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Le paléo festival en six concerts | festival report

Publié le 09 août 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays

juveniles sa13 abuttetbonny 07 LE PALÉO FESTIVAL EN SIX CONCERTS |  FESTIVAL REPORT

 On revient complètement épuisés du Paléo Festival à Nyon (Suisse), ce festival qui accueille, chaque année, 230 000 festivaliers sur six jours et vient de franchir le cap des 5 400 000 spectateurs. On y a vécu toutes les saisons, de la canicule qui a fait cramer nos jolies peaux aux orages et à la pluie dignes d’une exceptionnelle mousson à Phnom Penh. On y a connu un camping plutôt propre à notre arrivée et l’avons laissé sous des airs de campement bombardé par le régime syrien. On a pris des douches glacées après des heures d’attente en plein soleil et on a appris que seulement un festivalier sur dix y passait chaque jour. On a vibré devant Sigur Rós, chanté en choeur, sous la pluie et couverts de boue, avec Patrick Bruel, pris des cours de géopolitique niveau 5ème avec Saez qui portait lui aussi, à la vue de son ventre rempli de bière, un « royal » baby, pris des cours de Guitar Hero avec Carlos Santana et suivi les frasques de Benjamin Biolay sur Twitter.

Mille mercis aux bénévoles au techniciens et au public génial et généreux mais FUCK @PaleoFestival . #cafaitdubien

— Benjamin Biolay (@Benjamin_Biolay) July 28, 2013

On vous raconte tout, en six concerts :

 Arctic Monkeys : de la jeune fougue Shelffidienne au rock de papas

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 Il s’en est passé, du temps, depuis la première fois que l’on a vu les visages joufflus et adolescents d’Alex Turner et sa bande. Les jeunes Sheffildiens ont depuis sorti quatre albums, sont passés sous la patte de Josh Homme et ont dit adieu aux rythmiques de Whatever People Say I Am, That’s Why I’m Not pour se tourner vers du rock bien plus lourd, ambiance désert du Nevada au volant d’une vieille Mustang. Personne n’a donc été choqué de voir le chanteur débarquer en costume, la mèche tombant parfaitement. Lorsque résonnent les premières notes de « Do I Wanna Know ? » les premières groupies qui n’étaient pas encore pubères lorsque les Arctic Monkeys ont été projetés sous les feux de la rampe, trop nombreuses et trop près de la scène, s’extirpent tant bien que mal de la masse chaude, moite et vibrante formée par un public qui n’en pouvait plus d’attendre l’arrivée de ses protégés. Les titres s’enchaînent, comme piochés de manière aléatoire dans toute la discographie du groupe. Alex Turner a, bien heureusement, gagné en assurance au fil des ans et joue désormais avec son public de manière totalement naturelle, palliant ainsi  la rigidité d’un Nick O’Malley qui donne l’impression de monter pour la première fois sur scène à chaque concert depuis 2006. Lorsqu’un festivalier jette un masque d’Ironman sur scène, le leader du groupe le ramasse et chante deux couplets de « Pretty Visitors » avec. Le public est en liesse. Les Arctic Monkeys peuvent s’avouer heureux de posséder un début de discographie aussi bon, car si le public s’oblige à danser sur « Brick By Brick » ou « She’s Thunderstorms« , c’est « Do Me A Favour« , « Crying Lightning« , « When The Sun Goes Down » et autres morceaux datant d’avant Suck It And See qui permettent au groupe d’asseoir sa classe sur toute la grande scène et ses quelques 30 000 spectateurs.

La Femme et Juveniles : la confirmation des frenchies

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 Ils ont sorti un album cette année et ont affolé la presse et les médias à coups de teasers. La Femme et Juveniles ont tout deux joué sous le chapiteau du Détour ce samedi. Les premiers, programmés en même temps que Saez, ont pu bénéficier d’un chapiteau plein à craquer. Vrais fans ou festivaliers cherchant l’ombre (37°C à Nyon ce jour), tous se sont retrouvés devant la scène où les Biarrots ont pu dérouler leur Psycho Tropical Berlin dans un chaos maîtrisé. Les instruments changent de mains, les lumières rouges donnent un aspect berlinois glauque que les pas désarticulés des musiciens ne font qu’amplifier. On voit passer une sitar, le guitariste crowd surfer sur une vraie planche de surf et le chanteur danser avec son clavier posé sur l’épaule. La sauce prend et, dès les premières notes, la foule acclame les jeunes Français au set déjà excellent. Ces derniers sont aussi à l’aise sur scène qu’on les pense à l’aise sur une planche et on sourit lorsqu’ils se mettent à chanter « Au Paléo » sur l’air d’un « Aupa BO » qui rappelle le Sud-Ouest et son océan capricieux.

 Les Rennais de Juveniles ont eu moins de chance que leur compères basques au niveau de la programmation, contraints de partager leur grille horaire avec Kavinsky et… Blur. Mais pas démotivés par le manque de spectateurs pour autant, ils déboulent sur scène dans une ambiance plutôt intimiste et y déroulent un set bien travaillé. Les spectateurs s’amassent au fil des accords claqués sur les Roland. Le jeu est touchant et pop à souhait. Le groupe joue l’intégralité de son premier album, sorti il y a un mois, et les tubesques « We Are Young« , « Strangers » et « Fantasy » ne laissent pas le public indifférent. L’ambiance se réchauffe progressivement durant toute l’heure du show, si bien qu’une fois le quatuor descendu de scène, on ne peut que se regarder dans les yeux, comprenant qu’on vient de prendre une petite claque sans s’en rendre compte et s’en voir le temps passer.

« C’était cool, non ? » – « Graaaaaave ! » (deux festivaliers, dimanche 28 juillet à 02h00, fin du concert des Juveniles)

juveniles sa13 abuttetbonny 01 LE PALÉO FESTIVAL EN SIX CONCERTS |  FESTIVAL REPORT

Crystal Fighters : des percussions au poil(s)

crystalfighters je13 jrattaz 08 LE PALÉO FESTIVAL EN SIX CONCERTS |  FESTIVAL REPORTIl ne fait pas moins de 48°C à l’ombre (du moins, c’est l’impression que l’on a), les bourrasques de vent ne parviennent pas à franchir les collines entourant le site. L’air manque et, alors que le commun des mortels aurait poussé tout être raisonnable à s’allonger à l’abri du soleil et limitant ses mouvements, on part, tout comme deux mille autres suicidaires, s’entasser sous le chapiteau du Détour dans l’attente de voir débarquer les anglo-basco-espagnols de Crystal Fighters. Lorsque Graham Dickson déboule sur scène, il dévoile à la foule un torse velu déjà transpirant. Sebastian Pringle porte, lui, un haut argenté brillant de mille feux qui laisse penser qu’il est totalement imperméable à cette vague de chaleur accablante. Les premiers titres résonnent tel un appel à se trémousser, oubliant la sueur que l’on partage sans gêne avec nos voisins. Gilbert Vierich passe des machines au clavier, de la guitare au txalaparta (percussion traditionnelle basque se présentant sous la forme d’un xylophone en bois et se jouant à deux) sur lequel il frappe avec Graham. Le tempo est élevé et Sebastian saute partout. Les meilleurs titres de leurs deux albums y passent « You & I« , « Swallow« , « Plage« , « LA Calling« ,… Étrangement, alors que le groupe avait déclaré avoir composé Cave Rave de façon à ce que leur musique rende mieux en live, ce sont les morceaux de Star Of Love qui rencontrent le plus franc succès, « Solar System » et « Xtatic Truth » en tête. L’heure de set passée, on ressort en ayant l’impression d’avoir assisté à un show qui en a duré moitié moins et on se demande où est l’arnaque. Mais pas d’arnaque, on vient juste d’assister au meilleur concert du festival, à 18h30, sous un chapiteau de trois mille spectateurs alors que la Grande Scène était réservée à Dub Inc.

Retro Stefson : la découverte

retrostefson ve13 jrattaz 08 LE PALÉO FESTIVAL EN SIX CONCERTS |  FESTIVAL REPORT

Lorsqu’on pense au paysage musical islandais, on imagine BjörkSigur Rós ou encore Of Monsters and Men. Les Retro Stefson ont beau exister depuis 2006 et avoir déjà trois albums à leur actif, c’est lors de l’annonce de la programmation du festival que l’on les a découvert. Affichant un look peu habituel pour des musiciens venant du pays d’Halldór Laxness (l’Islande ne se résumerait donc pas à Jonsi chantant dans les montagnes avec un gros pull en laine ?), le groupe délivre un show haut en couleur, à l’image du clip de leur merveilleuse « Kimba« . Le live est rythmé juste ce qu’il faut pour que la foule se trémousse sans gêne, le sourire au lèvres. On est ravi que cette pop, froide de par ses origines, chaude à l’écoute, franchisse les frontières de la République d’Islande. Le pays, dont la population avoisinerait presque celle de Nice, recèle bien des merveilles ; et Retro Stefson en est une de plus.

Beach House : un peu plus près des étoiles

beach house me24 lflusin 09 LE PALÉO FESTIVAL EN SIX CONCERTS |  FESTIVAL REPORTIls ont réalisé l’un des albums les plus voluptueux, mélancoliques et fous de l’année 2012. Alex Scally et Victoria Legrand ont quitté le Maryland pour quelques « extra » a leur tournée de l’année passée. On vous le dit tout de suite, ils ont joué un set quasi identique à celui de leur tournée, comprenant l’intégralité de Bloom, et les jeux de lumières étaient les mêmes, quoique quelque peu retravaillés. Mais voilà, on avait pris une grosse claque l’année passée en voyant le duo interpréter l’ensemble de cet album complètement fou. Mercredi, on est arrivé devant la scène des Arches complètement lessivés par nos heures de marches, la foule, le concert des Arctic Monkeys et la chaleur qu’il avait fallu subir durant cette longue journée. On se sentait fatigués et sales ; de vrais pantins dans l’attente que quelqu’un joue avec les fils. Lorsque lumière est faite sur les baltimoriens (?) (baltimorois ?) gens sur scène et que les premières notes ondulent, nos yeux brillent et on ne saurait dire si la fatigue en est en partie la cause. Ce qui est certain, c’est que l’ensemble du public a subi la totalité du show. On se dit qu’en 2012 c’était bien mais qu’en 2013 c’est encore mieux. On a un pincement au cœur devant « Lazuli » et « Myth » et tous ces titres que l’on avait plus écoutés depuis plusieurs mois. La voix de Victoria résonne dans nos oreilles tandis que nos yeux sont rivés sur la toile sur laquelle est projeté un ciel étoilé. Beach House est un groupe qui s’enrichit chaque année et nous fait voyager toujours un peu plus loin, toujours un peu plus près des étoiles.

L’édition 2013 du Paléo Festival a tenu toutes ses promesses, même si la programmation journalière a été plus qu’irrégulière. On regrettera d’avoir dû sacrifier BRNS, Skip&Die, Lescop, la moitié de Blur,… alors que l’on a passé des heures à se demander quel artiste pouvait bien nous intéresser sur le moment (la programmation du vendredi et du dimanche étant complètement ratée). On regrettera aussi de n’être arrivé sur le festival que le mercredi, loupant Phoenix, Alt-J, Palma Violets et les 38 minutes de « Like a Hurricane » de Neil Young & Crazy Horse. L’année prochaine sera la bonne, on vous racontera un Paléo en entier. Promis.


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