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[critique] Spielberg # 13 : Always

Par Vance @Great_Wenceslas

J’avais vu Always il y a longtemps déjà. Je m’y étais ennuyé ferme.

Mais j’étais jeune alors, et vous savez comme moi qu’on peut facilement changer d’avis, surtout quand on a accumulé des renseignements nous permettant d’envisager une œuvre sous un autre angle. Je ne pensais pas, malgré tout, que mon opinion changerait du tout au tout, mais j’espérais déceler çà et là les éléments indécelables auparavant qui me permettraient de modifier mon jugement.

Ce fut le cas, en partie. Mais en partie seulement.

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Jusque-là, seul 1941 m’était apparu sinon mauvais, du moins insupportable ; pourtant je lui pardonnais énormément du fait de l’incontestable enthousiasme investi dans la réalisation de ce film OVNI. Sugarland Express ne m’a pas passionné, mais ce que j’y ai vu m’a suffisamment plu pour que je ne le qualifie pas comme « tache » dans la filmographie, non plus que Empire du soleil, un grand film qui ne m’a pas touché mais auquel je reconnais énormément de qualités.

Dans Always, on retrouve ce qui constituait certains des fondements de 1941: l’enthousiasme, la camaraderie et le respect. Quand a comme moi visionné les précédents films, on n’est pas du tout surpris de retrouver Dreyfuss dans le premier rôle et on repère allègrement les nombreuses références et autocitations qui rythment le métrage, comme cet extrait du Saturday Night Live mettant un Dan Aykroyd hilarant en scène (c’est Dorinda qui le regarde à la télévision). On sourira devant le nom du chat de l’héroïne, Linda Blair, sachant qu’en outre le film dont Always est le remake était regardé par les personnages de Poltergeist (écrit et produit par Spielberg 7 ans auparavant…). L’amour inconditionnel pour le cinéma de ses aînés conduit notre metteur en scène à laisser quelques jolis moments de pur hommage, comme lorsque Ted (Brad Johnson), inspiré par Pete (Dreyfuss) fait une imitation de John Wayne, assez probante d’ailleurs, quand bien même Dorinda (Holly Hunter) le confonde avec Henry Fonda (d’après certaines anecdotes, ce lapsus était une erreur de l’actrice et Spielberg a décidé de le conserver tel quel).

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D’ailleurs, l’une des grandes qualités de ce film réside dans les dialogues : vivants, enlevés, cinglants et bourré de second degré. On avait l’habitude de voir Spielberg parfaitement à l’aise avec les enfants, dans une direction d’acteurs confondante de précision et de chaleur ; il montre ici qu’il est capable de guider ses comédiens avec ce qu’il faut de minutie et de liberté, laissant exploser leur dynamisme naturel. La VO s’avère ici indispensable pour s’en rendre compte : on a l’impression que les acteurs sont choyés, entourés d’un cocon de bien-être qui leur laisse bien assez d’espace pour s’exprimer.

Evidemment, c’est un peu plus délicat pour Audrey Hepburn, dont ce fut le dernier rôle (le million de dollars qu’elle toucha à l’époque fut entièrement reversé à l’UNICEF) : elle apparaît empruntée, un peu rigide, mais dans son sourire espiègle et son regard se révèlent par instants le charme incroyable de la star de My fair lady. Dire que son rôle devait au départ être confié à Sean Connery ! Les autres comédiens, Goodman en tête, sont bluffants d’authenticité, et souvent émouvants.

Reste le film, et c’est là que le bât blesse : malgré des décors impressionnants de réalisme (ils ont tourné dans une véritable base de bombardiers), malgré donc ces dialogues piquants, on n’arrive pas à être emporté par le script. Peut-être en raison justement de la liberté de ton choisie pour retranscrire cette histoire d’amour posthume, qui refuse le moindre artifice (aucun effet lumineux ou sonore n’accompagne les apparitions du fantôme de Pete, qui n’est en fait qu’un humain invisible aux autres, ni transparent, vaporeux ni phosphorescent) et se concentre sur l’intensité des relations entre les êtres (l’amitié entre Pete et Al, la passion de Ted pour Dorinda, l’amour entre Dorinda et Pete). Cela devrait suffire, surtout avec des acteurs pareils. Mais c’est constamment parasité par des pseudo-événements mal gérés, un montage incompréhensible, un humour parfois malvenu et surtout par le manque absolu de subtilité ou de surprise dans les dénouements. Si la délicatesse de la mise en scène évite le piège de la niaiserie qui plombe un titre comme Ghost, elle ne parvient pas à insuffler le quart du débordement d’émotions qui ont fait le succès du film avec Demi Moore. On n’est ni convaincu, ni séduit, ni happé ou même attendri.

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Et c’est bien dommage.

 

Lire également : l’avis de Vladsur son blog.

 

Ma note (sur 5) :

2


 

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Titre original

Always

Mise en scène 

Steven Spielberg

Production 

Amblin & Universal, distribué par UIP

Date de sortie France 

14 mars 1990

Scénario 

Chandler Sprague, David Boehm & Jerry Belson d’après le film A guy named Joe

Distribution 

Richard Dreyfuss, Holly Hunter, John Goodman & Audrey Hepburn

Durée 

122 min

Musique

John Williams

Photographie

Mikael Salomon

Support 

TV

Image 

1.85:1 ; 16/9

Son 

VOst Nicam

Synopsis : Un as des "pompiers volants", Pete Sandich, pilote d'élite et casse-cou invétéré accepte, de devenir un "rampant" sur les instances de sa compagne. Il s'envole pour une ultime mission dont il ne reviendra pas. Quelques mois plus tard, il se réveille dans une forêt carbonisée où l'attend une femme tout de blanc vêtue. Cette bonne fée le renvoie sur terre...


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