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Billet de Maestitia, par Myriam Ould-Hamouda…

Publié le 12 août 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

 Juillet 2012.  L’été commence à pointer le bout de son nez.  La ville se vide, petit à petit, délaissée parBillet de Maestitia, par Myriam Ould-Hamouda… ces juilletistes trop pressés.  Le temps se ramollit.  Les foulées s’alanguissent.  La vie bat un tempo apathique.  Boum.  B-o-u-m.  B—o—u—m.

Entre ses quatre murs, la fille fait les cent pas.  Cette pause dans l’existence ne lui plaît guère.  Ce stand-by forcé l’angoisse, en réalité.  Ça manque de chemins accidentés.  De ruelles perdues.  De rencontres impromptues.  D’accolades débauchées.  De plaisirs qui rendent fous.  Ça manque de tout.  Tout ce qui fait vibrer.  Tout ce qui rend à la vie.  Ça manque de vie.  Mais le monde reste sourd à ses cris étouffés, et ne semble pas vouloir provoquer le destin pour réveiller enfin la folie.

Ce sera seule, donc, qu’elle déterrera la hache de guerre.  Qu’elle plongera dans l’aventure Un peu d’on mais sans œufs.  Un blogue.  Un fil sur la toile.  Une page dans ce livre infini.  Pour partager avec le monde ces mots enfouis en elle.  Pour faire un coucou, au hasard.  Un coucou au passant égaré.  Un coucou éphémère.  Ou un peu plus long, peut-être.  Combien de temps… Combien de temps tiendra-t-elle ainsi, le point levé, le sourire aiguisé ?  Combien de temps, avant le prochain orage ?  […]

Août 2012.  Avant que l’orage n’ait eu le temps de pointer à son tour le bout de son nez, le hasard vient frapper à sa porte.  Toc, toc, toc.  Elle se lève brusquement de cette heure trop molle.  Se dirige vers la porte.  Presse sur la poignée.  La porte grince.  S’ouvre.  Doucement.  Vous avez reçu un message venant de la page contact de votre blogue : « J’aime ce que vous faites.  J’aimerais bien publier un texte de vous dans le magazine électronique Le Chat Qui Louche ».  C’est un chat.  Un tout petit chaton.  Qui vient, par hasard, de s’égarer ici.  Et qui aura aimé la gamelle qui y traînait par terre. La fille esquisse un sourire.  C’est qu’il serait attachant, ce félin au strabisme divergent qui miaule des mots doux.  Des mots semés qui font chaud au cœur.

Mais ce sourire, soudain, mute.  La fille emprunte le grand huit de la vie, le trampoline de l’émotion : euphorie, stress, inquiétude, accalmie, peur, allégresse, angoisse.  Etc. Le chaton n’est finalement pas si petit.  Peut-être même beaucoup trop grand.  Et si les gamelles qu’elle pourrait lui proposer ne le rassasiaient pas ?  Et si les caresses qu’elle saurait lui adresser n’étaient pas assez douces ?  Un chat, après tout, c’est indépendant.  Libre.  Tellement libre.  Il peut rester là, tout près de toi, le temps qu’il voudra.  Et puis partir, du jour au lendemain, sur un coup de tête.  Comme ça.  Explorer d’autres horizons.  Et s’il décidait déjà de partir demain, ce chat-là ?  […]

Août 2013.  Ni les orages ni les tempêtes n’auront eu raison d’elle.  La fille au Chat.  Ce chat qui est resté, depuis un an déjà.  À ronronner sur ses genoux.  À hérisser le poil, quelquefois.  Mais qui, depuis un an déjà, est encore là. Auprès d’elle.

Elle ignore pourquoi.  Pourquoi il est toujours là. Pourquoi il ronronne encore, depuis, à chaque gamelle bricolée, à chaque caresse maladroite. Elle ignore pourquoi il est encore là.  À ses côtés.  Elle qui doute, à chaque gamelle, à chaque caresse.  C’est bon, Minet ?  Tu aimes, Minet ?  Qui peine à interpréter ses miaulements, parfois.  Non, mais je peux faire te faire autre chose si tu veux, tu sais !  Attends, Minet !  Mais ce qu’elle sait, c’est qu’à ses côtés, elle a grandi.  Comme elle n’aurait jamais grandi, s’il n’avait pas griffé sa porte, ce jour-là.  Indubitablement.  À s’obliger à varier les plaisirs de la gamelle.  À explorer d’autres horizons.  Encore.  Toujours.  Pour plaire au Chat.  À ce chat-là.  Pour chaque nouveau rendez-vous.  J’ai testé une nouvelle recette, Minet, tu en penses quoi ?  À se remettre en question quand le chat faisait la moue.  À rejoindre les nuages quand le chat ronronnait enfin.  Avançant, toujours.  Un regard bienveillant par-dessus son épaule.  Un regard-bouclier.  Un regard aiguisé.

Voilà un an.  Un an déjà.  Que leur chemin s’est croisé.  À la fille et au Chat.  Pour un instant et plus si affinités.  Et affinités il y a eues, depuis.  De miaou en miaou.

Billet de Maestitia, par Myriam Ould-Hamouda…
La fille, à nouveau, sourit.  Elle a su l’apprivoiser, finalement, ce chat-là.  Lui qui est resté, là, sur ses genoux.  Depuis un an déjà.  Mais ce sourire, à nouveau, mute.  La fille emprunte le grand huit de la vie, le trampoline de l’émotion : euphorie, stress, inquiétude, accalmie, peur, allégresse, angoisse.  Etc. Et si les gamelles qu’elle pourrait lui proposer l’année à venir ne le rassasiaient plus ?  Et si les caresses qu’elle saurait lui adresser l’année prochaine n’étaient plus assez douces ?  Un chat, après tout, c’est indépendant.  Libre.  Tellement libre.  Il peut rester là, tout près de toi, le temps qu’il voudra.  Et puis partir, du jour au lendemain, sur un coup de tête.  Explorer d’autres horizons.  Et s’il décidait déjà de partir demain, ce chat-là ?  […]

Note de l’auteure : Merci à Monsieur Alain Gagnon, pour cette rencontre-là, pour ces mois, cette année qui ont suivi. Pour ces orages esquivés.  Miaou.

Note du Chat : Chère Myriam, c’est grâce à des collaborateurs et à des collaboratrices comme vous que Le Chat existe.  Merci.

Notice biographique

Billet de Maestitia, par Myriam Ould-Hamouda…
Myriam Ould-Hamouda (alias Maestitia) voit le jour à Belfort (Franche-Comté) en 1987. Elle travaille au sein d’une association pour personnes retraitées où elle anime, entre autres, des ateliers d’écriture.

C’est en focalisant son énergie sur le théâtre et le dessin qu’elle a acquis et développé son sens du mouvement, teinté de sonorités, et sa douceur en bataille — autant de fils conducteurs vers sa passion primordiale : l’écriture. Elle écrit comme elle vit, et vit comme elle parle.

Récemment, elle a créé un blogue Un peu d’on mais sans œufs, où elle dévoile sa vision du monde à travers ses mots – oscillant entre prose et poésie – et quelques croquis,  au ton humoristique, dans lesquels elle met en scène des tranches de vie : http://blogmaestitia.xawaxx.org/

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https://maykan2.wordpress.com/)


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