Le paysan en deuil du blé
planta sa fourche dents en l'air
entre le sillon et l'ornière.
Il libéra les emmurés :
« Si je n'avais semé que des épouvantails ? »
hésita-t-il en invitant les passereaux
et toutes les divinités qui font ripailles
pendant que l'ingénieur travaille du chapeau.
« Foin des villages ancillaires,
ta moisson s'engrange à l'envers ! »
riaient les fleurs dans les épis
en défiant tous ses outils.
Ce jour-là se vengeant des siècles d'esclavage,
la fourche s'envolait trop haut dans les nuages
et tous les clavelins de son vin de gelée
ne purent épingler le paysan au pré.
Extrait de mon recueil : Le Pétrin de la foudre, éditions Orage-Lagune-Express, 1992.
Ce poème a aussi été publié en ouverture de plusieurs numéros de la revue Le Croquant, notamment le numéro anniversaire des vingt-deux ans de la revue (n°57-58), à l'initiative de son directeur fondateur Michel Cornaton.
Illustrations : fourche prise ici. Clavelin pris ici.