Magazine Culture

Pourquoi le 15 août est-il férié ?

Publié le 12 août 2013 par Vindex @BloggActualite
Pourquoi le 15 août est-il férié ?-Ce tableau peint par Michel Sittow vers 1500 représente l'Assomption de la Vierge vers le Ciel-

Le culte de la Vierge Marie : vous y comprenez quelque chose ? 


Comme chaque 15 août, les catholiques du monde entier célébreront bientôt l’Assomption de la Vierge Marie[1]. Du verbe latin assumere qui signifie « prendre » ou « enlever », la fête de l’Assomption rappelle aux croyants qu’à l’issue de sa vie terrestre, Marie, la mère de Jésus, a été « élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme Reine de l’univers (…) »[2]. Ce grand événement de l’année chrétienne nous permet de revenir quelque peu sur la place si particulière qu’occupe la Vierge Marie dans la foi catholique. Beaucoup de stéréotypes ou d’incompréhensions subsistent encore aujourd’hui concernant le culte marial. Cependant, celui-ci n’en demeure pas moins un des piliers sur lesquels s’appuie la doctrine de l’Eglise.   Comment mieux comprendre la place singulière dévolue à la Vierge Marie dans la foi et l’Eglise ? En quoi la fête de l’Assomption synthétise-t-elle l’ensemble du culte marial, si développé dans certaines régions de la Chrétienté contemporaine ?
Le culte de la Sainte Vierge   Voilà ce qu’un catholique peut lire en parcourant son catéchisme « La piété de l’Eglise envers la Sainte Vierge est intrinsèque au culte chrétien. La Sainte Vierge est légitimement honorée par l’Eglise d’un culte spécial. Et de fait, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est honorée sous le titre de « Mère de Dieu » ; les fidèles se réfugient sous sa protection, l’implorant dans tous leurs dangers et leurs besoins (…). »[3].   Si la Vierge Marie fait l’objet d’une vénération toute particulière dans la foi chrétienne (et non d’une adoration, celle-ci étant réservée à Dieu seul), cela s’explique en premier lieu par son titre de « Mère de Dieu ». Ce titre, traduit du Grec Theotokos, a été donné à Marie à l’issue du Concile d’Ephèse (431), concile qui a également défini la double nature du Christ (humaine et divine), ainsi que l’unicité de sa personne (divine). Et, comme Marie a donné naissance à la personne de Jésus, qui est divine, elle est donc « Mère de Dieu ». De ce fait, il n’est pas choquant de donner à Marie le titre de « Mère de Dieu ». Marie n’a pas seulement donné naissance à un homme qui seulement ensuite serait « devenu » Dieu, mais elle portait en son sein un enfant qui, d’après la Sainte Ecriture (récit de l’Annonciation dans l’Evangile de Luc) était le vrai Fils de Dieu de toute éternité.   A partir de ce titre donné à Marie va se développer toute une théologie mariale, qu’on appelle mariologie, qui étudie et réfléchit sur la place de la mère de Jésus dans l’Histoire du Salut (c’est-à-dire dans l’Histoire de Dieu en lien avec l’humanité). Cette théologie mariale se base sur différentes sources, parmi lesquelles on retrouve notamment la Bible, mais également des écrits issus de la Tradition (Pères de l’Eglise, documents conciliaires, etc.). Consécutivement à tous ces travaux et à toute cette réflexion théologique, l’Eglise affirme plusieurs dogmes concernant Marie : Marie est restée vierge ; Marie est l’ « Immaculée Conception » ; Marie collabore au dessein de Dieu pour le monde ; Marie est la « Mère de l’Eglise » ; Marie est notre Mère à tous.   Pourquoi dit-on de Marie qu’elle est la « Sainte Vierge » ? Comme l’affirme le Pape émérite Benoît XVI dans Youcat (catéchisme pour les jeunes), Dieu a voulu que Jésus-Christ ait une véritable mère humaine mais lui seul comme Père : ainsi, Il voulait inaugurer un nouveau commencement venant uniquement de Lui, et non de forces terrestres. En lien avec cette certitude de la foi, la virginité de Marie, qui prête à sourire dans nos sociétés occidentales, n’est pourtant pas une vague conception mythologique dépassée, c’est un élément fondamental et constitutif dans la foi catholique. L’Eglise a toujours affirmé qu’il s’agissait d’une virginité réelle et non symbolique. Remettre en question la virginité de Marie, c’est remettre en question la puissance même de Dieu qui peut absolument tout. Dans l’Evangile de Luc qui relate l’épisode de l’Annonciation, Marie demande à l’Ange « Comment cela va-t-il se faire puisque je suis vierge ? » (Lc 1, 34). L’Ange lui répond ainsi « L’Esprit-Saint viendra sur toi » (Lc 1, 35). De ce fait, la virginité de Marie manifeste bien que Jésus a été conçu dans le sein de sa mère humaine par la seule action de Dieu, sans intervention de l’homme. Né d’une femme sans avoir de père humain, Jésus constitue véritablement un nouveau début dans le monde, suscité d’En-Haut, comme Dieu le voulait.   Mais comment l’Esprit-Saint a-t-il pu agir dans, avec et par Marie ? Cela s’explique par l’ouverture totale de la Vierge à la grâce de Dieu, il s’agit d’un véritable miracle ! Souvent, nos sociétés occidentales sont trop sceptiques vis-à-vis des miracles. Or, ces dernières ne comprennent pas que pour qu’un miracle puisse avoir lieu, le bénéficiaire doit au préalable être détenteur d’une foi solide. La foi précède le miracle, tout comme celui-ci la conforte par la suite. Marie, elle, possédait une foi telle qu’elle ne doutait en rien de l’existence et de la puissance de Dieu. Voilà pourquoi en elle, Dieu a pu accomplir par l’opération du Saint-Esprit LE miracle par excellence : l’Incarnation (le fait qu’en Jésus, Dieu se fasse homme). L’évangéliste Luc relate bien cette confiance à laquelle Marie s’abandonne au terme du récit de l’Annonciation, lorsqu’elle dit à l’Ange « Je suis la Servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » (Lc 1, 38). Ainsi, qualifier Marie de « Vierge », c’est reconnaître en elle la puissance agissante de Dieu à travers les hommes qui s’abandonnent vraiment à sa confiance.   La Vierge Marie n’a pas été choisie au hasard par Dieu pour mettre au monde Son Fils. L’Eglise croit et proclame que dès la création du monde, Dieu l’avait choisie pour porter en son sein le rédempteur. Voilà pourquoi l’Eglise enseigne que dès sa conception, Marie a été préservée de la tâche du péché originel : il s’agit là du dogme de l’ « Immaculée Conception ». Très tôt dans l’Histoire de l’Eglise, les chrétiens ont professé l’Immaculée Conception de Marie. Mais, ce n’est qu’en 1854 que ce dogme a officiellement été promulgué par le Pape Pie IX dans la bulle Ineffabilis Deus.   De ce fait, il est légitime de se demander si Marie n’a pas été un simple instrument entre les mains de Dieu… Il est clair que les hommes ne sont pas des jouets avec lesquels Dieu s’amuse, en tout cas pas en théologie chrétienne ! Si Dieu avait par avance choisi Marie pour mettre au monde Son Fils, cette dernière devait encore donner sa réponse librement. Et, c’est librement que la Vierge a répondu à l’Ange « Qu’il m’advienne selon ta parole ». Ainsi Marie, donnant son consentement à la parole divine, est devenue mère de Jésus et, épousant de tout cœur la volonté de Dieu, elle se voua entièrement au dessein du Père éternel pour l’homme et le monde. Voilà pourquoi les Pères de l’Eglise affirment que la Vierge n’a pas été « utilisée » par Dieu comme un instrument passif, mais qu’elle a coopéré au salut des hommes. La rédemption de l’humanité par Jésus-Christ a donc commencé au moment même où Marie a dit son « oui » à Dieu. De ce fait, en donnant librement son consentement dans « l’obéissance de la foi » (Rm 1, 5), Marie s’est livrée totalement à l’œuvre de Dieu et ainsi, elle est devenue pour chaque être humain « la porte du salut ». Saint Irénée, évêque de Lyon au IIIème siècle, résume les choses ainsi dans un de ses écrits, le Contre les hérésies « le nœud noué par la désobéissance d’Eve a été dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la vierge Marie l’a délié par sa foi ». Dans cette perspective de comparaison avec Eve, beaucoup de Pères affirment ainsi que par Eve la mort est advenue, alors que par Marie, c’est la vie qui l’a emporté, d’où un autre titre donné à la Vierge, celui de « mère des vivants ».   Mais pourquoi dit-on de Marie qu’elle est aussi mère de l’Eglise et notre mère ? Ces deux titres sont étroitement liés. En fait, comme l’affirme Benoît XVI dans Youcat[4], Marie est notre mère parce qu’au moment de mourir sur la croix, le Christ nous l’a donné pour mère. Dans l’Evangile de Jean, alors que Jésus est mourant, il s’adresse à sa mère et à son disciple bien-aimé en ces termes « Femme, voici ton fils (…) Voici ta mère » (Jn 19,27). Parlant ainsi, Jésus remet l’Eglise à Marie. Ainsi, la Vierge devient mère de l’Eglise. Et, comme les croyants appartiennent à l’Eglise qui est le Peuple de Dieu sur la terre, alors, de facto, Marie est également notre mère. Et Benoît XVI de préciser « Nous pouvons l’invoquer et lui demander d’intercéder pour nous auprès de Dieu. »[5].
Les expressions du culte marial   Avant d’évoquer les diverses expressions du culte marial, il convient de préciser quelques notions de vocabulaire fondamentales. En effet, trop de stéréotypes, d’erreurs ou de confusions sont issues d’une incompréhension notoire du vocabulaire théologique lié à la Vierge Marie. Tout d’abord, il faut préciser que stricto sensu, le « culte » est réservé à Dieu seul. Il s’agit d’un culte d’adoration. Le « culte » rendu à la Vierge Marie est d’essence différente puisqu’il s’agit d’un « culte » de vénération. Dans la foi chrétienne, le croyant rend un culte à Dieu qu’il adore. Cependant, les catholiques croient également que la Vierge Marie et les saints sont des intercesseurs privilégiés auprès de Dieu, voilà pourquoi ils les vénèrent. Ainsi, le catholique adore Dieu et vénère la Vierge et les saints. Dans sa prière, il peut s’adresser directement à Dieu, ou invoquer la prière de Marie ou d’un saint qui intercède pour lui auprès de Dieu. La vénération rendue à la Vierge Marie n’en demeure pas moins essentielle dans la foi catholique, tant le rôle de la Mère de Dieu dans l’Histoire du Salut est primordial. Le Sub Tuum Praesidium, prière latine du IIIème siècle, exprime fort bien le sentiment que quantité de fidèles entretiennent à l’égard de Marie « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse, Vierge bienheureuse. »[6]. Marie est ainsi un « chemin » qui nous mène à Dieu, une « porte de la foi » comme nous l’avons dit plus haut. Pour la prier ou exprimer leur vénération, les croyants bénéficient d’une grande liberté, tant le registre des prières mariales est large.Comment prier Marie afin que celle-ci soit notre avocate auprès de Dieu et nous mène à Lui ? Le dernier grand Concile œcuménique, le Concile Vatican II (1962-1965) enjoint les fidèles catholiques à prier la Vierge Marie. Dans la constitution conciliaire[7]sur l’Eglise, les Pères précisent que ce culte doit d’abord s’exprimer de façon liturgique, c’est-à-dire au cours d’une célébration communautaire de la foi. Ainsi, l’année chrétienne est ponctuée de différents jours de fête mariale au cours desquels une messe est célébrée en l’honneur de la Vierge, mais toujours dans l’optique qu’elle est un « chemin » vers Dieu, une protectrice spéciale, une avocate privilégiée… Certaines dates du calendrier sont bien connues dans notre Occident chrétien : le 1er janvier est le jour de la solennité de Marie Mère de Dieu ; le 25 mars est le jour de la solennité de l’Annonciation (l’ange Gabriel vient annoncer à Marie sa maternité divine) ; le 15 août est le jour de la solennité de l’Assomption ; le 8 décembre est le jour de la solennité de l’Immaculée Conception ; etc. A l’occasion de chacune de ces fêtes, les croyants célèbrent une étape de la vie terrestre de Marie, ou un aspect de sa personne (l’Immaculée Conception par exemple). De plus, traditionnellement, certains jours de la semaine ou mois de l’année sont dits « consacrés à Marie » : le samedi est ainsi dédiée à la Vierge ; le mois de mai est appelé « mois de Marie » ; le mois d’octobre est qualifié de « mois du Rosaire[8] ». Enfin, il existe de nombreuses prières catholiques dédiées à la Vierge Marie. La plus célèbre est sans doute celle que tous les enfants apprennent en préparant leur Première Communion : « Je vous salue Marie ». A partir de cette simple prière, pétrie de paroles évangéliques[9], différentes « formes » de prière se sont développées dans la Tradition de l’Eglise, comme la prière du chapelet et celle du rosaire. Voilà ce que le bienheureux Jean-Paul II disait à propos de la prière du chapelet « Le chapelet est ma prière préférée. C’est une prière magnifique, magnifique par sa simplicité et sa profondeur… Effectivement, avec en arrière-plan les paroles de l’Ave Maria, ce sont tous les évènements essentiels de la vie de Jésus qui passent devant les yeux de notre âme… ». Une autre prière bien connue dans l’Eglise est celle du Magnificat : cette dernière reprend les paroles mêmes prononcées par Marie dans l’Evangile de Luc, alors que celle-ci vient visiter sa cousine, Elisabeth, pour lui annoncer sa grossesse miraculeuse. Les clercs et les fidèles laïcs qui prient l’office divin prononcent cette belle prière chaque soir, lors de la prière du soir de l’Eglise, les vêpres. La prière de l’Angélus, quant à elle reprend les paroles du dialogue entre l’ange et Marie lors de l’Annonciation : elle peut être récitée le matin, à midi et le soir. Voilà pourquoi les cloches des églises de France retentissent chaque jour, à ces trois moments de la journée. Cette prière est remplacée par celle du Regina caeli entre Pâques et la Pentecôte, prière qui proclame à la lumière des fêtes pascales que Marie est Reine du Ciel. Il existe encore bien d’autres prières, souvent latines, dédiées à la Vierge : toutes expriment à leur façon la finalité ultime de chaque prière, c’est-à-dire le fait de se donner soi-même, en réponse à l’amour de Dieu, à l’exemple de Marie et de son « oui » salvifique pour l’humanité au jour de l’Annonciation. Si nous-mêmes, nous disons « oui » à Dieu comme Marie, alors Dieu aura la possibilité de mener Sa Vie dans la nôtre.

Enfin, au-delà des prières qui expriment la vénération des fidèles envers la Mère de Dieu, il existe encore d’autres manières de mettre en œuvre le culte marial. Cela se vérifie notamment dans les pèlerinages comme à Lourdes, à travers les processions ou d’autres gestes symboliques posés dans la foi.L’Assomption de la Vierge : un beau résumé de la foi mariale…   Ce n’est que le 1er novembre 1950 que le Pape Pie XII proclama officiellement le dogme[10]de l’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie. Ce dogme affirme que n’ayant commis aucun péché, à sa mort, Marie est directement parvenue au Royaume de Dieu, avec son âme et son corps. En effet, Marie n’étant pas souillée par la tâche du péché originel (Immaculée Conception), rien n’obligeait son enveloppe charnelle à attendre la résurrection des corps à la fin des temps[11]. Avant d’être un dogme, l’Assomption de Marie était une croyance populaire reposant sur des traditions et non sur des écrits officiels reconnus par l’Eglise. L’Eglise catholique a finalement considéré que cette croyance était tout-à-fait conforme au dépôt de la foi. En France, la fête du 15 août revêt un caractère spécial, notamment depuis le vœu du roi Louis XIII (1610-1643) qui, en 1638, consacra le royaume à la protection spéciale de la Vierge Marie, dans le but d’avoir un héritier au trône. Depuis lors, les festivités de l’Assomption réjouissent quantité de catholiques et, elles sont surtout marquées par des processions qui drainent toujours beaucoup de monde.   La solennité de l’Assomption synthétise à elle seule une large part de la théologie que l’Eglise a pu développer concernant la Vierge Marie. En effet, Marie est glorifiée dès sa mort, rejoignant Jésus auprès du Père, car durant toute sa vie, elle a été associée de très près aux mystères de la vie de son fils. Ainsi, dans la foi, les catholiques affirment que la Vierge est la « première des sauvés ». Elle monte directement au « Ciel » parce qu’elle est l’Immaculée Conception, parce qu’elle avait été choisie de toute éternité pour porter en son sein le Sauveur et, parce qu’elle s’est abandonnée en toute confiance à la grâce de Dieu, devenant ainsi mère du Christ, et donc Mère de Dieu. La prière d’ouverture de la messe de la veille au soir de l’Assomption est d’ailleurs très éloquente à ce sujet « Seigneur, Tu T’es penché sur Ton humble servante, la bienheureuse Vierge Marie : Tu lui as donné la grâce et l’honneur de devenir la mère de Ton Fils Unique et Tu l’as couronnée, en ce jour, d’une gloire sans pareille ; à sa prière, accorde-nous, puisque nous sommes rachetés et sauvés, d’être élevés avec elle dans Ta gloire. »[12].   Il est intéressant de remarquer que le 15 août, la liturgie honore Marie sous le titre particulier d’ « humble servante du Seigneur ». Alors qu’en Orient et en Occident, depuis les premiers siècles du Christianisme, la Vierge est honorée et célébrée sous les titres les plus variées dont beaucoup proviennent de la Bible, Marie, elle, ne s’en est attribuée qu’un seul : « Servante du Seigneur ». Le vocabulaire du service pourrait aujourd’hui être synonyme d’asservissement et d’aliénation, mais, dans la Bible, il exprime une relation privilégiée avec Dieu. Dieu nomme « serviteur » tout homme qu’Il appelle à collaborer à son plan d’amour pour l’humanité dans la confiance et l’humilité (Is 52). C’est bien de cette manière que la Vierge Marie est servante, parce qu’elle adhère totalement à la volonté divine. Là se trouve la source de sa joie. La foi de Marie est celle-là même du Peuple de Dieu : une foi humble qui s’approfondit à travers les ténèbres et les épreuves de la vie humaine. Et, c’est en raison de cette foi que Marie est proclamée « bienheureuse ». Et c’est précisément du fait de cette foi, de cette fidélité sans faille que Marie est élevée à la gloire du Ciel. C’est notamment ce que rappelle le Père Guy Lescanne dans son livre Petit vocabulaire de Dieu : « Cette élévation de Marie au ciel n’est pas dans la foi de l’Eglise un geste magique. (…) Ce jour-là, nous ne fêtons pas d’abord une nouveauté, mais une fidélité. ». Mais, précise le père Lescanne, avant de contempler la fidélité de Marie envers Dieu, il faut aussi admirer la merveilleuse fidélité de Dieu envers sa servante, car avant que Marie ne prononce son « oui » à Dieu, il fallait bien que Dieu prononce son « oui » à Marie (en la choisissant…). Il est évident que l’Annonciation annonce déjà l’Assomption de la Vierge, car « c’est dès l’Annonciation que Dieu a dit « oui » à Marie, a proposé à Marie de la prendre avec Lui, dans la mesure où elle se laisser librement habiter par son amour. Et, à la Visitation, c’est cette joie de Dieu qui habite le cœur de Marie et qui déborde dans le Magnificat. Dieu continue à la « prendre avec lui » (…) » poursuit le père Lescanne. Pour les catholiques, la Vierge Marie, « Mère de Dieu », est un modèle de foi à imiter et une avocate bienveillante sous la protection de laquelle de nombreux croyants se réfugient. Voilà pourquoi dès les premiers siècles du Christianisme, l’Eglise a favorisé l’émergence d’un culte spécial, de vénération, en l’honneur de celle par qui le Salut est arrivé jusqu’à nous (le Christ, Fils de Dieu, deuxième personne de la Trinité). Si quantité de stéréotypes et d’incompréhensions entourent encore aujourd’hui le culte marial, cela est sans doute le fait d’une trop grande ignorance religieuse et, parfois, d’une volonté de trop rationaliser ce qui vient d’En-Haut. Il n’empêche que théologiquement, le culte marial est en parfaite cohérence avec l’ensemble du dépôt de la foi : tout se tient ! De plus, l’exemple de Marie est une réelle invitation à l’abandon de la foi : saint Luc et la Tradition de l’Eglise nous redisent que cette proposition d’être pris avec Dieu, proposition d’Assomption, nous concerne. A nous de donner une réponse, librement (car Dieu n’impose jamais rien), de nous ouvrir comme la Vierge à la confiance, à la tendresse et à la fidélité de Dieu, afin que nos vies éclatent en un vibrant chant d’action de grâce et de joie.Emmanuel ECKER.


Sources : P. Guy Lescanne, Petit vocabulaire de Dieu, Salvator, 2010, Paris.Catéchisme de l’Eglise Catholique, Centurion/Cerf/Fleurus-Mame/Librairie éditrice vaticane, 1998, Paris.Catéchisme de l’Eglise Catholique, Abrégé, Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, 2005, Paris.Youcat (Catéchisme de l’Eglise Catholique pour les jeunes), Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, 2011, Paris.Le Concile Vatican II, Edition intégrale définitive, Cerf, 2010, Paris.Missel romain (livre liturgique)Wikipédia



[1]  A ne pas confondre avec l’Ascension de Jésus au Ciel qui, dans le calendrier liturgique, a lieu 40 jours après Pâques.[2]  Article n° 966 du Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC).[3]  Article n° 971 du CEC.[4]  Article n°85 du Youcat.[5]  Ibid. [6]  Antienne mariale, Prière du temps présent, office des complies.[7]  Une constitution conciliaire est un document écrit issu d’un Concile, rédigé par les Pères conciliaires, c’est-à-dire les personnes mêmes qui ont participées au Concile. [8]  Le Rosaire est un type de prière mariale qui consiste à méditer les mystères de la vie du Christ en récitant cinq chapelets.[9]  Les paroles de la célèbre prière du « Je vous salue Marie » sont tirées du récit évangélique de la Visitation chez Luc.[10]  Dans l’Eglise, un dogme est une affirmation de foi considérée comme fondamentale, incontestable et intangible, c’est un « chemin » qui facilite au croyant l’accès auprès de Dieu.[11]  Constitution Munificentissimus Deus, 1er novembre 1950.[12]  Missel romain, messe de la veille au soir de l’Assomption.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Vindex 2241 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines