Magazine Culture

Frederic mars : interview exclusive !

Par Geybuss

http://www.vampires-sorcieres.fr/images/upload/auteurs/zoom/frederic_mars.jpg   Ces derniers mois, sur ce blog, vous avez pu lire mes chroniques sur deux thrillers de Frédéric Mars, et deux coups de coeur pour moi :

Non Stop  et le récent Le Manuel du Serial Killer, deux romans parus aux éditions Black Moon chez Hachette.

http://www.babelio.com/couv/27829_aj_m_2645.jpeg

Cela fait un moment que je ne m'étais pas frottée à l'exercice de l'interview, et Frédéric Mars a accepté de suite de jouer le jeu, avec un délai de réponse franchement rapide

FREDERIC MARS : INTERVIEW EXCLUSIVE !

Voici donc les secrets les plus terribles de Frédéric Mars !

   Devient on auteur de thrillers parce que l’on est tombé petit dans la marmite, parce que l’on ne trouve pas de thriller à son gout ou pour exprimer la part obscure qui est en soi ?!

FM : Sans doute un peu de tout cela réuni. Mes raisons conscientes sont presque plus techniques : j’aime la mécanique narrative des thrillers, leur tempo. Je l’ai appliquée à d’autres sujets mais, à force, j’ai eu envie de l’explorer dans son « jus » naturel, c’est à dire de purs romans noirs

Sans vouloir vous graisser la patte, je dirais que l’intrigue de Non Stop tient du génie. Quelle est la genèse d’une idée aussi diabolique ? Si ce roman s’était déroulé sous l’administration Bush et non Obama, l’issue aurait elle était la même ?

FM : L'idée m'est venue assez simplement, d'une brève publiée début 2010 par le quotidien anglais le Daily Mail, qui rendait compte d'une découverte du MI5, les services secrets britanniques. On y apprenait que des chirurgiens d'origine pakistanaise avaient été formés à l'étranger pour poser des implants mammaires piégés sur des femmes kamikazes. Ou d'autres types de prothèses piégées. Je n'ai eu qu'à imaginer ce que cela pourrait donner si ces implantations se faisaient à l'insu de ces mules explosives, et à grande échelle.

Sans doute pas. Le fait que mon président des États-Unis soit un démocrate, plutôt progressiste et soucieux de réformer le dispositif sécuritaire mis en place par Bush après le 11 septembre joue pour beaucoup dans le traitement du sujet. Avec Bush aux commandes, la riposte aurait sans doute été bien plus radicale, et violente !

  Comment imagine t-on l’inimaginable ? vous ne vous faites pas peur quand vous vous relisez en constatant ce que vous avez écrit ?

FM : Non, car je suis emporté par mon sujet, je vis avec, je le prends de plein fouet, comme si j’étais immergé dans les situations que je décris. Donc, hormis pour des détails de technique narrative ou d’écriture, je n’ai pas tant que cela le loisir de prendre de la distance avec mon sujet, une fois que la machine est lancée !

Le manuel du serial killer fait l’effet d’un véritable coup de bluff sur le lecteur. Y –a-t-il une recette infaillible pour cuisiner le bluff, quels sont les ingrédients ? Comme la mayo, y a-t-il un risque que le bluff ne prenne pas ?

FM :   Vous avez raison, c’est un savant dosage. Et on a beau se relire cinquante fois, on n’est jamais certain que la « mayo » a pris comme il le fallait. Et ce pour une bonne raison : dans le bluff, le lecteur apporte au moins 50% de l’effet de sa réussite. Donc tout dépend de sa propre culture, et de sa capacité à anticiper ou non certaines choses. Et comme moi, auteur, je n’écris que pour UN lecteur potentiel, et pas des milliers de lecteurs différents, il est impossible de régler ça de manière parfaite. C’est pourquoi certains adhèrent à cette fin si particulière, et d’autres pas du tout.

Non Stop est une bombe immédiate et multiple.... le Manuel du Sérial Lecteur une bombe à retardement... Et pourtant la perversion et le sentiment de manipulation y sont plus forts, selon moi. Etes vous d’accord avec ma vision des choses ? La perversion est elle particulièrement difficile à traiter en littérature ?

FM : Non Stop est plus immédiat, plus frontal, une sorte de course à l’énergie. Le Manuel repousse ses effets au maximum, et pousse le lecteur dans ses retranchements (Ai-je bien compris ? Pourquoi telle incohérence ?).

Non, la perversion n’est pas facile à traiter. Raison pour laquelle j’ai voulu mettre en scène un personnage qui s’interroge lui-même sur sa propre perversion, et le lecteur avec lui. Ca m’a semblé le meilleur dispositif pour impliquer le lecteur dans cette investigation.

Comme quelques autres auteurs français, l’action de vos romans (en tous cas les deux cités ici) se déroule aux États-Unis. Pourquoi ? De telles intrigues sont elles inenvisageable sur le sol français ?

FM : Dans les deux cas, il y avait des raisons narratives très concrètes. Pour Non Stop, il me fallait un pays déjà traumatisé par une attaque terroriste majeure. Quoi de mieux alors que les Etats-Unis post 11 septembre ?

Quant au Manuel, les lecteurs le verront par eux-mêmes, mais j’avais besoin d’un pays où la peine de mort est encore applicable, et où le phénomène des serial killers constitue une véritable culture populaire à part entière. Dernière raison, très technique : les US sont l’un des rares pays à disposer de centres psychiatriques fédéraux qui soient aussi des pénitenciers. Là aussi, les lecteurs comprendront…

Un lecteur de thriller à tendance à accélérer son rythme de lecture lorsque la le dénouement approche ? Est-ce le cas pour le romancier au sujet de son écriture : Excitation, ou attention puissance dix, ou regret de se séparer de personnages ?

FM :  De l’excitation, bien sûr. Des regrets aussi. Mais aussi un peu d’inquiétude et de fébrilité, car dans un thriller le dénouement est capital. Et puis, cela est vrai pour tout roman, thriller ou non, la fin est souvent un peu plus difficile à écrire. On ne sait pas bien comment quitter ses personnages et ses lecteurs. On est plus fatigué. Donc cela demande des efforts et une vigilance accrus.

Quel est le thriller que vous vous auriez aimé écrire... mais dommage, quelqu’un a eu l’idée avant vous ?!

FM :  Il y en a tellement ! Récemment, je dirais, Avant d’aller dormir, de Steve Watson chez Sonatine.

A quoi ressemble une journée type avec Frédéric Mars l’écrivain ? (une manie d’écriture en scoop serait la bienvenue !!!!)

FM : Je n’ai pas de manie particulière. Je suis juste très régulier et discipliné. J’écris tous les jours ou presque, du matin 8h30 ou 9h jusqu’à 18h, avec une pause le midi, y compris 20mn de sieste avant de reprendre dans l’après-midi. Si j’ai autre chose à faire dans la journée, je n’écris pas. Je n’arrive pas à me lancer juste pour une heure ou deux. Il faut je fasse chauffer la « machine » et que je m’immerge. Alors je suis 100% dedans. Mais je ne peux pas combiner dans la même journée un rendez-vous, une interview, un peu de loisirs, et un peu d’écriture.

Par ailleurs, je ne peux travailler que dans le calme absolu, et en particulier sans musique, même si je sais que beaucoup de mes confrères l’apprécient en fond pour travailler.

 

 

Quel lecteur êtes vous ? Quels sont vos 3 derniers coups de cœur littéraires ?

FM : Je suis un butineur, sans genre ni auteur fétiche. Je suis curieux de tout, et je peux passer d’un roman classique, à un contemporain très littéraire, en passant par de la SF ou du polar. Si vraiment on me cuisine sur mes auteurs favoris, je réponds généralement : Modiano, Kafka, Philip K. Dick.

Là comme ça de tête, je ne peux qu’en citer un seul : « D’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère, lu il y a peu, longtemps après sa sortie. 

http://bullies.b.u.pic.centerblog.net/b6da7967.gif
 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Geybuss 1558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines