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Des poèmes de Guy Goffette sur Rimbaud

Par Etcetera

J’ai trouvé ces poèmes sur Rimbaud dans le recueil Un manteau de fortune de Guy Goffette, paru en 2001 aux éditions nrf Gallimard. Ces poèmes font, plus précisément, partie de Blues à Charlestown (puisque c’est ainsi que, par dérision, Rimbaud appelait sa ville natale, Charleville.)

Tous ces poèmes sont des dizains c’est-à-dire des poèmes de dix vers, et, ici, chaque vers est en décasyllabe. C’est donc un rythme basé sur le chiffre dix – mais je ne vois pas de rapport particulier avec Rimbaud dans ce choix, car il n’utilisait pas particulièrement ces rythmes …

(Lettre à l’inconnue d’en face, 2)

Si peu de lumière sur ma table, si
peu que les mots comme fleurs rabougrissent
- et ma chair, si vous n’y portez remède
par saoules salives, si votre ventre
fougueusement ne l’enroule, ma chair
vive et veuve livrée nue chaque nuit
à votre délectation s’en ira
elle aussi pétale à pétale avant
que nous n’ayons trouvé, belle inconnue,
cette bête qui voyage beaucoup.
(Lettre à l’inconnue d’en face,3)

Reconnaissez Madame que mourir
hors du dérèglement de tous les sens
est triste et sans aucun profit (présent
gâché que la vertu, la nuit vient vite
et la plus belle rose est du fumier).
Ouvrez vos ombres votre giron vos
lèvres : le clou du spectacle est en bas
dans la rue où, preste comme une main
sous les robes, le vent réveille les
beaux orages qui nous étaient promis.

Les passages en italique sont des citations de Rimbaud : la "bête qui voyage beaucoup" est le dernier vers du poème "Rêvé pour l’hiver" et le "dérèglement de tous les sens" est un des passages les plus connus de la fameuse Lettre du voyant.



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