Le polar, c’est comme le Cha-cha-cha. Il faut que ce soit à la fois gracieux et rythmé, fluide et élégant. Et il est nécessaire d’en maîtriser les figures imposées classiques, les mouvements principaux, avant de trouver son propre style.
De ce point de vue-là, Marco Risi a bien révisé ses gammes : Il s’applique déjà à respecter à la lettre les codes du genre.
Ca commence avec un plan sur un cadavre dévoré par des chiens errants, près d’un aéroport. Qui est-ce? Comment est-il mort et pourquoi? On le saura plus tard… Puis on retrouve le personnage principal, Corso (Luca Argentero) un ancien flic devenu détective privé, qui se voit confier par une cliente, Michelle (fatalement belle, puisque jouée par Eva Herzigova) une banale mission de surveillance. La dame s’inquiète à juste titre des fréquentations de son fils et veut savoir ce que l’adolescent fait de ses nuits.
La mission tourne court quand le gamin est percuté de plein fouet par une voiture. L’accident est brutal et le garçon décède juste sous les yeux du détective, impuissant. Enfin, “accident”, c’est vite dit… Car la voiture responsable du choc ne semble pas avoir freiné avant la collision, et elle s’est enfuie juste après le drame. Corso est persuadé qu’il s’agit d’un meurtre.
Encouragé par sa cliente, il enquête pour faire toute la lumière sur cette affaire. Mais il se heurte à de nombreux obstacles, notamment les pressions venant du beau-père de la victime, Argento (Pippo Delbono), avocat d’affaires puissant soucieux de image médiatique, de ses anciens collègues flics et d’un groupe de jeunes voyous. Cela ne fait que renforcer sa détermination. Le détective privé romain est têtu…
Il découvre que la mort du fils de sa cliente et celle du type retrouvé près de l’aéroport sont liées, et ont un rapport avec des magouilles politico-financières.
La trame est ultra-classique, évoquant entres autres le Chinatown de Polanski, mais Cha Cha Cha tente de se distinguer par la façon avec laquelle l’enquête progresse. Il est question de rapports de forces, d’écoutes illicites, de dissimulation de preuves, éléments utilisés comme moyens de pression à des fins crapuleuses ou comme assurance-vie. Et tous les moyens de communication moderne (téléphone mobile, internet, réseaux sociaux…) sont utilisés pour découvrir la vérité.
Bon, soyons clairs : Cha Cha Cha est un petit polar honorablement ficelé, mais il ne révolutionnera pas le genre non plus. On parlait plus haut de technique de danse, de pas à apprendre et à maîtriser avant de trouver son propre style, celui qui distingue le danseur chevronné de l’amateur du dimanche. Pour poursuivre l’analogie, Marco Risi, lui, n’en est encore qu’au niveau 2 de l’apprentissage. En bon élève, il s’applique à répéter les pas que lui montrent ses professeurs, parfois maladroitement, mais toujours avec envie de progresser. Ce qui est gênant, c’est qu’il possède quand même une filmographie bien fournie, riche de plus d’une douzaine de titres, et que du point cinématographique, il est loin d’être un débutant. On aurait donc eu envie qu’il se lâche un peu, qu’il prenne plus de risques sur la forme, pour trouver un style plus personnel et dynamiser un récit par ailleurs assez mollasson.
Même reproche concernant la direction d’acteurs. Si Luca Argentero et Pippo Delbono sont assez convaincants, le premier en privé pugnace et le second en avocat véreux, on n’en dira pas autant d’Eva Herzigova, qui est certes toujours aussi agréable à regarder, mais qui surjoue chaque scène.
Le résultat global n’est pas honteux, mais on attend quand même mieux de la part du cinéaste. Parce qu’il est expérimenté et pourrait proposer quelque chose de plus audacieux. Et aussi parce qu’il est le fils de Dino Risi, un des maestri du cinéma transalpin. A vous de voir si vous voulez entrer dans la danse…
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Cha Cha Cha
Réalisateur : Marco Risi
Avec : Luca Argentero, Eva Herzigova, Pippo Delbono, Claudio Amendola, Pietro Ragusa, Bebo Storti
Origine : Italie
Genre : polar trop classique
Durée : 1h35
Date de sortie France : 07/08/2013
Note pour ce film : ●●●○○○
Contrepoint critique : A voir à lire
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