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Elliot Maginot : "on ne choisit pas vraiment le genre de chansons qu’on écrit"

Publié le 12 août 2013 par Swann

Nous vous parlions il y a quelques jours d’Elliot Maginot, ce jeune artiste canadien qui, nous a fait fondre avec son premier E.P. Nous avons voulu en savoir plus sur l’auteur, son parcours, son rapport à la musique. Interview avec un songwriter à l’avenir plus que prometteur.

Peux-tu nous parler de ton parcours avant d’être musicien ?

J’ai un parcours somme toute assez banal… Je viens d’une petite ville agricole au sud de Montréal. Je suis allé à l’école sans vraiment trop m’y plaire…J’ai étudié le violon classique un temps…Et puis je me suis demandé quoi faire de mon existence comme la plupart des adolescents…J’ai fait une très brève tentative en étude littéraire à l’université, que j’ai vite abandonné… Et c’est à peu près à ce moment que je me suis mis à écrire des chansons…

Tu es originaire de St-Hyacinthe, pourquoi avoir bougé vers Montréal ? Que t’apporte cette ville?

Et bien Saint-Hyacinthe est une ville d’à peine 50 000 habitants. Et même si de gros efforts sont fait pour entretenir une vie culturelle diversifiée, disons qu’on en a fait vite le tour.. Et puis Montréal, c’est Montréal… Sans verser dans le chauvinisme, c’est vraiment une ville incroyable. Pour la bouffe, les gens, le cinéma. Et surtout pour la scène musicale indépendante absolument formidable…Cette ville est une source d’inspiration et d’énergie incroyable.

Qu’est-ce qui a déclenché ce besoin de faire de la musique ?

Je ne sais pas exactement ce qui a déclenché ce besoin mais ce que je sais, c’est que le sentiment d’accomplissement et de paix intérieur que j’ai ressenti en écrivant ma première chanson, je n’ai jamais réussi à l’obtenir autrement. Le problème que cette plénitude n’est que de très courte durée. Alors il faut recommencer, toujours. C’est littéralement comme une drogue. Je ne sais pas si cela est très sain, mais mon niveau de jouissance de la vie en général dépend de mon succès (ou insuccès) à obtenir ce sentiment de paix par l’écriture…

Elliot Maginot – Matt Joycey

Tu as lancé ton myspace en 2011, mais tu n’as sorti ton premier E.P qu’en juin dernier, pourquoi avoir pris autant de temps ?

En fait le E.P. est sorti via Indica en juin dernier, mais il est sorti depuis un temps déjà! En fait, c’est pour la suite que je prends mon temps. J’ai extrêmement hâte de commencer à enregistrer l’Album!

j’avoue qu’en tant que consommateur de musique, j’ai tendance à aller vers les trucs un peu plus sombres ou tristes

Comment as-tu composé cet E.P ? Qu’est-ce qui t’inspire ?

Ce E.P. à vraiment été une école pour moi. En fait avant d’écrire ces chanson, je ne faisais que vaguement gratter la guitare. J’ai vraiment appris à jouer de manière plus sérieuse pour pouvoir jouer ces chansons que j’avais en tête. J’ai appris à travailler les harmonies vocales et j’ai appris à me débrouiller avec un logiciel d’enregistrement et un micro de mauvaise qualité! Cela a vraiment été un travail excitant parce que tout était nouveau et un peu compliqué! Malheureusement, je devrais perpétuer le cliché du songwritter solitaire et torturé! J’ai écrit ces chansons durant une période assez recluse de ma vie où j’avais beaucoup de difficulté à gérer mes relations avec les autres, que ce soit amoureuses, amicales ou familiales et où j’ai donc réduit mes contacts extérieurs au minimum. Alors je dirais que le thème central de ce E.P. c’est la difficulté à être un humain dans une mer d’humains…

Est-ce que pour toi, les chansons mélancoliques voire tristes sont plus simples à écrire ?

Non, je ne dirais pas ça.. J’aurais tendance à dire, et vous me pardonnerai un autre cliché, qu’on ne choisit pas vraiment le genre de chansons qu’on écrit. Ou peut-être que je dis n’importe quoi. Mais je sais que chaque fois que j’ai tenté d’écrire une chansons "plus comme ceci ou plus comme cela" c’était nul et faux… Bien sûr que j’ai un genre d’écriture qui tend vers la mélancolie mais ce n’est pas une fatalité. Et j’avoue qu’en tant que consommateur de musique, j’ai tendance à aller vers les trucs un peu plus sombres ou tristes…

être signé sur la même étiquette qu’Half Moon Run, entre autres, est un honneur immense!

Comment as-tu été repéré par Indica ? Qu’est ce que ce label représente pour toi ?

Tout cela est arrivé par le plus grand des hasards. Je suis allé faire un mini-show dans une petite ville éloignée et Kyria, l’une des propriétaires d’Indica était là avec un autre artiste d’Indica, Colin Moore. Elle m’a vu jouer. Elle est venue me voir après le spectacle. Deux jours après, j’étais dans les bureau d’Indica. Et puis voilà. Je suis content que cela ce soit passé façon "vieille école" plutôt qu’à cause d’un "buzz" internet ou quelque chose du genre! D’ailleurs, c’est pour cela que j’adore ce label. C’est un label établi depuis longtemps avec une sacrée réputation mais qui n’est jamais devenu une "machine". C’est un groupe de personne infiniment gentilles et drôles qui sont là pour l’amour de la musique. Ils sont là pour me donner des conseils mais au final, c’est toujours l’artiste qui a le dernier mot. Je crois que la liberté artistique est très importante pour eux. Et puis c’est la maison de disques de tellement d’excellents artistes! D’être signé sur la même étiquette qu’Half Moon Run, entre autres, est un honneur immense!

Bon Iver est une de tes principales influences, qu’est-ce que tu apprécies chez lui ? As-tu écouté ses side-project, comme Volcano Choir ?

Et bien, j’adore les artistes qui ont un son propre. Bien évidemment j’ai eu le coeur brisé en écoutant son premier album. Un des plus beaux que je n’ai jamais entendu. Il s’est ensuite complètement renouvelé pour son deuxième album éponyme. Et il est indéniable qu’il a gardé le son "Bon Iver" tout en prenant une toute nouvelle direction musicale. Je le trouve extrêmement créatif. J’ai aussi adoré Unmap de Volcano Choir et j’ai très hâte d’écouter le nouvel album qui devrait sortir bientôt. J’ai aussi bien aimé Gayngs, un autre groupe duquel il fait parti.

Quels sont les autres artistes qui t’ont marqué musicalement parlant ?

Si on passe outre les monstres sacrés du folk, je dirais que les deux artistes plus contemporains qui m’ont le plus marqué sont Bright Eyes et the Tallest Man on Earth. Conor Oberst (Bright Eyes) a lui aussi cette capacité à explorer plusieurs genres musicaux et d’être toujours extrêmement pertinent et touchant. Et the Tallest Man on Earth est carrément un génie. La grande majorité de ses chansons sont seulement guitare et voix mais il arrive à être tellement profond et créatif. Il a vraiment écrit les plus belles chansons que je n’ai jamais entendu.

Pourrais-tu par exemple me donner cinq albums qui ont une influence majeure sur toi ?

"I’m wide awake, it’s morning" de Bright Eyes, The wild Hunt par The Tallest Man on Earth, For Emma, Forever Ago, Bon Iver, Blonde on Blonde de Bob Dylan, Yankke Hotel Foxtrot de Wilco.

Beaucoup d’artistes canadiens sont très appréciés en France, qu’est-ce qui explique selon toi l’amour que la France porte aux groupes canadiens ? Et qu’est-ce qui explique aussi que beaucoup de Français décident de vivre à Montréal ?

Et bien, cela est seulement ma lecture de la situation et je peux me tromper mais je crois qu’il y a en ce moment, un climat politique et social dans lequel la jeunesse français ne se reconnait plus. La montée de la droite et du conservatisme a dû en dégoûter plusieurs. Je crois que les années Sarkozy ont été très dures et que Hollande est loin d’être l’homme de la situation. De toute façon le cynisme politique et la perte de confiance envers nos supposés leaders est un phénomène mondial.

Venir jouer en France, c’est quelque chose dont tu as envie ?

J’en rêve, bien sûr! Je ne suis jamais sorti d’Amérique du nord. Et il est clair que la France sera une de mes premières destinations si cela est possible un jour!

Tu parles français et anglais, mais tu ne chantes qu’en anglais ? Pourquoi ce choix ?

En fait il y aura fort probablement une chanson en français. Mais encore une fois, chanter en anglais, ce n’est pas un choix. Cela arrive, c’est tout. Quand j’écris, je pense en anglais. Probablement à cause de mes influences musicales. Mais j’ai beaucoup de difficulté à écrire de bons textes en français. Et je considère les textes aussi important que la musique. Peut-être qu’un jour, mon écriture tendra naturellement vers le français mais pour l’instant ce n’est pas la cas…

Quels sont les artistes québécois que tu recommandes à RockNfool ?

Il y en a des tonnes. Pour commencer , je dirais Mak, Emilie & Ogden, Fire∕Works, les Soeurs Boulay!

Propos recueillis par Sabine Swann B.


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