère avec par exemple une cheville foulée était une bien mauvaise idée. Dans ce jeu, il fallait savoir abandonner au bon moment, les accidents mortels étaient très fréquents.
Il avait également étudié les différents pouvoirs qui pouvaient lui être attribués lors de l’épreuve. Il y en avait un grand nombre et comme on ne savait pas à l’avance lequel on obtiendrait, on ne pouvait que survoler leurs caractéristiques et fonctionnements principaux.
Depuis tout petit, Miko rêvait de voler et l‘une des mutations que proposait l’alchimie moderne consistait à vous faire pousser une paire d’ailes dans le dos. Plus les mutations vendues étaient utiles et plus celles-ci étaient chères, semblait-il. Celle-ci vous permettait de vous rendre n’importe où et au moins aussi vite que n’importe quel zeppelin digne de ce nom. Or cela vous permettait de ne plus payer de titre de transport. Les trains à vapeur étaient particulièrement onéreux et Miko avait hâte d’effectuer son premier voyage, enfin par ses propres moyens.
Il serait une sorte de chimère à son tour, mais le nombre d’humains modifiés ne cessait de croitre et le regard qu’on portait sur eux avait nettement évolué depuis leur apparition. Il lui restait une chose à faire cependant avant que tout ça ne devînt réalité : gagner l’épreuve.
Il n’avait pas encore découvert quel pouvoir les alchimistes lui avaient injecté. Tout en courant légèrement en retrait des quatre autres – se ruer sur les chimères était le meilleur moyen de mourir rapidement – il cherchait à éveiller cette faculté mystérieuse en jouant sur ses émotions. C’était selon les experts le meilleur moyen de la déclencher et il s’était également entrainé à invoquer tout un panel de souvenirs qui lui faisaient ressentir tour à tour de la joie, de la colère, de la haine, de l’amour…
Les autres devant lui ne semblaient concentrés que sur leur course, s‘accroupissant sous une barrière, escaladant un mur ou traversant un ruisseau aux pierres glissantes. C’était une grave erreur. Sans pouvoir, l’épreuve était quasiment impossible. Plus tôt on le connaissait, plus tôt on pouvait le maîtriser et plus on aurait de chance de remporter la récompense !
Malgré ses tentatives multiples, il ne trouva rien. Que les joueurs eussent autant de mal à trouver leur capacité participait au suspense de l’émission. Cependant, à cet instant précis, Miko se serait aisément passé du suspense. Il devait avoir omis une émotion, ou bien c’en était une qu’il n’avait pas pensé à préparer ?
Il oublia temporairement ses questions pour se concentrer sur le prochain obstacle. Il s’agissait d’un lac cette fois-ci. Trop profond pour le passer à gué, il faudrait le traverser à la nage. Tout au long du parcours, il fallait rester entre des balises qui délimitaient le terrain de jeu. Toute sortie valait pour un abandon, et dans ce cas précis, cela empêchait qu’on contournât l’étendue d’eau. Avant de plonger, Miko vérifia tout de même qu’aucune trace de chimère n’était visible au bord du lac. À l’idée de se faire attaquer par quelque monstre subaquatique, un frisson le parcourut. À ce même instant, le peu d’eau qu’il avait à ses pieds se transforma en glace. Ainsi donc, son pouvoir était d’absorber la chaleur et son déclencheur était la peur – les autres candidats n’auraient certainement pas la chance d’avoir une émotion si simple à ressentir en situation pareille. Heureusement qu’il avait fait cette découverte par quelques centimètres de fond, sinon il aurait pu avoir les jambes coincées ou s’être asphyxié s’il avait eu la tête sous l’eau.
Il fit quelques essais au bord de l’eau pour voir de quoi il était capable. Faire appel à sa peur n’était pas très compliqué, il n’avait jamais vraiment aimé les profondeurs aquatiques et ce qui s’y trouvait tapi. En revanche, il n’était aucunement effrayé par le ciel ou le vent, et ne connaissait pas le vertige.
Il se dit que ne pas être trempé des pieds à la tête pour le reste de l’épreuve pouvait être intéressant. Il prit quelques pas d’élan et s’élança sur le lac, glissant sur la glace qu’il créait devant lui. Le lac n’était pas très large et il n’eut pas grand-chose à traverser à pied. Ses chaussures n’étaient pas vraiment adaptées à la marche sur sol gelé et il faillit tomber à l’eau plusieurs fois en dérapant. S’il avait su qu’il deviendrait un faiseur de glaçons, il aurait investi dans une paire de crampons. Au moins, ce pouvoir lui serait utile quand il aurait ses ailes. S’il se trouvait fatigué au-dessus d’un océan, il pourrait se fabriquer un îlot à tout moment – il devrait en outre faire avec sa froideur.
Il atteignit l’autre rive en même temps que les autres. Avoir expérimenté son nouveau talent et quelques chutes mémorables sur la glace lui avait pris un certain temps. Tous étaient arrivés indemnes, aucune chimère ne devait donc se cacher sous l’eau ou alors les candidats n’avaient pas éveillé son appétit.
Un grondement venant de la forêt face au lac leur indiqua où trouver ce qu’ils cherchaient tant. Dans un grincement métallique, les arbres se couchèrent sur le passage de la chimère. Les alchimistes avaient fait fort, en effet. Celle-ci ressemblait à un ours géant croisé vraisemblablement avec une pieuvre puisqu’elle agitait en tout sens huit tentacules rouillés. Des griffes et cornes de métal lui avait été ajoutées. Le travail avait été fait proprement, on ne voyait pas de rupture entre la chair et l’acier comme c’était le cas sur les premiers spécimens. De nombreux pots d’échappement, dans le dos de la bête, laissaient encore jaillir de la vapeur par intervalles. Tout ne pouvait pas être dissimulé à l’intérieur, visiblement.
Aucun ne se porta volontaire pour aller affronter ce monstre. Miko ne se voyait pas approcher suffisamment près pour utiliser son pouvoir. Les autres n’avaient pas trouvé leur capacité, semblait-il, et reculait peu à peu vers le lac. Quand le premier d’entre eux posa le pied dans l’eau, un aileron dentelé émergea non loin de là. Celui-ci était recouvert de rouille et alla percuter un des blocs de glace que Miko avait laissé là. Les dents de l’aileron se mirent alors en mouvement et scièrent le mini-iceberg comme s’il cela avait été du carton. L’effort mécanique qu’avait mis en œuvre la chimère – puisque c’en était une – avait fait bouillir l’eau juste au-dessus d’elle, faisant planer un fin nuage de vapeur. Autant dire que fuir à la nage n’était pas une solution envisageable.
— Trouvez vos pouvoirs ! Essayez d’éveillez des émotions ! leur cria Miko.
S’il avait pu attirer l’ours-poulpe dans l’eau, il aurait pu l’emprisonner dans la glace. Cependant, avec ce requin-scie qui rodait, c’était hors de question. Il préférait mourir écrasé sur la terre ferme qu’aspiré dans les profondeurs froides et sombres du lac.
Par chance, la chimère n’était pas très rapide. Il lui fallait déplacer sa masse corporelle ainsi que celle de ses immenses tentacules mécaniques. Mais inexorablement, elle se rapprochait, faisant frémir le sol à chacun de ses pas.
L’un des candidats – qui était en réalité une candidate – sortit de son apathie quand elle découvrit son pouvoir. A la force de son esprit, elle souleva les pierres alentour – faute de rochers – pour les envoyer cogner contre l’ours chimérique – ce qui lui fit autant d’effet qu’un essaim de moucherons lui tournant autour. Elle était donc douée de télékinésie. Ce pouvoir avait séduit Miko pendant un temps puisqu’il s’imaginait pouvoir voler avec, en se soulevant lui-même. Or ainsi doté, il était difficile de soulever une charge plus lourde qu’avec ses propres muscles. Les rares à y être parvenus n’avait pu voler que sur quelques mètres et au raz du sol.
En l’occurrence, ça ne faisait que légèrement ralentir la chimère tout en aiguisant sa colère.
Un éclair jaillit d’un autre candidat pour frapper la créature. Cela ne sembla cependant pas la déranger plus qu’une simple démangeaison. Après l’essaim de moucherons, c’était là une piqûre de moustique.
Un autre se vit recouvrir subitement d’une épaisse cuirasse sur toute la peau. Ce pouvoir était assez connu de nos jours : mi-métallique mi-organique, l’armure incorporée protégeait contre toutes les agressions possibles extérieures.
Ainsi caparaçonné, le candidat fonça vers la chimère dans la probable intention de la dépasser et de pouvoir ainsi continuer la course. Or d’un vif revers de tentacule, l’inconscient se retrouva projeté dans les airs et finit son vol plané dans le lac. Le principal défaut de cette armure pas si parfaite était qu’elle était inutilisable dans l’eau. Soit il la gardait et coulait tout en se protégeant du requin, soit il reprenait une peau normale, mais devrait malgré tout battre un record de natation.
Une giclée d’eau rougeâtre ponctua ses péripéties et clarifia les choses quant à son devenir. Pour ceux qui doutaient encore, la voix de la présentatrice résonna à travers les mégaphones pour la première fois depuis le début de la course :
« Nous regrettons de vous annoncer que monsieur Paul Feriot vient de succomber. Sa peau n’était malheureusement pas à toute épreuve. Bonne chance aux quatre candidats restants ! »
Évidemment, la présentatrice commentait davantage l’émission pour les téléspectateurs, mais pour ne pas déconcentrer les joueurs, celle-ci ne s‘exprimait que rarement sur le terrain.
Cette première mort spectaculaire plongea Miko et les autres dans un immobilisme figé qui fut fatal à l’un d’eux. Celui-ci s’était trouvé être le plus proche de l’ours-poulpe, et l’un de ses tentacules l’avait écrasé, sans cérémonie et sans prévenir.
La voix métallique ne put s’empêcher de retentir aussitôt :
« Quel dommage ! Les téléspectateurs qui avaient été nombreux à voter pour ce pouvoir ne le verront même pas à l’action ! Feu Gérard Niumon possédait un mutagène encore inédit à l’émission. Il pouvait contrôler et générer les plantes. Toutes nos excuses, une prochaine fois peut-être ! »
A chaque fois, l’annonce se clôturait sur un sifflement de vapeur comme si les haut-parleurs avaient été construits à partir d’autocuiseurs au rebut.
La réalité et la proximité de la menace fit réagir Miko. Si chacun de leur pouvoir étaient inefficaces contre la chimère, en les alliant, ils avaient probablement une chance. Il s’approcha de la candidate qui avait manifesté des capacités télékinésistes :
— Tu crois que tu peux soulever de l’eau avec ton pouvoir ?
Celle-ci opina et souleva une grosse bulle de liquide du lac. Miko la gela aussitôt et, d’un signe de tête, confirma à sa partenaire qu’elle pouvait l’envoyer. L’énorme boule de glace se fracassa contre la créature. Cela sembla l’étourdir un instant, mais après avoir repris ses esprits, celle-ci repartit à la charge – donner froid à un ours n’était pas évident après tout. Un tentacule s’écrasa lourdement au pied des trois derniers survivants, les forçant à reculer un peu plus dans le lac. Ils auraient bientôt de l’eau au niveau des genoux et, s’ils s’enfonçaient davantage, le requin pourrait probablement les attaquer. Celui qui contrôlait l’électricité ne put s’empêcher de lancer quelques éclairs. Même s’ils ne ralentissaient plus cette aberration, cela dut lui permettre de relâcher un peu de tension.
— On essaye à nouveau, j’ai une idée ! lança Miko.
Cette fois-ci, il tenta de modeler la bulle d’eau, pour qu’en gelant, elle prît la forme d’un pic. Il s’étonna lui-même de la facilité avec laquelle il put façonner la glace. Il avait peut-être de l’avenir dans la sculpture.
Au lieu de se briser en une infinité de petits glaçons, le pieu long d’un bon mètre pénétra presqu’intégralement dans le corps de la chimère. N’en demandant pas plus, elle s’écroula en arrière, cracha de petites giclées de sang et fut prise de dernières convulsions avant de s’immobiliser réellement.
Ils dépassèrent le cadavre gigantesque avec un certain soulagement. La présentatrice en profita pour féliciter les candidats :
« Bravo ! Bel exemple de travail en équipe ! Une chimère particulièrement redoutable. On a tous cru un instant qu’on allait assister à une nouvelle émission sans survivant ! Oh, mais regardez, on dirait que le pouvoir de Gérard Niumon n’a pas trépassé en même temps que son propriétaire ! Pardonnez mon humour noir, mais ainsi, sa tombe sera déjà fleurie !»
En effet, le corps du candidat mort écrasé était maintenant recouvert de mousse et des tiges qui ne cessaient de croitre en jaillissaient. Au bout de l’une d’elles, une étrange fleur aux teintes chromées s’épanouissait déjà.
Les trois candidats n’étaient visiblement pas intéressés par la botanique puisqu’ils avaient repris leur course vers la ligne d’arrivée. Ils ne coururent cependant pas très longtemps. Une nouvelle chimère avait fait son apparition sur le chemin. Planant au-dessus du sol à grands renforts de vapeur pressurisée se tenait un serpent métallique géant aux allures de dragon. Il n’avait pas d’ailes, mais les braises rougeoyantes dans son gosier laissaient présager de certains penchants enflammés.
Moins d’efforts avaient été faits sur cette créature pour dissimuler les rouages et pistons qui faisaient fonctionner son corps fantastique. Malgré tout, la chair liait le tout avec un semblant d’harmonie.
Ils n’avaient pas d’eau à proximité. Auraient-ils le temps de retourner au lac pour rééditer leur exploit du pic glacé ?
Le dragon devait émettre de la chaleur puisque l’air sembla onduler devant lui. Ses mâchoires remuèrent comme s’il voulait parler, mais tout ce que Miko perçu était de vagues sifflements de vapeur entrecoupés de silences. La chimère s’avança d’un air menaçant, et le candidat électrique s’interposa. Qu’espérait-il ? Miko aurait bien voulu connaître son nom pour lui hurler de dégager. Cependant, celui-ci avait bien caché son jeu et même enfreint les règles puisqu’il utilisa un pouvoir d’une toute autre nature que l’électricité. Il possédait un mutagène avant de participer à l’émission et c’était strictement interdit – et normalement contrôlé.
Néanmoins, sa capacité pouvait expliquer comment les organisateurs avaient été bernés. Les couleurs se mélangèrent et une série d’illusions jaillit tout autour du dragon. Le pouvoir d’altérer la réalité était non seulement rare et cher, mais également scrupuleusement surveillé puisqu’avec un tel don, manipuler les gens était un jeu d’enfant. Il s’agissait a priori d’un détenteur non déclaré.
Le dragon paraissait bel et bien perturbé par ce qu’il voyait. Ses hallucinations devaient être autrement plus violentes que celles perçues de l’extérieur. Pris d’une folie subite, il se débattit, fit claquer ses mâchoires dans le vide, mordit le sol et frappa aléatoirement de sa queue hérissée.
Malgré le chaos généré par cette attaque, la présentatrice fit une annonce :
« David Spark, vous êtes éliminé ! Ce pouvoir est illégal et a été utilisé abusivement pour participer à l’émission ! Désormais, il ne reste dans la partie plus que deux candidats ! »
Or la chimère ne contrôlait plus ni son corps ni son esprit. Elle fonça droit devant elle en sifflant un vacarme de vapeur. Miko se jeta de côté pour esquiver. La candidate, quant à elle, n’eut pas la chance d’éviter la collision. Percutée à pleine vitesse, elle fut projetée au loin et finit sa course en roulés-boulés comme un pantin désarticulé.
Dans un sale état, le dragon tentait de revenir à l’attaque en rampant, vainement. De là où il se trouvait, Miko pouvait en effet apercevoir la ligne d’arrivée. Même s’il avait subit quelques égratignures, il arriverait bien avant la chimère qui était, elle, bonne pour la casse.
Le ciel serait à lui. Il battrait bientôt des ailes entre les nuages et c’était en affrontant un dragon qu’il les aurait gagnées.
Il passa la ligne d’arrivée, mais, alors qu’il s’attendait à entendre la présentatrice le féliciter, c’est le dragon qui s’adressa à lui. Bien qu’il fût à une bonne centaine de mètres, cette fois-ci, il distinguait chacune de ses paroles :
— Tu m’entends, idiot ?! J’ai l’impression de parler à un mur !
De la fumée noire et épaisse s’échappait d’entre ses crocs rouillés.
— Je t’avais pourtant prévenu qu’ils n’étaient pas comestibles, Michaël !
Pendant un bref instant, Miko crut apercevoir un visage connu à la place de la gueule de la chimère qui paraissait étrangement plus proche.
— Et à cause de toi, continuait-elle, la cocotte-minute a failli exploser ! Je t’avais dit de la surveiller. Mais non ! Il fallait que tu manges ces stupides champignons à tout prix !
Tout autour de Miko semblait onduler maintenant. Les formes se séparaient et s’aggloméraient, si bien qu’il lui sembla, juste une seconde, être avachi dans un canapé face à la télévision. Mais l’illusion s’évapora aussitôt. Cette dragonne – puisqu’elle avait clairement une voix féminine – voulait de toute évidence l’empêcher de gagner des ailes et conserver son statut privilégié de chimère volante. C’était trop tard cependant ! Il avait remporté l’épreuve !
— Pour couronner le tout, je suppose que tu ne comprends rien à ce que je te dis ! Tout ce que tu sais faire, c’est me sourire bêtement ! Tout a cramé, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir manger ?!


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